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être vus, ils seront préservés ou guéris de la fièvre.

En Bretagne, surtout où les pierres druidiques sont communes, leur culte n'est pas encore entièrement éteint dans les endroits où le peuple a le mieux conservé ses anciens usages.

Pour le département de la Manche, je n'ai pas connaissance qu'aucune pierre druidique, ou autre, soit, pour quelques habitans, un objet de culte ou de vénération, quoique des traditions superstitieuses se rattachent à beau-, coup d'entre elles.

Ce que nous avons cité du concile de Nantes, tenu en 658, explique très-bien pourquoi certaines pierres druidiques et même des pierres itinéraires des Romains ( qui furent souvent, pendant les siècles d'ignorance, des objets de superstition) se trouvent fréquemment dans des positions et dans des endroits qui indiquent que les pierres avaient été enterrées pour les soustraire au culte superstitieux des peuples.

En parlant des galeries couvertes des Forges et de Câtillon, situées à Bricquebec, dans la forêt, nous avons remarqué qu'on a jeté de la terre et même des roches dans leur intérieur pour les obstruer, et qu'on avait creusé le long des jambages pour les renverser. On ne peut douter que nos galeries couvertes n'aient été renversées et ruinées pour arrêter le culte superstitieux que les habitans continuaient à leur rendre en secret et sans doute la nuit. Après le premier bouleversement, la vénération qu'on avait pour ces monumens

ayant insensiblement diminué, ils ont fini par être oubliés, surtout ceux qui étaient cachés dans des bois retirés, et les habitans perdant enfin tout respect pour les temples de leurs aïeux, en ont emporté une partie des pierres pour s'en servir à divers usages; ce qui a encore bien contribué à achever de les ruiner, et en a même fait disparaître sans doute un certain nombre dans notre département.

Dans notre pays, ces diverses espèces de vandalisme semblent s'être surtout attachées à ruiner les galeries couvertes, sans doute parce que ces monumens étaient les mieux connus et consacrés plus spécialement à un culte superstitieux. Je n'ai rien remarqué aux autres monumens druidiques du département, qui indique qu'on ait cherché à les renverser ; mais il est bien probable que beaucoup de ces monumens qui existaient anciennement dans notre pays, ont été détruits par plusieurs motifs.

Il est vraisemblable que le culte druidique s'est conservé, dans notre département, assez Join dans le moyen-âge. Ce pays isolé, et alors sans doute couvert de forêts, de landes et de marais, fut pendant long-temps en quelque sorte séparé de la France et abandonné aux Barbares du nord qui s'en étaient emparés en grande partie, peuples qui, comme on sait, etaient payens et dont la religion avait bien de la ressemblance avec le druidisme: ces diverses causes nous paraissent avoir été fort favorables à la conservation des rites de cette religion et de ses monumens dans nos contrées,

surtout dans la presqu'île du Cotentin. Les Normands s'étant ensuite convertis à la religion chrétienne, le zèle des pasteurs et des princes triompha enfin du paganisme, et tout le royaume devint chrétien..

PIERRE LE FILLASTRE, de Bricquebec.

ERRATA, (1)

Annuaire de 1833. Page 224, ligne 7, rochers, lisez roches, Id. ligne 17, longueur lisez largeur. P. 225, lig. 32, Ils sont, lisez Ici ils sont. P. 226, lig. 13, Menhir de SaintSauveur le-Vicomle, lisez de Rauville-la-Place. L. 17, 18 et 19, effacez les mots Je présume qu'il est placé sur Saint-Sauveur-le-Vicomte. P. 228, lig. 4, Menhir, lisez Menhirs. Ib. 27, deux, lisez neuf. P. 230, à la, lisez à le.. P. 231, lig. 1, les, lisez ces. Ib. lg. 15, pierre-aux-magniants, lisez pierre-au-magniant.. P. 234, 1. 24, et celles, lisez et celle. Ib. 1. 27, les, lisez ces. P. 238, l. 10, Kirker (Ædip., lisez Kircher (dip. Ib. 1. 11, lui-mêms, lisez

