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(André-Pierre); Fabre (Jean-Louis-Michel-Roger); Ruban (Yves-Joseph); Le Harivel de Gonneville (Etienne-André-Marie-Gérard); Gazin (François-Xavier-Marie); Chair (Louis-Lucien-André); de Maistre (AndréMarie-Louis-Ghislain-Ignace); Derodé (Marie-François-Bénédict-Hubert); de Pardieu (Charles-Marie-Yves); Bretonnet (Frédéric-GeorgesEdmond-François).

Par arrêté du même jour, M. Martineau (René-Félix), élève sortant de l'école polytechnique, a été nommé élève à l'Ecole nationale des Eaux et Forêts (hors rang).

Forêt d'Eu. Le projet de loi portant autorisation pour l'Etat et le département de la Seine-Inférieure d'acquérir la forêt d'Eu par expropriation a été voté par les deux Chambres.

L'Etat supportera les 9/10 des dépenses d'acquisition, sans que toutefois la somme mise à sa charge puisse excéder 10 millions. Le surplus des dépenses restera à la charge du département.

Voilà donc l'Etat engagé dans une ère nouvelle, celle des acquisitions de forêts. Nous ne pouvons que nous en féliciter, puisque la Revue s'est largement associée à la campagne menée en faveur de l'achat de l'important domaine d'Eu, par l'Administration des Eaux et Forêts. L'expérience n'ira pas sans quelques difficultés; elle en est d'autant plus intéressante, car elle créera un précédent qui, souhaitons-le, ne restera pas isolé.

Toutes réserves faites au sujet de la mesure d'expropriation qui est critiquable, mais à laquelle le ministère de l'Agriculture s'est trouvé acculé malgré lui,la combinaison qui intéresse le département à l'opération est en tous points heureuse. C'est une solution élégante, faisant honneur à ceux qui l'ont conçue.

Restauration et conservation des terrains en montagne. Dans sa dernière séance de la session, le Sénat a voté en première délibération la proposition de loi ayant pour objet de modifier et compléter la loi du 4 avril 1882 relative à la restauration et à la conservation des terrains en montagne, en vue d'assurer le reboisement du sol de la France.

C'est l'ancienne proposition Fernand David, rapportée au Sénat par M. Vagnat.

Un

Réorganisation du Conseil supérieur de l'Agriculture. décret en date du 15 juillet 1913 a organisé sur de nouvelles bases le Conseil supérieur de l'Agriculture.

Le dernier décret relatif à la constitution du Conseil supérieur datait du 4 mars 1893; il avait institué qu'en outre des cent membres désignés par le ministre de l'Agriculture, il serait composé de membres de droit, ces derniers (non compris dans le chiffre maximum fixé antérieurement) étant choisis parmi les hauts fonctionnaires des administrations politiques, parmi les membres des corps savants et les représentants des grandes sociétés d'agriculture qui, par leur situation et leur compétence, paraissaient désignées pour prendre part aux délibérations et aux travaux de la haute assemblée.

L'innovation actuelle consiste en ce qu'à l'avenir, l'Agriculture aura des représentants nommés à l'élection. A ce titre, l'Administration des Eaux et Forêts aura les siens, car ces délégués élus seront choisis dans les deux groupes suivants :

1° Corps constitués et principaux groupements agricoles;

2o Services extérieurs du ministère de l'Agriculture.

L'article 2 du nouveau décret prévoit en conséquence que les représentants des services extérieurs, élus par leurs collègues et pris parmi

eux, seront:

Un directeur des services agricoles;

Un membre du personnel directeur ou enseignant de l'Institut national agronomique;

Un membre du personnel directeur ou enseignant des écoles nationales d'agriculture;

Un membre du personnel directeur ou enseignant des écoles pratiques d'agriculture ou des écoles ménagères;

Un membre du personnel directeur ou enseignant des écoles nationales vétérinaires;

Un membre du personnel directeur ou enseignant de l'école forestière;

Un représentant des services forestiers, inspecteurs généraux, conservateurs, inspecteurs et gardes généraux;

Un représentant des inspections générales des services de l'hydraulique et des améliorations agricoles;

Un représentant de l'inspection du crédit mutuel et de la coopération agricoles;

Un représentant des services sanitaires vétérinaires;

Un représentant de l'inspection générale des haras;

Un représentant de l'inspection régionale de la répression des fraudes. Les membres nommés par décret comprennent 60 notabilités de la

pratique agricole, 15 notabilités de la science pure ou appliquée à l'agriculture, 25 notabilités des sciences économiques ou sociales.

