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et le coagulent par le jus de citron ou une décoction de fruits de Tamarinier.

Le caoutchouc obtenu est rose, nerveux et de bonne qualité. L'abondance du latex du « Reiboa» et sa richesse en principes coagulables donnent à cette liane une très grande valeur économique. « A froid, <«<l'alcool ordinaire ne coagule pas le latex; il faut d'autre part de gran« des quantités d'acide acétique pur, l'acide sulfurique seul est un coa«gulant plus rapide, car deux centimètres cubes de cet acide à 66° coa« gulent 50 cmc. de lait.

« La coagulation la plus avantageuse serait l'ébullition en présence « d'une faible quantité d'acide. Alors que 50 cmc. de latex ne sont « pas encore coagulés à froid par un volume égal d'acide pur, il suffit d'ajouter à cette même quantité de lait 1 cmc. 5 d'acide acétique (ou << 20 cmc d'une solution d'acide acétique à 15 p. 100) pour que, sur le << feu, dès le début de l'ébullition, le caoutchouc se sépare en masse du

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<< sérum.

« Ce procédé (ébullition d'un latex légèrement acidifié) semble, d'une << manière générale, la meilleure méthode pour la coagulation des laits « de Madagascar. On obtient particulièrement de très bons résultats << avec les latex de Mascarenhasia. »

La côte ouest renferme trois espèces de Mascarenhasia: les M. lisianthiflora, anceps et longifolia, connues des Sakalaves sous le nom général de « Gidroa ».

Le M. lisianthi flora est un petit arbre ne dépassant guère 5 m. de hauteur, qui semble rechercher les collines sèches. Il donne un latex épais et peu abondant. Pour le recueillir, les indigènes font des incisions sur le tronc. Le lait se coagule sur les plaies. Le caoutchouc récolté sous forme de filaments est réuni en boules. Il est brun noirâtre, nerveux et de bonne qualité.

Le M. anceps est un arbuste qui recherche le bord des ruisseaux et des lacs. Cette essence est commune dans le Bouéni et dans la région de Maevetanana, mais sa valeur économique est relativement faible.

Quant au M.longifolia c'est un grand arbre, assez peu répandu, pouvant atteindre 15 à 20 mètres de hauteur et 40 centimètres de diamètre. Son latex est abondant et se coagule facilement. La gomme obtenue est brun noirâtre et assez nerveuse.

La famille des Asclepiadées est encore représentée par le « Bokalahy >> Marsdenia verrucosa, plante dont le port varie suivant les conditions de végétation. C'est une liane quand elle se trouve près d'un arbre, un

arbuste rabougri, si elle est privée de support. Le latex sécrété par le «Bokalahy » donne un produit très inférieur.

Une autre Asclepiadée, le « lombiro » (Cryptostegia madagascariensis), abondante dans les bassins de la Mahavavy, de la Betsiboka et de la Mahajamba, recherche les terrains calcaires; comme le « Bokalahy » suivant la présence ou l'absence de support, cette plante est une liane ou un arbuste buissonnant.

Le « Lombiro » se rencontre sur d'autres points de l'île (Nord-Ouest, Nord-Est et Sud-Ouest). Il est particulièrement abondant dans les provinces de Diego-Suarez et de Nossi-Bé. Sa station préférée se trouve sur le bord de la mer dans les bas-fonds caillouteux et humides, à l'embouchure des rivières qui subissent l'influence de la marée. Il donne, suivant la région, un produit de qualité variable. Dans l'Ouest, par exemple, le caoutchouc du « Lombiro » est visqueux, dépourvu d'élasticité; mais, par contre, dans le Sud-Ouest et dans le Nord-Est, il est très estimé.

Le « Vahimainty » (Secamone), liane de la région de Morondava, fournit un produit brun noirâtre, assez nerveux et de qualité moyenne. L'analyse a donné :

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On trouve encore sur la côte ouest une Euphorbiacée (Euphorbia Pirahazo).