(1) Note de l'imprimeur de l'Annuaire. Sur la demande de M. Pierre Le Fillastre, nous mettons ici un long Errata de la re partie de son Mémoire sur les monumens druidiques de la Manche, imprimé dans l'Annuaire de 1833. Nous devons dire, pour l'acquit de notre conscience d'im primeur, qu'après avoir revu le manuscrit, nous n'avons pas à nous accuser de toutes les fautes signalées par l'anteur. Quoi qu'il en soit, nous nous rendons au désir de M. Le Fillastre, en donnant ici ses rectifications, et nous prions toutes les personnes qui trouveraient des fautes dans nos impressions, de nous les signaler au plus tôt. Nous prions également toutes celles qui destinent quelque œuvre à la presse, de soigner un peu leur copie. Cette précaution aura pour résultat que l'imprimeur sera content de l'auteur, et l'auteur de l'imprimeur.

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tui-même. Ib. 1. 12, les, lisez ces. Ib. 1. 14 de, lisez du. Ib. effacez du dernier paragraphe de la citation les Guillemets et placez-en au er paragraphe de la note. P. 241, I. 20 rochers, lisez roches. Ib. 1. 27, rochers, places, lisez roches placées. P. 244, 1. 28, roches lisez rochers. P. 246, l. 33, ces, lisez ses. P. 247, l. 5, N. O., lisez N. E. Ib. l. 32, de 2, lisez des 2. Ib. 1. 34, a, lisez lạ. P. 250, 1. 16 et 17, ou à des sujets d'adoration, lisez ou des objets d'adoration. P. 251, I. 23, rochers, lisez roches. P. 252, l. 8, N. O., lisez au N. O. P. 253, l. 14, rochers, lisez roches. P. 256, 1. 24, et presque, lisez et que presque. P. 258, 1. 12, que les, lisez que ces. Ib. 1. 25, après le mot source placez un point, et placez une virgule après le mot imilés de la ligne 26. P. 259, I. 4, Canville, lisez Couville. Ib. 1. 26, pont, lisez port. P. 262, l. 1, lingots, lisez lingot. Ib. 1. 8, que le, lisez que ce,

VARIÉTÉS HISTORIQUES.

FRAGMENT

DE L'HISTOIRE MERVEILLEUSE DU DÉPARTEMENT DE LA MANHCE.

Prise du Château de Pirou par les Normands de Rollon. Métamorphose de ses habitans.

Il existe sur le bord de la mer, entre Coutances et Lessay, un château nommé

Pirou, dont l'origine se perd dans la nuit. des temps. Maintenant au milieu d'une plaine nue, aride, exposée aux vents de la mer jadis il était entouré de hautes forêts. C'est un fait dont M. de Gerville a trouvé la preuve dans les anciens titres de la châtellenie. La cause probable de ce changement dans la nature du terrein est le rapprochement de la mer qui incontestablement, depuis un temps immémorial, dévore par degrés les rivages de la presqu'île du Cotentin, et dont les vents, comme il est notoire, sont si funestes à la croissance des arbres. Quoi qu'il en soit, voici ce qu'un auteur du siècle de Louis XIV, connu sous le nom de Vigneul-Marville, et le savant Bullet, dans son Dictionnaire celtique, nous racontent qui arrivait de leur temps au château de Pirou, fait singulier que le premier de ces auteurs déclare tenir du seigneur de ce château même.

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Au printemps de chaque année, une grande quantité d'oies sauvages, venant des marécages voisins s'abattaient dans les cours et les fossés du château pour y faire leurs petits. Les habitans avaient soin de préparer à ces hôtes des nids commodes avec de la paille. Pendant leur séjour, ces volatiles parcouraient avec la plus grande familiarité le. château et les jardins. Quand les petits étaient assez forts pour s'envoler, toute la colonie disparaissait dans une nuit sans qu'on s'enaperçût, et c'était pour jusqu'à l'année suivante. Voilà ce que nous trouvons attesté comme chose constante et vérifiée. Maintenant voici, d'après les mêmes auteurs,,

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