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» sortir de lui. L'un était dans sa tête, l'autre dans sa chevelure, » d'autres dans son front, dans ses yeux, dans son nez, dans sa » bouche, dans ses oreilles et bouts d'oreille, etc. 1. D

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En preuve de ce fait, le médrasch cite le verset 4 du chapitre xxxvi du livre de Job, où Jéhovah répond à l'ancien homme de douleur : « Dis-moi, ô Job, dans quelle partie d'Adam » était renfermé ton individu? Etais-tu dans sa tête, dans son » front, ou dans quelqu'un de ses autres membres que tu peux >> désigner? Si tu le sais, je te permets de raisonner contre » moi 3, »>

Il est difficile de décider si cette croyance grossière de notre préexistence corporelle est une allégorie de la préexistence des âmes, une des opinions que les rabbins ont empruntées aux philosophes grecs, et qu'ils n'ont pas craint de mêler au dépôt de la véritable tradition, ou si c'est une de ces ridicules et inexplicables rêveries qu'ils imposent à la foi de leurs aveugles sec

tateurs.

A la suite de la doctrine de la synagogue que je viens d'exposer, en faisant la part des mythes à la manière des orientaux, et des extravagances des rabbins, je n'ai qu'à mettre les paroles que saint Paul écrivit aux Romains : « Comme le péché est › entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le »péché, ainsi la mort a passé à tous les hommes, par ce seul » homme, en qui tous ont péché . »

י עד שאדם הראשון מוטל גולם הראה לו הקב"ה כל צדיק וצדיק שעתיד לעמוד ממנו יש שהוא תלוי בראשו של אדם ויש שהוא תלוי בשערו ויש שהוא תלוי במצחו ויש בעיניו ויש בחוטמו ויש בפיו ויש

Section Ki-tisça, parascha 40. : php') 1918)

Job avait dit (XXIII, 3, 4.): Quis mihi tribuat ut cognoscam et inveniam illum, et veniam usque ad solium ejus. Ponam coram eo judicium, et os meum replebo increpationibus.

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: ותדע לך בשעה שהיה איוב מבקש להתוכח עם הקב"ה אמר לו הקב"ה איוב אמור לי האיפה שלך באיזה מקום היתה תלויה בראשו או במצחו או באיזה אבר שלו אם יודע אתה באיזה מקום היתה אין תך

C'est ainsi que les rabbins paraphrasent ces paroles: "py D MAR du Seigneur: Ubi eras quando ponebam fundamenta terræ ?

4 a

Per unum hominem peccatum in hunc mundum intravit, et pe

Ce que saint Augustin, avec sa manière originale, explique en ces termes : « Eu qui tous ont péché, lorsque tous furent ce » seul homme 1. >>>

« Le péché d'Adam, dit le concile de Trente, qui est UN dans » sa source, et qui, transmis à tous par génération, et non par , imitation, devient propre à un chacun 2. »

Et pour qu'il ne manque rien à la doctrine catholique, la synagogue enseigne également qu'Adam n'attira pas seulement la mort corporelle sur lui et sur sa postérité, mais aussi la mort spirituelle, celle de l'âme. C'est ce que développe longuement Rabbi Joseph Albo, dans son livre des fondemens de la foi.

3

« Lorsque le Nom 3 (béni soit-il) apparut à Adam, le premier » homme, et lui fit cette défense: mais tu ne mangeras pas de » l'arbre de la science du bien et du mal, car au jour où tu en mange»ras, mourir tu mourras, il devint clair pour lui que la conser>vation de l'âme dépend si elle accomplit la volonté du Nom » (béni soit-il) et la mort de l'âme, si elle transgresse ses ordres. » Et c'est là ce dont le Nom (béni soit-il) menaça la désobéis»sance d'Adam, disant: Car au jour où tu en mangeras, mourir tu mourras. Il est hors de doute que cette répétition du terme

peccatum mors, et ità in omnes homines mors penetravit, in quo (sc. uno homine omnes peccaverunt. Chap. V, v. 12.