Le «< Pirahazo >> habite, de préférence, les terrains calcaires, rocailleux et secs, il est plus rare dans les forêts un peu humides.

C'est un grand arbre qui pourrait atteindre, au dire des Sakalaves, 20 à 30 mètres de hauteur, mais les sujets que l'on rencontre le plus souvent ne dépassent guère 12 mètres de hauteur et 20 centimètres de diamètre.

Le caoutchouc qu'il fournit, en général, est brun et assez souple. L'analyse a donné les résultats suivants :

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Région du Sud et du Sud-Ouest.

En raison du climat très sec du Sud de l'Ile, la flore présente un aspect bien différent de celui des autres régions de Madagascar. On ne rencontre pas de forêts à proprement parler, mais une brousse compacte, impénétrable, où abondent les plantes xérophiles dont les plus curieux spécimens sont fournis par les Didierea, les Adansonia et les Pachypodium.

Les essences caoutchoutifères, assez nombreuses, sont donc, pour la plupart, des végétaux caractéristiques de ce climat particulier. La plus intéressante appartient à la famille des Euphorbiacées, c'est l'Intisy (Euphorbia Intisy). Cette plante pousse de préférence à l'ombre et à l'abri des vents, sur les mamelons boisés, secs et pierreux. La racine principale est renflée en tubercule dans lequel s'emmagasine, pendant la saison pluvieuse, l'eau qui servira à la nutrition de la plante pendant la saison sèche.

Le caoutchouc de l'Intisy est brun noirâtre, assez bien coté. Il est connu sur les marchés d'Europe sous le nom de « Niggers » ou « Kiloa ». La régénération naturelle de l'Intisy se fait difficilement. Depuis quelques années on s'est occupé de sa multiplication par semis. Mais à cause de sa croissance extrêmement lente, la culture de ce caoutchouquier ne nous paraît pas appelée à un brillant avenir.

Comme autres plantes à caoutchouc, on trouve l'« Angalora » (Apocynées). Cette liane recherche les steppes sans eau et les mamelons rocheux de la zone cactée. Les indigènes récoltent le latex en pratiquant des incisions au pied de la plante, qu'ils déchaussent préalablement. Ce mode d'exploitation non seulement donne un caoutchouc souillé de terres et de matières étrangères, mais encore il occasionne très rapidement la mort du végétal.

L' « Angalora » rejette vigoureusement, même après le passage du feu; d'autre part, sa multiplication par semis est facile.

L'« Herobahy » est une liane appartenant aussi à la famille des Apocynées, elle fournit un caoutchouc qui paraît être de bonne qualité ; malheureusement la croissance de cette liane est lente: un sujet de dix ans ne dépasserait pas deux à trois centimètres de diamètre.

Enfin le « Gidroa » (Mascarenhasia lisiantiflora) se rencontre sous la forme d'arbuste de deux à trois mètres de hauteur. Il croît généralement sur les mamelons herbeux. Le « Lombiro » (Cryptostegia madagascariensis) habite également certains endroits de la région du Sud (Fort-Dauphin, Farangana).

Côte Est.

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La grande forêt malgache de la côte Est, qui s'étend presque sans interruption du cap d'Ambre à Fort-Dauphin, possède de nombreuses espèces laticifères représentées par des arbres et surtout par des lianes. Lianes. M. l'Inspecteur des Eaux et Forêts Thiry, dans une étude très complète des plantes à caoutchouc du Nord-Est de Madagascar, a reconnu l'existence de sept espèces de Landolphia, mais, faute d'échantillons botaniques complets, on n'a pu jusqu'à ce jour en déterminer qu'un petit nombre.

Nous ne parlerons que de celles qui nous ont paru les plus intéressantes au point de vue cultural et qui sont susceptibles d'une exploitation méthodique.

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La liane << fingibahy» (Landolphia corticata) est celle dont l'aire d'habitation est la plus étendue. On la rencontre dans toutes les forêts de la zone montagneuse de l'Est (altitude moyenne 800 mètres), depuis Vohémar jusqu'à Mananyary.

