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«< sûre étude est celle du bonheur de leurs peuples. Son histoire est une leçon pour se con<< vaincre qu'il n'y a pas de despotisme contre lequel on ne puisse avoir recours.

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« Ceux qui souhaitent de s'élever sur les <«< ruines d'autrui, apprendront pareillement « que si l'ambition est capable d'élever un << homme des régions les plus basses, elle peut «< aussi le précipiter des éminences les plus «< élevées. »

CHAPITRE X.

Rentrée du roi Joseph en France. Traité de de Valançay sur la restitution de Ferdinand VII au tróne d'Espagne.

QUELQUE temps après la promulgation de la constitution à Cadix, les Anglais gagnèrent, près de Salamanque, la bataille appelée de los Arapiles contre le maréchal Marmont, dont le résultat obligea le roi Joseph de quitter Madrid le 10 août 1812, et de se retirer sur Valencia.

Les partis appelés guerrillas, des provinces de Guadalaxara et de Tolède, prirent possession de Madrid, et mirent le gouvernement politique et l'administration de la justice entre les mains des personnes d'opinion contraire. Les expressions manquent pour peindre avec exactitude l'inhumanité avec laquelle les nouveaux gouvernans traitèrent tous ceux qui avaient été employés par le roi Joseph. Plusieurs gentilshommes, illustres par leur naissance, leurs qualités ét leur état, furent outragés dans les rues de Madrid, au moment qu'on les conduisait au

château du Retiro, où arbitrairement, sans aucun examen, enquête ni procédure, ils fu→ rent enfermés dans des écuries fétides, capables de donner la mort en peu de temps à tous ces malheureux, si le commandant anglais du château n'eût pas montré plus d'humanité pour des hommes dont la seule faute était d'avoir embrassé une opinion tant de fois recommandée et ordonnée par Ferdinand VII, pour éviter les maux à la patrie, et suivie par euxmêmes jusqu'à de certaines époques détermiminées.

Le maréchal Soult évacua les quatre royaumes de l'Andalousie, et fit sa jonction avec le roi Joseph à Valencia, qui retourna à Madrid à la fin d'octobre de la même année 1812; de là vint à Salamanque, d'où le lord Wellington, général en chef des armées combinées, anglaise, portugaise et espagnole, ne se considérant pas assez en force pour livrer bataille, se retira sur le Portugal; et probablement on eût reconquis les quatre royaumes de l'Andalousie, si la guerre de Napoléon contre l'empereur de Russie n'eût produit des résultats opposés, qui, par l'effet d'un hiver plus précoce, contraire à l'expérience des années précédentes, se transformèrent en causes primitives, et furent l'origine de ces grands évène

mens si extraordinaires et presqu'incroyables qui ont eu lieu en Europe.

Napoléon perdit plus de cinq cent mille hommes et cent mille chevaux, tant par le froid, la famine et les marches forcées, que par les différens, combats soutenus dans sa retraite. Il crut réparer sa perte en 1813, par le moyen d'une conscription de trois cents mille soldats, en y ajoutant une grande partie des vétérans de l'armée d'Espagne. Il retira de la péninsule quinze mille soldats de la garde impériale, cinquante mille hommes de troupes de ligne choisies, et ordonna au roi Joseph, ainsi qu'à ses maréchaux, de se tenir sur la défensive jusqu'au moment où, après avoir battu les Russes et les avoir forcés à faire la paix, il pût envoyer de nouveaux renforts pour reprendre

l'offensive.

L'évacuation des Andalousies et des autres provinces sur la rive gauche du Tage, offrit au lord Wellington l'occasion d'inspirer aux Espagnols un espoir qu'ils n'avaient pas encore eu jusqu'alors. Il décrivait la bataille des Arapiles comme le présage de l'expulsion totale des Français; et instruit de la diminution de leur nombre, occasionnée par l'envoi des troupes dans le nord, il tâcha d'augmenter son armée pour se mettre à même d'en imposer au

roi Joseph, et l'obliger de se retirer sur l'Ebre.

Celui-ci avait conservé en l'an 1808 la même position où il se trouvait, près de quatre mois, sans rétrograder un pas, en avançant au contraire plusieurs fois vers le centre de l'Espagne. Il espérait se maintenir de même, et retourner à Madrid dans l'automne, par l'espoir qu'il avait que la paix serait faite avec la Russie, et que l'armée recevrait des renforts: Lord Wellington appréhendant cela, résolut de ne pas laisser écouler un aussi long laps de temps, puisqu'il se trouvait à la tête de troupes suffisantes, remplies d'ardeur et d'enthousiasme, et encouragées par la retraite précipitée de leurs ennemis, qui avait toutes les apparences d'une véritable fuite.

Lord Wellington passa l'Ebre, et livra le 21 juin une bataille décisive à Vitoria, battit complètement les Français, et força le roi Joseph à rentrer en France, où se réfugièrent plus de douze mille familles espagnoles qui craignaient les fureurs de la populace (à la volonté de laquelle le gouvernement était assujetti). Ils préférèrent quitter leur patrie pendant quelque temps, que de souffrir les vexations et les emprisonnemens de l'année précédente (1812), et peut-être même la mort, comme il était arrivé en 1808.

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