Les membres de droit sont des représentants du Parlement (4 présidents de commissions), le président de la section de l'Agriculture au conseil d'Etat, des hauts fonctionnaires des ministères de l'Agriculture, des Finances, du Commerce, des Affaires étrangères et des Travaux publics. Le Directeur général des Eaux et Forêts est donc membre de droit.

Les membres du Conseil supérieur de l'Agriculture sont élus ou nommés pour trois ans. Leurs fonctions sont gratuites; dans certains cas cependant il sera alloué des indemnités de déplacement.

Le conseil est présidé par le ministre de l'Agriculture, assisté de deux vice-présidents élus par le Conseil, et du chef de l'office des renseignements agricoles qui remplit les fonctions de secrétaire. Dans chaque direction un fonctionnaire est désigné par le Ministre, à titre de secrétaire adjoint rapporteur, chargé de préparer les dossiers des affaires concernant son service qui sont renvoyées devant le Conseil.

Le Conseil se réunit au moins une fois par an. Hors sessions, il est représenté par une commission permanente prise dans son sein.

Mérite agricole. Un décret du 30 juillet 1913 (Journal officiel du 3 août) a modifié les conditions dans lesquelles pourraient être attribuées les décorations du Mérite agricole. Il a été pris, en vue de donner satisfaction à un projet de résolution voté par le Sénat, tendant à ce que le contingent des croix à accorder soit strictement limité.

Les promotions ou nominations seront numérotées en deux séries annuelles, l'une au titre de mouvements d'ensemble, l'autre au titre des solennités. Les décrets et arrêtés devront indiquer le nom et le domicile des bénéficiaires, ainsi que son numéro d'ordre dans la série, le tout sous peine de nullité.

Semestriellement le contingent sera, pour la métropole, de 30 commandeurs, 300 officiers, 3.000 chevaliers; pour l'Algérie, les colonies et les pays de protectorat, 2 commandeurs, 20 officiers et 200 chevaliers.

Le parc national Suisse. A l'occasion de la création, à la Bérarde, d'un parc national français, il a été souvent question de la réserve établie en Suisse, au val de Clozza, dans la Haute-Engadine.

C'est en 1907 que fut conçu le projet. Il fut réalisé par le Naturschutz ou ligue pour la protection de la nature, sous-section de la société helvétique des sciences naturelles, fondé dans le courant de janvier 1909. La même année un bail fut conclu avec la commune de Zernez, pour

25 années. Moyennant une redevance annuelle de 1.400 francs, cette commune s'engageait à n'exécuter aucune coupe dans tout le val de Clozza. Le parc national était ainsi créé grâce au Naturschutz, qui compte actuellement 16.000 membres.

La Confédération promit son appui financier, sous réserve que la durée du bail serait notablement augmentée. Elle fut portée à 99 ans. La Confédération a prévu un subside annuel de 18.200 francs, qui pourra s'élever à 30.000 francs, au fur et à mesure que s'agrandira le parc. La superficie totale pourra être ainsi portée à 20.000 hectares.

Fête de l'Arbre. de l'Ain célèbre, chaque année, une fête de l'arbre. Jusqu'à présent, elle choisissait pour cette cérémonie une commune de la montagne; elle a voulu, cette fois-ci, et avec raison, étendre son action à la partie basse du département, aux régions de la Bresse et du Revermont, plaine et coteaux, dans lesquelles il y a beaucoup à faire au point de vue du reboisement, et qui présentent de grandes surfaces improductives, que la culture forestière peut, seule, mettre en valeur.

La Fédération des Sociétés scolaires forestières

La fête de 1913 a donc eu lieu, le 29 juin dernier, à Jasseron, commune située à 7 kil. de Bourg, à la limite de la plaine de Bresse et des premiers chaînons du Revermont; elle a été servie par un temps agréable et sa réussite a été complète.

