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parti, et que par conséquent on prévoyait bien la nature des papiers qui allaient être publiés; jugement que l'expérience confirme par la feuille périodique la Sentinelle de la Manche, qui devrait avoir le titre de la Sentinelle de l'Enfer, si on fait attention aux principes contraires à la doctrine divine du saint Evangile adoptés par son rédacteur, qui est vraiment un monstre indigne du nom de chrétien, et digne seulement d'éprouver lui-même la charité qu'il désire à ceux dont il parle.

Ces deux décrets royaux, datés de Valence, donnaient des idées peu agréables, et inutiles pour la guérison d'une nation malade, dont le médecin, loin d'ouvrir de nouvelles plaies, devait employer tous ses soins à fermer les anciennes, et dans un temps où il importait au souverain de conquérir les cœurs, et non de les aigrir; de rapprocher tous ses sujets, et non de les réduire au désespoir; de régner sur la nation entière, éparse dans les royaumes de l'Espagne, de France, d'Angleterre et de Portugal, sans se contenter de la partie la moins éclairée, et même la moins nombreuse.

Dès l'an 1807, l'expérience commença à faire voir que les confidens de Ferdinand ignoraient les bases de la véritable politique; et main

tenant elle confirme tellement cette vérité que, lorsque nous devions croire la révolution

finie, nous la voyons malheureusement recom

mencer.

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CHAPITRE XV.

Entrée du roi Ferdinand à Madrid.

Le roi Ferdinand entra à Madrid le 13 mai, après son armée qui l'avait précédé. Dans la soirée du 10 au 11, le général commandant avait fait arrêter, par ordre de sa majesté, messieurs les régens Agar et Ciscar, les ministres de la régence, plusieurs membres des cortès, et quelques auteurs de feuilles périodiques. La dissolution du congrès fut notifiée, le monument de la promulgation de la constitution détruit, et un gouvernement absolu établi au nom du roi.

J'ignore les crimes dont les prisonniers se sont rendus coupables; mais, sans chercher à les découvrir, je ferai observer seulement que les Espagnols réfugiés en France remarquaient une opposition de ces procédés et de ceux qui ont du rapport à la censure préalable répressive de la liberté de la presse, avec ce que le roi avait dit dans son décret relatif à la dissolution des cortès, puisque sa haine pour le despotisme, et sa promesse de maintenir la liberté individuelle étaient violées dès le sixième jour

de la date de son décret. Ceux qui pensèrent ainsi, se confirmèrent davantage dans leur opinion, à mesure qu'ils voyaient paraître les autres décrets plus récens.

Le roi Joseph avait supprimé en 1809 toutes les communautés régulières, et adjugé leurs biens au trésor public, pour le paiement de la dette nationale. Une grande partie avait été vendue, et quelques biens se trouvaient entre les mains d'un troisième acquéreur. Les conseillers de cabinet de Ferdinand en étaient bien instruits; et en même temps ils n'ignoraient pas que Louis XVIII avait invariablement maintenu les ventes des biens nationaux en France, comme une mesure politique propre à éviter le mécontentement des personnes intéressées, capable de produire des troubles et renverser l'ordre civil. Il y avait en Espagne des motifs particuliers pour imiter la conduite de Louis XVIII. Plusieurs créanciers de l'Etat avaient été payés en biens nationaux provenans de la suppression des couvens. Ces créanciers. avaient donné des fonds au trésor public dans le temps de Charles IV, et quelques-uns dans celui de Philippe V. Ils avaient des titres légitimes pour le remboursement de la somme principale et des intérêts qu'elle devait avoir produits. La restitution des biens des couvens

aux communautés religieuses détruit le paiement. Mais l'exemple du roi de France n'empêcha pas les ministres d'engager Ferdinand à donner le décret du 20 mai, pour la restitution des biens appartenant aux couvens, sans faire de distinction entre ceux qui étaient vendus, ceux qui ne l'étaient pas, et ceux qui étaient possédés par le premier acquéreur, et ceux qui avaient passé à un troisième; sans rendre le prix de la vente à celui qui l'avait donné de bonne foi, ni rembourser les améliorations qu'on y avait faites. Ce décret fut promulgué sans l'avis des cortès ni du conseil d'état, et sans la sanction d'aucune autorité, avec la volonté seule du ministre, sous le nom du roi, malgré les conséquences terribles qu'il produit contre des milliers d'Espagnols qui ont augmenté le nombre des mécontens, et contre plusieurs Français qui avaient employé des sommes immenses pour les acheter, Quelques Espagnols réfugiés en France avaient pareillement placé leurs fonds dans ces achats, pour augmenter leur patrimoine; et ils eurent à souffrir ce second revers de leur fortune malheureuse.

Bientôt ils durent en supporter un troisième. Les cortès avaient rendu, le 13 septembre 1813, un arrêt sur le crédit public national, en établissant un fonds provenant des revenus des

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