D

1 « In quo omnes peccaverunt, quando omnes ille unus homo fuerunt. S. Aug. de Baptismo parvulor. 1. I, c. 10. – de Nuptiis, 1. III, c. 8. Voyez aussi Epist. ad Paulinum, 186. des Bénédictins.

« Hoc Adæ peccatum, quod origine unum est, et propagatione, non imitatione, transfusum omnibus, inest unicuique proprium. » Sess. V.

Comme la théologie du savant Jésuite à qui j'ai l'honneur d'adresser cette dissertation, est très-répandue, je me contente d'indiquer, sans le copier, son important chapitre de peccati originalis propagatione (tract. de Deo Creatore, par. III, c. 4), où il expose et défend ce point de doctrine à sa manière ordinaire, c'est-à-dire avec clarté et avec une logique irrésistible.

3 Le texte sacré, ainsi que les rabbins, appellent Dieu le Nom. Voyez une remarque importante à ce sujet dans ma deuxième lettre aux Isr, p. 19 et suiv. §. V.

4 L'état de grâce.

» mourir indique un châtiment particulier pour le corps, et un châ» timent particulier pour l'âme 1. »'

Plus haut, même partie, chap. 19, Rabbi Joseph Albo développe avec une admirable profondeur la doctrine de la Synagogue, qui admet les peines et les récompenses de l'autre vie, et par conséquent la spiritualité et l'immortalité de l'âme, condamnant comme hérétique l'opinion des Sadducéens qui, faisant consister l'âme en cette matière subtile que les rabbins appellent HIULĖ (›↳vл, o).

י וכאשר נגלה עליו השם יתברך וצוהו ומעץ הדעת טוב ורע לא תאכל ממנו כי ביום אכלך ממנו מות תמות נתבאר לו כי קיום הנפש יהיה במה שתעשה רצון השם יתברך ומיתתה כשתעבור על דבריו וזהו מה שיעד השם יתברך לאדם על עברו על מצותו כי ביום אכלך ממנו מות תמות והמיתה הכפולה הזאת בלי ספק היא עונש לגוף בפני עצמו

ולנפש בפני עצמה : .41 .partie IV, chap ספר העקרים

• Du terme grec λn. Je ferai remarquer ici, en passant, que les rabbins qui vivaient dans le tems où l'ancien grec était encore une langue vivante, et qui la parlaient eux-mêmes, figuraient en hébreu l'n par ↑ (è), et l'v par ↑ (u). De même les grecs figuraient constamment l'ê long (?) de l'hébreu par un ni La première page venue de Josèphe, des Septante, d'Origène, du Lexicon græcum nom. hebr. de S. Jérôme, etc., en offre des

exemples. Comme 2 (N), incoūs (1277), paxña (517). Quant au ¶ (u

long, ou 3 arabe ayant le son du w anglais) tantôt ils le figuraient par un simple; comme, noaŭ (WY), Saulo (717), tantôt ne trouvant pas suffisant l'v, ils recouraient à la diphtongue ov; comme xepovbip

.(שמואל) cauova ,(כרובים)

Les hellénistes se sont livré des combats à outrance au sujet du son de ces deux voyelles, et chaque parti apportait d'excellentes preuves en faveur de son opinion. C'était le quanquam de la langue grecque. Et adhuc sub judice lis est! Ne pourrait-on pas proposer le système suivant qui donne raison à tout le monde? Probablement ces deux voyelles changeaient de prononciation selon leur position dans les mots. C'est ce que nous voyons dans d'autres langues. En arabe, par exemple, les voyelles Fatha, Kesra et Dhamma changent de son selon leur position dans le mot, et selon les consonnes qu'ils accompagnent. Le premier se prononce tantôt a, tantôt e; le second tantôt e, tantôt i; le troisième tantôt o, tantôt ou. En anglais l'i se prononce tantôt i, tantôt aï; a, tantôt a, tantôt e, etc. Et même en grec nous voyons le g (7) se prononcer comme n (v) devant les trois muettes, gutturales, 7,9 %%%

croyaient son existence subordonnée à celle du corps, et, par suite, niaient l'autre vie1.

