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A titre transitoire, le rappel de solde et d'ancienneté ne serait que de 8 mois pour la promotion 1913 et 16 mois pour la promotion 1914 pour atteindre 24 mois en 1915.

En 1915 et années suivantes, les 18 élèves de l'Ecole forestière comprendraient to agronomes et polytechniciens bénéficiant du rappel de solde et d'ancienneté de 2 ans et 8 élèves entrés directement.

Rien n'empêcherait d'ailleurs, si les besoins du service le permettaient, de diminuer de moitié le nombre des places réservées aux agronomes et polytechniciens et d'augmenter d'autant le recrutement direct.

DINNER.

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RAPPORT DE M. Tapie, déléguÉ AU TITRE DE LA 22o CONSERVATION. 1. Ecole forestière. On ne peut, sans nuire considérablement à l'Instruction professionnelle des futurs agents, réduire le séjour à l'Ecole de Nancy.

La suppression de quelques cours, en double emploi avec ceux de l'Agro, ferait-elle gagner 5 ou 6 mois ? Ce serait bien insuffisant. It faudrait gagner 10 mois au moins et cela nous paraît difficile, pour ne pas dire impossible.

Quant au recrutement des agents parmi les élèves de l'Agro, il faut, à notre humble avis, y renoncer totalement à moins qu'on ne veuille faire machine en arrière et avoir un personnel dont l'instruction professionnelle laisserait à désirer... ou bien il faudrait alors transformer l'Institut agronomique et y créer 2 sections distinctes: l'une agricole, l'autre forestière. Ce serait un Institut agronomique et forestier.

L'enseignement à Nancy est à la fois théorique et pratique. Il n'en serait pas de même si l'Agro était uniquement chargé de former les futurs officiers des Eaux et Forêts.

L'art du forestier exige de vastes connaissances théoriques, c'est indiscutable; mais la pratique est absolument indispensable en beaucoup de matières... Il faut donc que l'Ecole chargée de former les futurs agents soit, comme avant 1888, une Ecole spéciale où les élèves - d'où qu'ils viennent, Ecole polytechnique, Agro, recrutement direct, service même!! reçoivent une instruction forestière complète, théorique et pratique, sans qu'on ait à se préoccuper des connaissances possédées par ces élèves au moment de leur admission à Nancy.

Une Ecole spéciale, disons-nous, et non une école d'application,

peut seule former des forestiers. Il nous paraît inutile d'insister làdessus.

Pendant 33 ans, nous avons été en contact avec des agents de tout grade, de toute origine, et un bon nombre d'entre eux se sont distingués et signalés dans tous les postes où ils sont passés. C'est dire que nous en avons vu beaucoup à l'œuvre et que nous avons pu nous faire une opinion sérieuse sur les connaissances et les aptitudes que doit posséder un bon forestier.

Aussi, notre avis est-il que l'Ecole de Nancy doit être maintenue et que son recrutement actuel doit être abandonné. Il faut revenir au Concours, avec réserve chaque année de 1 ou 2 places pour des élèves de Polytechnique ou de l'Agro.

Le recrutement par voie de concours a ses partisans et ses détracteurs; mais notre origine nous permet d'exprimer une opinion basée sur une longue expérience du service et du métier, opinion absolument indépendante et désintéressée, puisque nous venons du rang.

Nous avons vu débuter un grand nombre d'Agents sortis de l'Ecole de Nancy, ancien style, et d'autres venant de l'Ecole d'application en exercice depuis 1888, et nous sommes obligé de déclarer, en toute conscience, que, d'une façon générale, à leur arrivée dans les cantonnements, les premiers possédaient des connaissances professionnelles bien supérieures à celles que l'on constate chez la majeure partie de leurs camarades issus de l'Ecole d'application.

Nous ne croyons pas pouvoir nous appesantir davantage sur ce point. Nous relatons simplement ce que nous avons constaté et d'autres avec

nous.

II.

-Institut Agronomique.

