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IPART. para, sans le savoir, contre les rigueurs de Liv. I. l'infortune, ceux qu'il ne croyoit avoir à défendre que des séductions de la prospérité. Les sous-gouverneurs des jeunes princes furent MM. de Buffevent, de la Bourdonnaye et d'Arbouville. Ils eurent pour sous-précepteurs l'abbé Marie, savant dans les mathématiques, et l'abbé Guénée, qui a su tourner contre Voltaire l'arme avec laquelle ce beau génie attaquoit la religion. Les illustres élèves, revenus en France, n'ont point oublié leurs précepteurs : après vingt-cinq années d'exil, et la chute d'un empire, ils se sont souvenus, au milieu de tant de souvenirs, de l'homme de bien dont ils reçurent les leçons. Ces pieux disciples ont fait ériger à Fontainebleau, où l'abbé Guénée est mort, un monument à sa mémoire: il étoit touchant de les voir soutenir d'une main le trône rétabli, et de l'autre, élever la tombe de leur humble maître.

CHAPITRE V.

Traits de l'enfance du Prince.

Les deux frères montroient des inclinations différentes: Mer le duc d'Angoulême avoit un penchant décidé pour les sciences, Ma le duc de Berry pour les arts. Celui-ci offroit comme un mélange de l'esprit des Bourbons et des Valois : par sa mère et par ses aïeules, il tenoit quelque chose du génie de l'Italie.

Ire PART.

Liv. I.

On raconte mille traits ingénieux de son enfance. Il étoit fougueux, comme l'élève de Fénélon, mais plein de saillies d'esprit et d'effusions de cœur. «Si fut enfant plai- Mém. de »sant de visage, et assez coulouré. Si » étoit avenant, joyeux en tous ses enfan»tibles faicts. » On lut un jour au petit

Boucicaul.

IPART. Prince quelques scènes du Misanthrope. Liv. I. Le lendemain, un des maîtres composa une fable. La morale de cette fable étoit que Mer le duc de Berry n'apprenoit rien, et ne se souvenoit point de ses lectures. Le maître, ayant fini, demanda à S. A. R. ce qu'elle pensoit de ce morceau. L'enfant repartit brusquement :

<< Franchement, il est bon à mettre au cabinet. »

Un Monsieur Rochon, maître d'écriture des jeunes princes, avoit éprouvé une perte considérable, causée par un incendie. Ma le duc de Berry pria son gouverneur de lui donner vingt-cinq louis, pour le pauvre Rochon. M. le duc de Sérent y consentit, mais à condition que le Prince satisferoit son maître pendant quinze jours, sans lui parler des vingt-cinq louis. Voilà Monseigneur à l'ouvrage il trace de grandes lettres, le moins de travers possible. Ro

chon s'émerveille à ce changement subit, I PART. et ne cesse d'applaudir à son élève. Les Liv. I. quinze jours se passent. Ms le duc de Berry reçoit les vingt-cinq louis, et les porte triomphant à Rochon. Celui-ci, ne sachant si le gouverneur consentoit à cette générosité, refuse de recevoir l'argent. L'enfant insiste. Le maître se défend. L'impatience saisit le jeune Prince, qui s'écrie, en jetant les vingt-cinq louis sur la table: «Prenez» les; ils m'ont coûté assez cher: c'est pour » cela que j'écris si bien depuis quinze

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Ire PART.
LIV. I.

CHAPITRE VI.

Emigration de Mgr le duc d'Angoulême et de Mgr le duc de Berry.

Le temps du malheur approchoit; Msr le duc d'Angoulême et Mgr le duc de Berry ne devoient pas même jouir du repos de l'enfance. Leur éducation commençoit à peine, que déjà la monarchie finissoit. On leur enseignoit à être Rois, et l'adversité alloit leur apprendre à devenir hommes.

Les têtes des premières victimes avoient été promenées dans Paris; la Bastille étoit tombée. La Famille Royale, menacée, fut obligée de se retirer le Roi même lui en donna l'ordre. Mgr le comte d'Artois

16 juillet partit pour les Pays-Bas, et laissa à M. le 1789. duc de Sérent le soin de lui amener ses

deux fils.

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