Page images
PDF
EPUB

time pour madame la marquise; et tout le monde croit que l'exception n'a pas eu d'autre source. Il n'est aucun Espagnol qui n'en soit charmé, parce que M. le duc est très-aimable et madame sa mère l'est encore davantage. Plût à Dieu dans chaque classe il que eût un pareil motif pour faire quelque bien!

y

Note 25. Quant aux sergens, caporaux et soldats qui ont suivi les drapeaux de l'intrus ou pris parti dans quelques-uns des corps destinés à faire la guerre à la nation, Sa Majesté considérant que de telles personnes (plutôt par séduction que par méchanceté, et peut-être par force) tombèrent dans le crime; et usant aujourd'hui (jour glorieux de sa fête et comme un souvenir de son heureuse restitution au tróne de ses ancétres) de sa piété naturelle, leur accorde le pardon de la peine qu'ils avaient méritée, et méme une amnistie générale; pourvu que, dans l'espace d'un mois, ceux qui se trouvent dans la péninsule (et de quatre pour ceux qui sont dans les pays étrangers) se présentent, sans avoir commis d'autres crimes que ceux spécifiés dans les amnisties générales, pour jouir de cette grâce, à Sa Royale Majesté ou à quel que capitaine général, commandant de province, gouverneur ou justice du royaume, qui

leur donnera le certificat de s'étre présentés dans le terme fixé; après lequel on procédera. contr'eux d'après les ordonnances, s'ils sont arrétés sur le territoire espagnol. Plus de trente mille Espagnols se rangèrent sous les drapeaux du roi Joseph, non par force ni par séduction, mais parce qu'ayant été fait prisonniers, ils préféraient rester en Espagne. Jamais ils n'ont été destinés à agir contre la nation, puisqu'elle était soumise au roi Joseph. Cadix, Alicante et Carthagène ne composaient point le corps national. Quelquefois ils prirent les armes contre les scélérats espagnols adonnés aux vols et à l'assassinat, connus sous le titre de soldats de guerillas; et de cette manière ils étaient très-utiles à la patrie, sans se rendre criminels. Mais en supposant qu'on les eût considérés comme coupables, la faveur est bien faible pour la célébration du jour glorieux de la première fête du roi et de son heureux rétablissement au trône de ses ancêtres, parce que le terme de la présentation est très-limité. Enfin, si les auteurs de la lettre circulaire avaient l'intention de suggérer au roi la concession de quelque grâce, à l'occasion de ce jour, pourquoi ne pas anti-dater cette circulaire de quelques jours? Ah! que c'est une belle manière de célébrer la fête d'un roi,

que d'accorder des proscriptions! Cette conduite a des caractères de ressemblance avec la condamnation de saint Jean-Baptiste, ordonnée par le roi Hérode; et si les auteurs de la circulaire lisent ce que saint Augustin a écrit à ce sujet, ils pourront s'en appliquer bien des passages.

Je finirai mes observations en priant l'ÊtreSuprême de daigner préserver le roi Ferdinand des malheurs dont son règne est menacé. Sa Majesté commença à régner par les suites d'une sédition dont le roi Charles IV craignit d'être la victime. Sa Majesté perdit sa couronne par la confiance aveugle qu'on lui inspira, sans aucun fondement solide sur les intentions d'un souverain qui ne devait point la faire naître, et contre lequel on lui donna les conseils nécessaires. Sa Majesté est rentrée dans la possession de son royaume sans tenir sa parole sur des promesses faites solennellement dans un traité dont elle recevait les fruits; en emprisonnant et persécutant ceux qui, sous son nom, firent les derniers efforts pour le recouvrement du trône; en proscrivant ceux qui, par obéissance à ses ordres, montrèrent de l'attachement au roi Joseph, attachement plus fai que celui montré par Sa Majesté elle-même, après les avoir abandonnés en Espagne ; en pre

ble

J

nant pour ministres ou conseillers ceux qui, par leurs imprudens conseils en 1808, furent les auteurs de tous les maux; en rétablissant des institutions dont la suppression lui procurait des moyens d'éviter les contributions extraordinaires ; et enfin, en assurant que Sa Majesté déteste le despotisme, en même temps que que ses ministres l'exercent avec une atrocité inouie, barbare et exécrable. Quelle idée peuton se former d'un semblable règne? Je prie, de nouveau, l'Être-Suprême de préserver le roi Ferdinand des malheurs dont Sa Majesté et la patrie se trouvent menacés.

FIN DU PREMIER VOLUME.

« PreviousContinue »