Page images
PDF
EPUB

A l'entrée de la rue de la Chaussée-d'Antin, un trophée gigantesque était surmonté d'un aigle aux ailes déployées.

Sur le boulevard des Capucines, devant la rue de la Paix, quatre colonnes en forme de trophées, ornées de panoplies en fer battu, de chiffres et de drapeaux, sont reliées entre elles par des guirlandes de fleurs. Des drapeaux verts à ornements dorés flottent à leurs sommets. On y lit cette inscription:

A Napoléon III! le 1er bataillon de la garde nationale!

Les boulevards des Capucines et de la Madeleine sont bordés de mâts pavoisés sur lesquels on lit les numéros des bataillons de la garde nationale.

Enfin le cortége arrive devant l'église de la Madeleine. Le péristyle est occupé par les élèves de tous les lycées de Paris, conduits par les proviseurs, censeurs et professeurs en robe; chaque lycée a sa bannière. Les élèves des écoles chrétiennes, conduits par les frères, le supérieur général en tête, et les écoles communales des arrondissements de Paris occupent l'espace compris entre les colonnades. Les bannières des lycées, les drapeaux des enfants des autres écoles donnent au monument un aspect de fête qui contraste avec son architecture sévère.

A droite et à gauche de l'édifice s'élèvent deux grands mâts, supportant chacun un aigle gigantesque; à gauche, l'aigle plane au-dessus du buste du Prince-Président.

Le curé de la Madeleine attendait Son Altesse au bas des marches de l'église, à la tête de son clergé, croix en tête.

Des cris de « Vive l'Empereur!» retentissaient sur les degrés de l'édifice et dans la foule immense qui l'entourait.

Le Prince s'est avancé vers M. l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine, qui lui a adressé les paroles suivantes :

« Monseigneur,

» Il a plu à Dieu de vous investir d'un pouvoir immense; et comme il a mis dans votre cœur un ardent amour pour le

peuple, que de bien il vous a appelé à faire ! que de bien vous avez fait déjà et ne ferez-vous pas encore !

» Soyez donc béni, Monseigneur, au nom de ce Dieu qui aime la France, la fille aînée de son Eglise ! »

Le Prince a remercié M. le curé, et il a ajouté qu'il était heureux des hommages du clergé; qu'il comptait sur lui et sur ses prières pour accomplir sa mission.

Après avoir adressé quelques paroles sympathiques à la jeunesse des écoles et des colléges, qui faisait entendre le cri de Vive l'Empereur, le Prince se dirige vers les Tuileries. Une forêt de bannières rangées sur deux lignes se dessine tout le long de la rue Royale. Le Prince s'avance entre une double haie de gardes nationaux et de soldats, qui peuvent à peine contenir la foule qui se presse sur les larges trottoirs. Enfin le cortége, après avoir passé devant les arcs de triomphe dressés à l'entrée de la rue et du faubourg Saint-Honoré, arrive sur la place de la Concorde.

C'est là que le Prince était attendu par un spectacle qu'on ne peut trouver nulle part dans le monde. Un arc de triomphe grandiose s'élève à la porte du jardin des Tuileries. Il figure un grand arc cintré aux armes de la ville, portant sur la frise cette inscription:

A NAPOLÉON III.
EMPEREUR

ET SAUVEUR DE LA CIVILISATION MODERNE
PROTECTEUR DES ARTS ET DES SCIENCES

DE L'AGRICULTURE, de L'INDUSTRIE, ET DU COMMERCE
LES OUVRIERS RECONNAISSANTS.

A gauche :

A droite :

CONSTITUTION DE L'AN VIII

CONSTITUTION DE 1852

CONVERSION DES RENTES

CRÉDIT FONCIER.

TRAVAUX D'UTILITÉ PUBLIQUE,

CHEMINS DE FER.

CONTINUATION DU LOUVRE,

RUE DE RIVOLI.