La moitié, sinon davantage, des cours de l'Agro, sont, dit-on, inutiles ou à peu près. Cela n'a rien de surprenant.

Si, en 1888, Nancy a été transformé en Ecole d'application de l'Agro, c'est qu'il fallait, entre autres choses, donner plus de relief à l'Institut et en accroître les débouchés. N'avait-on pas aussi parlé de ce moyen comme étant le seul capable de démocratiser l'Administration des Eaux et Forêts?

La réorganisation de 1888 fut au reste préparée et soutenue par des anciens agros, dans un organe spécial qui disparut le jour même ou le fameux décret Viette fit son apparition.

Quoi qu'il en soit, ce qui n'est pas niable, c'est que le 2 années

d'Agro, jointes à celles de Nancy, fatiguent considérablement les futurs agents dont quelques-uns arrivent ensuite dans le service éreintés, fourbus, n'aspirant plus qu'au repos et aux distractions dont ils ont été à peu près complètement privés pendant près de 4 années consécutives. Voilà peut-être la raison pour laquelle, sitôt leur stage achevé, le plus grand nombre, presque tous, recherchent une bonne résidence: cheflieu de département ou d'arrondissement, et surtout un poste pea chargé...

Nous avons connu, avant 1888, beaucoup d'agents qui, malgré leurs titres de noblesse et les rentes dont ils jouissaient, s'accommodaient du petit chef-lieu de canton où l'Administration avait jugé à propos de les faire débuter; souvent c'était un petit village, coin perdu dans la montagne, à 30, 40 ou 50 kilomètres d'une station de chemin de fer.

Notre distingué Président de l'Association et quelques-uns de ses camarades pourraient parler de ces résidences que les jeunes refusent aujourd'hui ou qu'ils acceptent difficilement, bien que les facilités de communication ait considérablement augmenté dans ces dernières

années.

Les cours de l'Agro ne sont pas tous utiles à un forestier, avons-nous entendu souvent répéter, sauf à ceux qui, dans la suite, se spécialisent et se livrent à l'étude approfondie de quelques branches de la science agronomique.

Ce qui est indiscutable, c'est que les avantages du passage par l'agro ne sont nullement en rapport avec les gros sacrifices d'argent et de temps imposés aux élèves; et les connaissances agronomiques les plus utiles et celles indispensables à un forestier pourraient fort bien faire l'objet de cours spéciaux à Nancy, ainsi que cela avait lieu autrefois, lorsque M. Grandeau professait un cours d'agriculture.

Nous connaissons quelques parents qui ont renoncé à faire présenter leurs fils à l'Agro, à cause de l'incertitude sur l'admission à Nancy. Résultats du régime actuel. Au point de vue sciences naturelles, le niveau intellectuel des agents forestiers s'est un peu relevé dans ces dernières années; mais en ce qui concerne les sciences mathématiques l'art de l'Ingénieur et surtout les connaissances professionnelles proprement dites, on n'en peut dire autant.

Conclusion. Notre avis personnel est le suivant :

1° Impossibilité absolue d'obtenir une réduction efficace du séjour à Nancy;

2o Le maintien et la réorganisation de l'Ecole forestière s'imposent plus que jamais; mais son recrutement doit se faire par voie de concours, comme avant 1888.

TAPIE.

RAPPORT DE M. DELAHAYE, DÉLÉGUÉ POUR LA 24e CONSERVATION. Depuis sa fondation jusqu'en 1889, l'Ecole forestière s'est recrutée par concours direct. Deux décrets, l'un du 1er novembre 1852, reproduit par celui de 1873, l'autre du 6 mai 1882, réservaient respectivement deux places, l'une aux élèves de l'Ecole Polytechnique, l'autre aux élèves de l'Institut Agronomique.

Un décret du 9 janvier 1888, encore en vigueur, stipule que les élèves de l'Ecole forestière se recruteront parmi les élèves diplômés de l'Institut Agronomique, exception faite des deux places réservées aux élèves de l'Ecole Polytechnique.

