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futures et certaines, puisque le département où se trouvent ces bois vient d'être autorisé pour l'année 1913 à s'imposer extraordinairement de dix centimes pour insuffisance de revenus; insuffisance qui s'explique par ce fait que ce département, il y a 30 ans, n'avait pas de dettes et qu'aujourd'hui il est à la tête d'un passif de trente millions et rien ne fait supposer que, dans l'avenir, il pourra être diminué, au contraire! Je connais d'autres forêts dont les propriétaires n'ont même plus l'espoir de pouvoir compenser les charges avec les revenus bien qu'il n'y ait jamais eu d'exploitation intensive ni de destruction de futaie. Ainsi une coupe régulière de 6 hectares 25 ares a été vendue cette année à un marchand exploitant de la contrée au prix total de 550 francs et l'impôt s'est élevé en 1912 à 661 francs 89 cent.,une autre au même propriétaire, de 6 hectares 40 ares, trouve une seule offre de 600 francs après mise en vente, et la contribution foncière totale en cette année 1912 est de 794 francs 90 cent !! C'est à peine croyable, et cependant c'est la vérité.

Que de propriétaires, n'osant l'avouer, se trouvent dans une aussi triste position! Après cela ai-je besoin de dire ce qui se produira? S'il y a encore quelques bonnes réserves, elles disparaîtront et le taillis et le sol seront vendus à vil prix si non abandonnés à des miséreux; de cette façon on échappera à une charge illégale et d'une injustice mons

trueuse.

A côté de cette ruine comparez la position du rentier, du possesseur de valeurs, il lui importe fort peu ou indifféremment que la commune, le département ou l'Etat s'endettent; sa situation, à part une légère augmentation de sa cote personnelle et mobilière, demeure à peu près la même ; il profitera de tous les progrès accomplis sans être autrement chargé. Pourquoi donc jouit-il d'une faveur aussi exceptionnelle? Estce à dire qu'en frappant son portefeuille on porte atteinte à ses revenus et à son capital? Oui, certainement, mais est-ce qu'on ménage le fores tier à qui on prend tous les revenus et dont on réduit à zéro et même au-dessous la valeur de ses bois tout en lui laissant une administration laborieuse et difficile? Doit-il donc succomber seul sous le poids des charges publiques pour maintenir à un cours plus ou moins élevé les capitaux du rentier? N'y a-t-il pas un nivellement à faire et n'est-ce pas un principe fondamental de la loi (méconnu aujourd'hui), qui dit que chacun doit contribuer aux charges publiques dans la proportion de ses facultés? A noter qu'actuellement la fortune mobilière est évaluée en France à plus du double de celle immobilière et que si celle-ci disparaissait la première serait bien près de la suivre.

L'impôt de répartition de la propriété non bâtie ne peut plus être maintenu, il est injuste parce qu'il s'établit sur des bases que la transformation de toutes choses, le progrès et le développement industriel et commercial ont modifiées de fond en comble; il est grandement temps. de le convertir en un impôt de quotité comme cela a été fait pour la propriété bâtie. Le revenu cadastral s'est complètement modifié, aujourd'hui il est fictif et varie à l'infini d'une commune à une autre, d'une parcelle de terrain à une autre voisine, il ne peut donc plus s'adapter aux charges croissantes et à l'augmentation continuelle de nos budgets sous lesquels la terre est écrasée, d'autant que les évaluations. remontant à un siècle sont intangibles et qu'à nos légitimes réclamations on nous oppose la loi; mais cette loi n'est-elle pas violée dans son principe même en ce sens que l'impôt ne doit être perçu que sur le revenu des biens et sur une portion de ce revenu? Or, logiquement et légalement cet impôt doit avoir une limite, autrement le droit de propriété n'existerait plus.

<«< On ne peut, dit Montesquieu, prendre au peuple sur ses besoins réels. La part de l'Etat dans les revenus doit être proportionnelle aux résultats. >>

Et le 21 novembre dernier, M. Millerand, ministre de la Guerre, déclarait à propos de la discussion sur les conseils de guerre « qu'une loi ne saurait être immuable quand tout, autour d'elle, a changé ».

