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1627-32 sède (1). Le parlement reste chambres assemblées; mesure qui tenoit peut-être un peu de la désobéissance, et consistoit à interrompre le cours de la justice, sous prétexte de s'occuper uniquement d'affaires publiques; le roi enjoint de la rendre sous peine de forfaiture. On obéit, mais pour faire des actos qui déplaisent au gouvernement. Le mandement de l'archevêque de Paris est remis au procureur-général pour qu'il donne ses conclusions. Des ordres contraires lui ayant été notifiés de la part du roi au parquet, il usoit de diffuges. Un conseiller reçut de sa compagnie l'ordre de faire les fonctions de procureur-général. C'est ainsi que, par des formules de palais, on contrarioit la volonté du roi. Le mandement de l'archevêque est déclaré abusif. Un arrêt du conseil casse les deux arrêts du parlement, et plusieurs de ses membres sont arrêtés. La chambre des enquêtes, et celle des requêtes donnent la démission de leurs charges. La grand'chambre négocie avec la cour. Les deux autres re

(1) Fleury, pour rendre ses ennemis ridicules, les faisoit chansonner. A sa sollicitation, le comte de Maurepas rima quelques couplets, dans lesquels les femmes de la Halle, qui étoient censées y parler, disoient:

Rendez-nous pucelles,
O gué!
Rendez-nous pucelles.

prennent leurs fonctions, mais c'est pour 1727-32. faire de nouvelles remontrances. Un lit de justice est assigné à Versailles. Ces deux chambres refusent de s'y rendre, prétendant que c'est à Paris, où siége la compagnie, qu'il, doit être tenu. Cette désobéissance est punie par l'exil de tous leurs membres (6 septembre 1732). Mais les avocats, le palais en général, et une partie du reste des citoyens prenant. part à ces démêlés, et se déclarant pour les exilés, on les rappelle, et on laisse dans l'oubli une déclaration fort sage du roi, et toute récente, qui portoit que les appels comme d'abus ne seroient jugés que par la grand'chambre. Des lettres patentes ayant aussi attribué au parlement la connoissance des contestations occasionnées par les convulsionnaires, les défenses de se mêler d'affaires ecclésiastiques tombèrent par cette attribution.

Une petite guerre suspendit quelque temps 1733. le cours de ces misérables querelles jansénistes et parlementaires. Après la mort du roi de Pologne (1er février), Stanislas, que Charles XII, monarque suédois, avoit porté, en 1704, sur le trône polonois, et que les revers, essuyés par son protecteur, en avoient fait descendre en 1709, fut une seconde fois élu, le 2 septembre 1733. Mais une faction, appuyée par

1733. l'empereur Charles VI et la czarine Anne, proclama le fils du dernier roi, sous le nom d'Auguste III (6 octobre). Stanislas quitta le château de Meudon, où il résidoit depuis le mariage de sa fille, et se rendit à Varsovie. Mais son parti n'étoit pas le plus fort; il fut contraint de demander à la ville de Dantzick un asile qui lui fut accordé. Les Russes vinrent l'y assiéger. Fleury envoya une flotte et quinze cents hommes seulement à son secours. L'officier qui les commandoit, rendu près du port, ne crut pas devoir exposer cette foible troupe à l'attaque de soixante mille assiégeans, et alla relâcher en Danemarck. L'ambassadeur françois à Copenhague étoit monsieur de Bréhan, comte de Pléto, Breton jeune et intrépide. N'approuvant point cette retraite, il se met à la tête de ces quinze cents hommes, et fait voile pour Dantzick, annonçant qu'il alloit à la mort. Effectivement, après des miracles de bravoure, il fut tué, en cherchant à s'introduire dans la place à travers une armée entière. Son détachement se retrancha, se défendit encore quelques jours avec audace, et ne se rendit que par capitulation. Le général russe mit à prix la tête de Stanislas qui ne se sauva qu'au moyen d'un déguisement, et avec les plus grands dangers.

La France, ne pouvant se venger sur la Rus- 1734. sie (trop éloignée) de l'affront fait à Stanislas, fit tomber sur l'empereur tout le poids de son ressentiment. Elle s'unit avec l'Espagne et la Sardaigne. La seconde épouse de Philippe V, maîtresse absolue de l'esprit du roi, étoit uniquement occupée du désir de procurer, en Italie, des établissemens à ses enfans. Déjà l'empereur, dans un congrès tenu à Cambrai, avoit assuré à don Carlos, fils aîné de la reine d'Espagne, l'investiture de la Toscane, de Parme et de Plaisance (4 janvier 1724). Elle vouloit encore plus. Cette princesse avoit un génie fort au-dessus de son sexe. Le grand Frédéric, dans ses Mémoires, lui attribue « la >> fierté d'un Spartiate, l'opiniâtreté d'un Anglois, la finesse italienne et la vivacité >> françoise. Elle marchoit, dit-il, audacieu»sement à l'accomplissement de ses desseins; >> rien ne la surprenoit, rien ne pouvoit l'ar» rêter. » Duclos la peint sous d'autres traits, et ne lui accorde que de l'esprit naturel; mais nous avons vu que l'humeur de cet écrivain paroît un peu portée au dénigrement. Le roi de Sardaigne convoitoit le Milanois que lui promirent les cours de France et d'Espagne. Le maréchal de Villars, généralissime des armées françoise, espagnole et sarde, à

»

1734. l'âge de quatre-vingt-trois ans, prit sans beaucoup de peine le Milanois. Mais, succombant bientôt à la fatigue et à la vieillesse, il remit son commandement au duc de Coigni, le 27 mai, et mourut à Turin le 19 du mois suivant, enviant la mort du maréchal de Berwick, tué le 10, devant Philisbourg, d'un coup de canon, et disant : « Cet homme a toujours été » heureux. » Le duc de Coigni gagna contre les Autrichiens, à Parme et à Guastalla, deux sanglantes batailles; mais, dans l'intervalle qui les sépara, il avoit essuyé un échec assez considérable. Le maréchal de Broglie cut beaucoup de part à la victoire de Guastalla. De son côté, don Carlos, ayant sous lui le duc de Montemar, habile général, conquit assez facilement le royaume de Naples, où les Autrichiens n'étoient pas aimés, et, l'année suivante, il s'empara de la Sicile, où il fut couronné sous le nom de Charles III (3 juillet 1735).

Le maréchal de Berwick, qui sur les frontières d'Allemagne commandoit à cent mille hommes, envahit d'abord la Lorraine appartenant au duc François-Etienne, qui devoit épouser Marie-Thérèse, fille aînée de l'empercur. Nous passâmes ensuite le Rhin, et assiégeâmes Philisbourg, qui fut pris après la mort du maréchal. Ce fut le terme de nos

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