Le but de cette réforme était à la fois d'infuser un sang nouveau au Corps forestier, qu'on jugeait trop fermé, de recruter les jeunes agents. dans un milieu rural en vue de leur rendre moins pénibles les modestes résidences de début, de développer les connaissances en sciences naturelles des futurs agents forestiers, enfin, et peut-être surtout, d'assurer des débouchés et par suite des candidats à l'Institut Agronomique dont l'existence était encore précaire.

Nous examinerons tout d'abord si le maintien du recrutement actuel se justifie à ce quadruple point de vue, puis nous exposerons les inconvénients qu'il nous paraît présenter, enfin nous présenterons la solution qui nous semble la plus avantageuse, tant pour l'Administration. forestière que pour ses agents.

Sans rechercher ce qui pouvait être fondé dans le reproche fait alors au Corps forestier d'être trop fermé, nous pouvons, sans crainte d'être contredit, affirmer que le retour au recrutement direct n'exposerait nullement à ce reproche. La diffusion de l'instruction de plus en plus. grande depuis vingt-cinq ans dans toutes les classes de la société a permis à tous les jeunes gens le libre accès de toutes les carrières de l'Etat. La large part faite au recrutement secondaire et la camaraderie et la cordialité de plus en plus grandes entre agents forestiers de toutes origines ne permettent aucune crainte sur ce point.

Le second but poursuivi par le recrutement à l'Institut Agronomique

était de prendre dans un milieu d'agriculteurs des hommes habitués à la vie à la campagne et qui accepteraient plus volontiers les mauvaises résidences affectées à un assez grand nombre de postes. Ce but n'a pas été atteint, au contraire. Les ruraux sont en effet une petite minorité parmi les élèves de l'Institut Agronomique et après deux ans d'existence à Paris comme externes, les élèves de l'Ecole forestière sont ainsi portés à trouver déjà bien étroits les boulevards de Nancy; plus tard les communes et chefs-lieux de cantons leur sont des résidences insupportables dont ils ont une hâte fiévreuse de sortir. Un tel état d'esprit n'existerait pas chez des jeunes gens qui, issus d'un concours direct, apprécieraient au sortir du lycée la demi-liberté du régime de l'Ecole fores tière et à qui le premier goût de la liberté rendrait moins amers les postes de début. Plus jeunes et moins fatigués, ils seraient plus susceptibles de s'enthousiasmer pour leur métier et de s'y absorber.

Le programme d'admission édicté en 1885 (circ. 356) et qui, à l'inverse de celui de 1865 précédemment en vigueur (circ. 3), ne faisait aucune place aux sciences naturelles, a peut-être contribué de façon décisive à l'accusation portée contre les agents forestiers de ne pas les connaître assez à fond. Mais pour échapper à ce reproche point n'est besoin de passer par l'Institut Agronomique. Il suffit que le programme d'admission fasse une assez large place à ces sciences.

Quant aux débouchés, il ne semble pas qu'actuellement l'Institut Agronomique ait besoin pour vivre de celui que lui donne le recrutement de l'Ecole. Le fait d'avoir survécu à la perte du privilège que lui conférait la loi de recrutement de 1889 prouve que son existence est désormais assurée et elle le sera encore davantage s'il est compris an nombre des grandes écoles civiles qui recevraient d'une loi prochaine le privilège de la militarisation. Dans ces conditions, on peut sans crainte envisager l'éventualité d'un retour au recrutement direct de l'Ecole forestière, d'autant que l'état de choses actuel est préjudiciable à la fois aux forestiers et à l'Etat.

Le passage par l'Institut Agronomique augmente de deux ans la durée des études avant l'entrée à l'école et le surmenage qui en résulte, ainsi que l'aléa énorme à courir sont lourds à supporter et écartent beaucoup de candidats. Le fait de ne pouvoir se présenter qu'une fois seulement, au moment de la sortie de l'Institut, est décourageant.

D'autre part, les deux années d'études à Paris comme externe sont fort dispendieuses et retardent d'autant le jour où un jeune homme

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