Ces paroles ne sont-elles pas applicables à l'impôt foncier? Tout n'estil pas changé depuis l'établissement du cadastre, notamment en ce qui concerne les forêts?

La conservation et l'amélioration des bois, les plantations nouvelles, la mise en valeur des terres incultes sont des questions à l'ordre du jour que l'on agite partout et souvent avec quelque incompétence; on cherche bien à les résoudre et des efforts les plus louables sont faits, dans un intérêt économique, général et national, pour reconstituer un grand domaine forestier français; on parle aussi de coupes sombres, de la France chauve, de réglementation et de mesures restrictives à prendre; mais on oublie trop, ou du moins on ne s'inquiète pas assez, de faciliter aux détenteurs des forêts les moyens de les reconstituer et de les améliorer, tout le monde est d'accord sur l'exagération des charges contributives et personne n'arrive à la mise en pratique du véritable remède la réduction de l'impôt.

Peut-être l'appliquera-t-on quand la ruine sera consommée.

Par la diminution équitable et proportionnelle des charges fiscales on facilitera l'allongement des révolutions des coupes; par ce moyen on trans

formera les produits ne trouvant plus de débouchés suffisants en bois de service et d'industrie, on reconstituera la futaie, enfin on rattachera le propriétaire à sa forêt, dont l'extension et la conservation seront un bienfait public. Toutes autres mesures de protection, si bonnes soientelles, ne sauraient avoir d'effet qu'après l'application de ce remède.

En résumé :

Réduire l'impôt, c'est sauver la forêt.

15 décembre 1912.

GOUGET.

LE BOSTRICHE TYPOGRAPHE

Le bostriche typographe est considéré généralement comme un insecte monophage, dont les ravages s'exercent exclusivement sur l'épicéa. Cette année nous l'avons rencontré en abondance sur le mélèze dans la forêt communale des Houches (Haute-Savoie). Une avalanche, provoquée en janvier par la chute d'un bloc de glace détaché d'un glacier supérieur, a déterminé un courant d'air qui a renversé sur les deux versants du torrent du Bourgeat 2.200 épicéas et mélèzes. Un grand nombre de ces arbres ont conservé une certaine adhérence au sol, ou, sur les racines, un volume de terre suffisant pour permettre un début de végétation au printemps et c'est ainsi que le mélèze a mis ses feuilles nouvelles. Il y avait là pour le bostriche typographe un emplacement de ponte très favorable et bien que les années précédentes l'insecte n'existat qu'à l'état sporadique, il apparut en abondance dès les premières chaleurs.

Dans cette partie de la forêt, la neige disparaît à la fin de mai : au 15 juin, au moment de la reconnaissance des chablis, tous les mélèzes sans exception étaient attaqués. La surprise fut grande pour les agents de l'Inspection de Bonneville. Nous devons dire d'ailleurs que jamais nous n'avons constaté le bostriche typographe sur le mélèze debout; mais peut-être faut-il attribuer ce fait à la vigueur exceptionnelle de cette essence dans les conditions les plus difficiles et aux âges les plus

avancés.

Ce qu'il y a de particulièrement remarquable dans l'invasion de bostriches aux Houches c'est que l'épicéa était presque indemne. Toutefois les insectes, dont la destruction ne put être achevée à la fin de juillet

et qui sortirent des mélèzes, se portèrent sur les épicéas. Ainsi non seulement le mélèze a été attaqué par le bostriche typographe, mais il a été préféré à l'épicéa. Ce fait paraît tout à fait singulier. Peut-être faut-il l'attribuer, d'une part à la vigueur relative de l'épicéa qui a pu végéter dès les premiers jours du printemps et d'autre part au dépérissement plus marqué du mélèze qui usait sa première sève à former ses feuilles. L'attaque s'est produite sur les arbres déracinés comme elle se serait produite sur les arbres debout: c'est à la hauteur des premiers verticilles que l'insecte s'est tout d'abord introduit. De là il a gagné la cime et les grosses branches, laissant indemne le tronc, plus riche en sève. Nous avons pu voir à diverses reprises et sur plusieurs mélèzes, les femelles tuées par l'excès de sève dans le fût, avant d'avoir pu achever leur galerie de ponte. Peu à peu, cependant, l'insecte est descendu jusqu'à la souche.