Dans le livre Tseror-Hammôr, que j'ai cité plus haut, on lit: Comme Adam a péché spirituellement, puisque tout péché »vient de la volonté de l'âme, Dieu le punit d'une peine spiri›tuelle, et c'est là ce qu'indique le texte : et il le chassa du paradis. D

Rabbi Isaie Hurwitz, dans son célèbre ouvrage cabbalistique Schalah, dit : « Quand Adam fut condamné à mourir, la même "peine frappa tous ses descendans, car ils étaient tous virtuel›lement en lui, puisque son âme était la racine de toutes les ames, lesquelles s'en propagèrent 4. »

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Les rabbins expliquent la solidarité de l'âme et du corps par une parabole fort ingénieuse, que le Talmud attribue au fameux Rabbi Juda le Naci, et le Médrasch-rabba, comme aussi le Yalkut 7, attribuent à Rabbi Yischmagnel (Ismaël):« Un roi Davait un verger qui renfermait des fruits magnifiques. Un jour vil y plaça un aveugle et un cul-de-jatte, et il leur dit : Gardezvous de manger de ces fruits, car j'en connais le nombre; et il se retira. Plusieurs jours étaient déjà tombés dans l'abîme de l'Occident, quand l'impotent dit à l'aveugle: J'aperçois de bien beaux fruits! Et l'aveugle lui dit : cherche-les et nous les man»gerons ensemble. Mais l'impotent dit : Est-ce que je puis faire »usage de mes jambes? Et l'aveugle : et moi, est-ce que je vois ? Que firent-ils ? L'impotent monta sur les épaules de l'aveugle, *et ils cueillirent les fruits et les mangèrent. Puis, chacun se

'Confer. Matth. XXII, 23. Act. XXIII, 8. Sadducæi qui dicunt non esse resurrectionem.

י וכמו שהוא חטא חטא רוחני כן נתן לו עונש רוחני וזהו וישלחהו מתוך הגן : .2 .Fol. 9, col .les deum tables de la lot שני לוחות הברית abreviation de של"ה 4 ומאחר שנשמת אדם שורש לכל הנשמות וממנה נתפשטו כל הנשמות ע"כ כשנקנסה מיתה עליו נקנסה על כל הבאים ממנו כי

Fol. 8. verso, édit. de Fürth, 1760. : 133 1

'Traité Sanhedrin, fol. 91, verso.

Lévit. parascha 4.

7 Partic première, n. 464.

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retira à sa place, et s'y tenait. Au bout d'un certain tems le roi » revint, et il leur dit : Que sont devenus mes fruits ? L'aveugle répondit: ô Roi, mon Seigneur, est-ce que je vois ? L'impotent » répondit: ô Roi, mon Seigneur, suis-je en état de marcher? >> Mais le roi était fin; et que résolut-il ? Il chargea l'impotent » sur l'aveugle, et les châtia ensemble, en disant : Voilà comment » vous avez fait pour manger mes fruits.

» Ainsi, il viendra un tems, où le Très-Saint (béni soit-il) dira à l'âme Pourquoi as-tu péché? Et elle dira devant lui: Mai>>tre des mondes, je n'ai pas péché; c'est le corps qui a péché. Car, depuis le moment que j'en suis sortie, je vole par l'es» pace, innocente comme un oiseau. Comment ai-je pu pécher » contre toi? Alors il dira au corps: pourquoi as-tu péché de>>> vant moi ? Et il répondra: Maître des mondes, je n'ai pas pé»ché; c'est l'âme qui a péché. Car, depuis le moment où elle » m'a quitté, et que je suis couché là comme un bloc jeté sur › la terre, ai-je péché contre toi? Que fera le Très-Saint (béni soit-il)? Il prendra l'âme et la jetera dans le corps, et punira >> tous deux ensemble. »

Le Mêdrasch-ruth, inséré dans le Zohar khadasch, ajouté : . Et de même, si l'homme a été juste, le Très-Saint (béni soit. »il) les réunira (l'âme et le corps) pour recevoir ensemble la >> bonne récompense 1. »

י וכן אם היה צדיק מחברם הקב"ה ומקבלים שכר טוב יחד :

Page 64, col. 4.

Le chev. P. L. B. DRACH, Bibliothécaire de la Propagande à Rome.

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