L'assistance nombreuse, dans laquelle on comptait plusieurs personnalités politiques et quelques dames, a participé tout d'abord à la plantation de l'arbre symbolique (un tilleul); elle a visité avec intérêt la pépinière très soignée de la Société scolaire forestière de Jasseron. Le programme comportait ensuite une conférence de l'inspecteur des Eaux et Forêts à Bourg. Cet agent a indiqué les avantages du reboisement à tous les points de vue climatérique, hydrologique, économique et financier; il a fait ressortir par quelques exemples, avec chiffres à l'appui, le bénéfice certain que procure cette opération, réalisable sans beaucoup d'efforts.

Au banquet (complément indispensable de toute fête bien organisée!), de nombreux discours ont été prononcés, tous exaltant la forêt et prêchant le reboisement; le délégué de la Société forestière de Franche-Comté et Belfort, ancien forestier, a vivement recommandé l'allongement de la révolution dans les taillis, recommandation bien à sa place dans une région où l'on exploite en général à 15 ans.

Une distribution de récompenses, dans laquelle les préposés forestiers ont eu leur part, a clos joyeusement cette charmante fête, dont le

souvenir sera durable et qui aura certainement pour résultat de développer dans le pays les travaux de reboisement et de favoriser la création de nouvelles sociétés scolaires forestières.

P. R.

Le congrès forestier apprécié par les journalistes. Junius, dans l'Echo de Paris, se livre à des réflexions assez justes sur le dernier congrès forestier. Qu'on en juge par ces extraits :

Le congrès s'est déplacé : il a quitté les boulevards pour aller prendre des leçons pratiques. On lui a montré des forêts, et même il a pu comparer des forêts saccagées à des forêts aménagées. Il n'est guère d'enseignement meilleur que celui qu'on reçoit des arbres. Les arbres qui vivent en société sont soumis à des lois strictes, comme les sociétés humaines. Quand il s'agit des arbres, le bon public en est encore, la plupart du temps, à cette vieille utopie de Jean-Jacques, pour qui la nature ne devait pas être contrariée, contrainte, et distribuait d'elle-même les fruits nécessaires. Si on admet encore, pour les céréales, certaines obligations de culture, on croit volontiers que les arbres poussent tout seuls, et l'on a pu entendre à la Chambre certains de nos députés, mêlant les idées justes et les idées fausses avec leur incompé tence coutumière, se prendre tout à coup d'un beau zèle pour la défense des forêts et protester au petit bonheur contre des coupes qui dévastent et contre des coupes de conservation. Car il y a des coupes de conservation. Une forêt a ses récoltes, comme un champ, mais elles sont plus lentes, et il importe de ne pas les perdre. Ronsard, qui descendait des sergents fieffés de la forêt de Gâtine, c'est-à-dire des gardes forestiers, comme l'a montré son plus récent biographe M. Henri Lognon, et non point d'un marquis bulgare, ainsi qu'il le prétendait, ne s'y est pas trompé, et s'il arrête le bras du bûcheron, c'est que le bûcheron doit tout abattre : Tu deviendras campagne, dit-il au bois menacé. Il ne serait pas parti en guerre pour une coupe d'aménagement et ne se serait pas apitoyé par sentimentalisme sur des arbres abattus avec méthode. Un autre poète, de moindre envergure certes, mais qui, lui aussi, descendait d'ancêtres forestiers et s'était promené tout petit sur les collines boisées de l'Argonne, André Theuriet, a très bien dit :

Un peuple sans forêts est un peuple qui meurt.

Car la forêt représente d'une façon saisissante la continuité et la solidarité des générations....

........Un champ, c'est la sueur d'un homme, mais une forêt, c'est la subordination de toute une série d'hommes à la même tâche gouvernée par les mêmes règles. Elle oblige à prévoir à longue échéance, comme toute vraie politique l'exige. Elle condamne les parasites et les gêneurs. Elle apprend à couper les taillis, comme à respecter les baliveaux qu'il faut laisser croître en futaie. Il n'y a pas que les congrès forestiers qui devraient visiter les forêts; elles pourraient donner de bonnes leçons à nos petits hommes d'Etat qui ne comprennent pas qu'on doit travailler pour un avenir qu'on ne verra pas: toute grande œuvre est à ce prix.

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