Seule la partie supérieure du tronc, exposée au soleil, a été attaquée; la face inférieure, regardant le sol, est restée intacte. Ce fait s'explique aisément par la nécessité de la chaleur dans le développement de l'insecte. Il faut également le rapporter, croyons-nous, à l'abondance relative de la sève sur la face inférieure à laquelle correspondait un ensemble de racines mieux en contact avec le sol et par suite mieux pourvues de terre et d'humidité.

M. Martin, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, en effectuant la révision d'aménagement de la forêt de Vallorcine, a constaté que tous les chablis, épicéas ou mélèzes, et particulièremant ceux de cette dernière essence, étaient envahis par le bostriche typographe. Au 2 septembre 1912, date de ses observations, seuls les chablis les mieux exposés (au soleil, à l'abri) présentaient des bostriches de deuxième génération adultes. Sur la grande majorité des chablis atteints, la deuxième génération n'était qu'à l'état de chrysalide ou de larve. Une grande quantité de celles-ci, défavorablement influencées par la fraîcheur et l'humidité de l'été, étaient envahies par les moisissures ou déjà mortes.

Selon M. Martin, la possibilité de l'invasion du mélèze par le tomicus typographus a été notée par certains auteurs compétents. Le fait est cependant peu connu, croyons-nous, et c'est pourquoi il nous a paru digne d'être signalé.

REY.

FORÊTS COLONIALES

LE CAOUTCHOUC A MADAGASCAR

VÉGÉTAUX PRODUCTEURS.

CAOUTCHOUC.

RÉCOLTE ET PRÉPARATION DU MULTIPLICATION DES LIANES EN FORÊT.

POSSIBILITE D'AMÉNAGER UNE FORÊT CAOUTCHOUTIFÈRE.

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Bien avant la conquête de Madagascar par la France, les négociants. installés dans l'île exportaient du caoutchouc, qu'ils obtenaient des indigènes par voie d'échange. La précieuse gomme était exclusivement récoltée en forêt par des procédés très primitifs, nuisibles à la conservation des végétaux producteurs. Ces procédés sont malheureusement encore employés de nos jours.

Les forêts de la Grande Ile renferment de nombreuses plantes laticifères. Ce sont des lianes, des arbres ou des arbustes appartenant aux familles des Apocynées, des Asclépiadées et des Euphorbiacées.

Côte ouest.

Les espèces varient beaucoup suivant les régions. La côte ouest est riche en plantes à caoutchouc. Les différentes espèces sont actuellement à peu près toutes connues grâce aux persévérantes recherches de M. Perrier de la Bathie. Le genre Landolphia, d'après ce botaniste, serait représenté :

1o Par le « Piralahy », « réhé » ou « Vahelahy » (Landolphia Perrieri) des Sakalaves. C'est une liane abondante dans toutes les forêts de Bouéni, du Ménabé, de Majunga, dans les vallées de l'Ikopa et de la Betsiboka. Elle peut atteindre 10 à 15 centimètres de diamètre à la base. Le latex obtenu par incision est abondant, acide, blanc ou légèrement rosé, de conservation facile. Les Sakalaves exploitent généralement les fianes à la saison des pluies.

2o Le « Reiboa» (Landolphias phærocarpa) habite les bassins de la Sofia et du Bemarivo.

Cette liane demande un sol fertile et humide. Aussi ne la rencontre-ton que dans les alluvions des bords des cours d'eau. Son tronc est plus gros que celui du « Piralahy ». Elle donne un latex abondant, blanc rosé; les Sakalaves le récoltent également pendant la période des pluies

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