Le Landolphia corticata affectionne les peuplements denses, les endroits humides, mais non marécageux. Elle se trouve donc le plus souvent dans les vallées et dans les ravins bien abrités. Elle atteint fréquemment 40 à 50 mètres de longueur avec un diamètre de 6 à 8 centimètres.

Sa croissance est rapide. Le « Fingibahy », exploité à 0,70 cm. environ au-dessus du sol, donne, lorsque le couvert est diminué, des rejets de tige très vigoureux. Son latex est abondant et facile à coaguler. Le caoutchouc obtenu est légèrement rosé, nerveux, élastique et de conservation facile. C'est un produit de première qualité.

Le « Ravinengitra » a une aire d'habitation un peu moins étendue que celle du « Fingibahy ». On le rencontre principalement sur le versant oriental de la chaîne montagneuse de l'Est, à une altitude moyenne de 5 à 600 mètres environ. Cette Landolphia peut atteindre 40 à 50 mètres de longueur et 6 à 8 cm. de diamètre. Elle est facilement reconnaissable par ses petites feuilles. Les rameaux en portent de 8 à 10 paires. Cette disposition leur donne l'apparence de feuilles composées paripennées. Le « Ravinengitra » fournit un latex abondant et une gomme de première qualité.

C'est une Landolphia également très intéressante qui était assez commune dans toute la partie orientale de la grande forêt de l'Est avant les exploitations destructives des indigènes. Nous avons trouvé de beaux spécimens de «< fingipotsy» dans la région forestière d'Anzozorobe

(province de Tananarive). Ils mesuraient en moyenne 40 m. de long sur 8 à 10 cm. de diamètre.

L'écorce gris-blanchâtre de la liane présente un rhytidome fortement gerçuré. Ce caractère permet de la distinguer des autres espèces, dont la tige est lisse en général ou légèrement rugueuse. Son latex, de coagulation facile, donne un caoutchouc de première qualité.

De toutes les Landolphia de la côte Est, le « Talandoho », L. Richardiana, et le « Voahena », L. Madriamboa, sont celles qui présentent le moins d'intérêt.

M. Lothelain a signalé sur la côte du Sud-Est de Madagascar une liane qu'il appelle « Vahidonoka », dont la description correspondrait assez exactement au « Talandoho ».

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Arbres. Les arbres à caoutchouc sont moins répandus que les lianes. On ne trouve guère que deux variétés: Mascarenhasia (l'arborescens v. orientalis et le Mangorensis. Ces essences sont connues des indigènes sous le nom général de « Hazondrano », « Babo » ou « Barabanga ».

Le Magorensis habite les régions élevées (altitude de 800 à 1.200 mètres) d'où son nom de « Hazondrano des hauts ».

Par contre, l'arborescens (« Hazondrano des bas ») affectionne surtout les terrains humides, il habite les vallées, le bord des rivières et des marécages, où il forme parfois des peuplements purs.

Ces arbres peuvent atteindre 10 à 12 mètres de hauteur et 25 à 30 centimètres de diamètre.

Leur croissance semble assez lente. Leur latex est épais, riche en globules de caoutchouc; il se coagule facilement à la température ordinaire donnant une gomme de couleur brun noirâtre, élastique, de bonne qualité.

II.

- RÉCOLTE ET PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC Avant de faire connaître dans quelles conditions la culture des lianes peut être entreprise, nous indiquerons brièvement comment se font la récolte et la préparation du caoutchouc à Madagascar.

a) Procédés indigènes. -Sur la côte Ouest, les Sakalaves exploitent les Landolphia en débitant la tige et les branches en tronçons qu'ils font égoutter dans un récipient. Ils obtiennent la coagulation en additionnant le lait de jus de citron ou d'une décoction soit de pulpe de fruits de tamarinier, soit de rhizomes du « Vahea Mongery » ou « Vahea lava », liane de la famille des ménispermées (l'anisocyla Grandidieri).

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