Aux quatre angles, quatre colonnes corinthiennes, reliées par des guirlandes de feuillages et de fleurs, soutiennent des aigles dorées. Au-dessus flottent de riches banderoles. Au-devant des mâts vénitiens et des pilônes supportant des griffons. Autour de l'immense place et sur la terrasse des Tuileries de grands mâts livrent au souffle de l'air les riches couleurs de mille oriflammes. Le palais législatif est couvert de drapeaux. De vastes amphithéâtres, construits sur la terrasse des Tuileries, font étinceler leurs gradins des riches toilettes de plusieurs milliers de dames. Couverts de draperies de velours rouge étoilé d'or, les balcons du ministère de la marine et du garde-meuble, laissent voir les riches costumes des sénateurs, des députés, des conseillers-d'Etat.

De quelque côté que se portent les regards, dans la rue Royale, dans la rue de Rivoli, sur les quais, sur le pont, dans l'avenue des Champs-Elysées, sur la place, roulent les flots d'une mer humaine d'où s'élève une rumeur immense. Il y a là toute la population de Paris, accrue de trois cent mille étrangers. Toutes les classes de la société sont mêlées et confondues. Au-dessus de cette foule s'agitent des bannières de soie des corporations ouvrières et des communes, toutes couvertes de devises napoléoniennes. Au milieu de la place, le vieil obélisque de granit rose semble contempler, dans son immobilité, ce prodigieux mouvement. Les cascades qui tombent des fontaines, fouettées par le vent, font jaillir leurs perles liquides sur les masses qui s'egitent à leurs bases.

Au moment où le Prince arrive, le tambour bat aux champs, les musiques des régiments éclatent en symphonies, les chapeaux s'agitent, les bannières s'inclinent, les vieux militaires versent des larmes, une émotion indicible s'empare de cette multitude. Des jeunes filles, vêtues de blanc, couronnées de lauriers et de roses, se précipitent autour de Louis-Napoléon et lui offrent des fleurs. Les dames lui jettent leurs bouquets. Le Prince, objet d'un tel enthousiasme, sur lequel sont fixés tous les regards, vers qui volent tant de cœurs, s'avance, le front calme

et la sérénité dans les yeux. Lorsqu'il passe sous l'arc de triomphe, une couronne descend lentement et vient presque toucher sa tête. Les jeunes filles qui l'entourent poussent le cri de Vice l'Empereur! et ce cri qui roule, comme un tonnerre, poussé à la fois de tous les points. par ces masses innombrables, va faire tressaillir l'arc de triomphe de l'Etoile, ce monument de la gloire impérial, qui, à travers les feuillages jaunis des Champs-Elysées domine au loin l'horizon. Le soleil descend majestueusement derrière l'immortel monument et inonde de ses rayons d'or tout cet enthousiasme et toutes ces pompes.

Entré au palais des Tuileries, le Prince a retrouvé les princes et princesses de sa famille. Après quelques instants de repos, il va visiter les travaux qui s'exécutent dans. le palais, puis il paraît un instant au balcon de la salle des Maréchaux où il salue la foule qui ne peut se lasser de faire entendre ses acclamations.

Le soir, tout Paris est en fète. La capitale est splendidement illuminées. Les tours de Notre-Dame, la coupole du Panthéon rayonnent. Les ouvriers parcourent les boulevards avec leurs drapeaux. La foule répandue dans les rues, manifeste tout haut ses sentiments, et les acclamations ne cessent que longtemps après l'heure habituelle du repos.

FIN.

Paris. Imprimerie de Schiller aîné, rue du Faubourg-Montmartre, ff.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

de cette ville à Toulon.

Arrivée à Toulon.

TREIZIÈME JOURNÉE. — Séjour à Marseille.

QUATORZIÈME JOURNÉE. - Départ de Marseille. Trajet

QUINZIÈME JOURNÉE. -Séjour à Toulon.

191

[ocr errors]

201

206

215

« PreviousContinue »