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Il était question de jeter aussi des marchandises, lorsque le capitaine s'aperçoit que le navire commence à se relever; il fait, en conséquence, suspendre le jet, et ordonne de laisser arriver, afin de faire écouler l'eau qui se trouve sur le pont.

Il essaie, ensuite, de parer le cap Baba, mais la voilure qui lui reste ne lui permettant pas d'atteindre ce but, et le navire tombant à vue d'œil sur les rochers, le capitaine, dans l'impossibilité d'enverguer des voiles de rechange, consulte de nouveau son équipage, et, après délibération prise, il laisse arriver pour faire côte sur la plage voisine, où il fait échouer le navire.

Au même instant, les vents passent tout-à-coup et avec impétuosité à la partie de l'Est; le capitaine, alors, commande une manœuvre qui fait déchouér le navire; des voiles de rechange sont enverguées, les ralingues qui tenaient sur les vergues sont coupées et emportées par le vent; en visitant l'ar chi-pompe, on reconnaît une voie d'eau provenant des fortes secousses éprouvées par le navire lors de l'échouement; les pompes sont aussitôt armées et mises en jeu ;

L'on continue à naviguer ainsi jusqu'au 29 novembre.

Les vents ayant alors renforcé, et le capitaine ne pouvant forcer de voiles, à cause de la voie d'eau qui allait toujours en augmentant, il est obligé de mouiller le navire sur les bancs du golfe.

Le premier décembre, les vents ayant calmé, il

fait voile pour Smyrne où le capitaine se décide à rélâcher; les deux pompes ne pouvant suffire à contenir la voie d'eau, on prend la résolution, pour éviter de couler bas, d'échouer le navire auprès du carénage.

A son arrivée à Smyrne, le capitaine Lachaud fait le rapport de sa navigation devant le consul de France.

Le 4 décembre, le consul nomme des experts pour constater l'état du navire, indiquer les réparations dont il a besoin et les mesures à prendre la conservation de la cargaison.

pour

Le consul nomme en même temps un curateur : pour représenter les intéressés absens, aux opérations ordonnées.

D'après l'ordre des experts et l'autorisation du consul, la cargaison est débarquée, cette opération étant nécessaire pour mettre le navire sur le côté et reconnaître les dommages qu'il a soufferts.

Le navire est visité et les réparations indiquées par les experts sont effectuées.

La cargaison est examinée et bénéficiée dans les parties qui en ont besoin; quelques-unes des marchandises de la cargaison restent à Smyrne d'ordre des chargeurs,

Toutes ces opérations terminées, les marchan-. dises destinées pour Marseille sont rembarquées et le capitaine autorisé à continuer son voyage.

Le compte général des dépenses de réparations et de relâche est arrêté par le consul à 73,661 piastres et 12 parats du Grand-Seigneur.

Le capitaine acquitte ces dépenses au moyen d'un emprunt à la grosse que le consul l'autorisé à contracter, de 74,400 piastres.

Enfin, et vers le milieu de février 1838, il remet à la voile pour Marseille, et y arrive sans nouvel accident

Il fait d'abord son rapport devant le président du tribunal de commerce.

Ensuite et le 2 mai 1838, il assigne les consignataires de sa cargaison, à fins de réglement des avaries communes souffertes par le navire la Mariette, dans le cours de son voyage de Constantinople à Marseille.

--Le 4 mai, jugement préparatoire qui nomme un expert répartiteur pour régler les avaries, et un expert estimateur pour évaluer le navire et fixer le coût, à Marseille, des remplacemens et réparations faits à Smyrne.

L'expert extimateur remet son rapport, duquel il résulte que les réparations faites au navire auraient coûté à Marseille 7,468 fr. 34 c., et que le navire en l'état où il se trouvait, avant toutes réparations, était d'une valeur de 19,531 fr. 66 c.

Le capitaine Lachaud communique l'état des avaries dont il demande l'admission en avarie commune, comme suit :

lo Location des attraits pour estiver les 817 halles laine 1395 piastres;

2° Coût de quatre pièces de bois pour les baux, 1315 piastres; 30 Journées d'ouvriers employés à l'estivage des laines, 8,331 piastres;

o Achats de divers objets en remplacement de ceux jetés à la mer, et logement du capitaine pendant le carénage, 3,266 p.; 5o Journées de calfats, de charpentiers et fournitures, 6,872 p., 6o Achat de toile pour remplacer les voiles sacrifiées, 10,333 p.; 7° Frais de débarquement, mise en magasin, magasinage et rembarquement de la cargaison, 17,877 piastres;

8° Achat de braie, résine, suif, etc., pour le calfatage, 3,156 piastres;

9o Achat d'un mât de charge, 270 piastres;

10° Achat de divers cordages en remplacement de ceux jetés; 6,228 piastres;

11° Salaires et nourriture de l'équipage pendant la relâche, 7,597 piastres;

12o Journées des ouvriers employés au bénéficiement des laines, 1,044 piastres;

130 Honoraires du représentant nommé par M. le consul, pour les intéressés absens, 830 piastres;

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14° Honoraires du sieur Robert, expert de la cargaison, 1,245 piastres;

15° Honoraires des experts du navire, 720 piastres;

16° Honoraires de l'expert qui a recetté les réparations,

675 piastres;

17° Honoraires de l'expert constructeur, 90 piastres;

18. Frais de Chancellerie pour les actes de la procédure, 675 piastres;

19o Change maritime sur le billet de grosse à 12 pr. cent; pour mémoire;

200 Intérêts de terre depuis le jour de l'échéance du billet de grosse, jusques à effectif remboursement, pour mémoire; 21o Remplacement définitif à Marseille de six baux, 363 f. 70 c.;"

les autres marchandises composant la cargaison et la demie de la valeur du navire et du fret.

Enfin, et quant à la contribution qui pourra être mise à leur charge, les sieurs Thoron neveu, Emeric et comp. font réserve de leurs droits et recours contre les assureurs de leurs marchandises.

Les autres consignataires en cause se réfèrent aux débats et conclusions des sieurs Thoron neveu, Emeric et comp.

QUESTIONS.

1o Les divers objets appartenant au navire la Mariette, que le capitaine Lachaud déclare dans son consulat avoir été jetés à la mer pour soulager le navire constituent-ils, ou non, des avaries communes ?

20 L'échouement du navire la Mariette, près le cap Baba, a-t-il été volontaire ou fortuit et dans le premier cas, la réparation des dommages occasionés par cet échouement est-elle avarie commune?

30 En est-il de même des voiles, cordages et vergues que capitaine déclare dans son consulat avoir sacrifiés pour le bien et le salut communs ?

4o Les frais de déchargement, magasinage et rechargement de la cargaison à Smyrne, doivent-ils être déclarés avaries

communes?

5o Les frais de chancellerie, d'expertise et autres de pareille nature, faits à Smyrne, doivent-ils entrer en avaries ccmmunes?

6 Faut-il admettre en avaries communes les frais de logement du capitaine pendant le carénage du navire, ainsi que les frais de nourriture de l'équipage pendant les réparations?"

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