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ment par l'Angleterre sur une institution sanitaire internationale qui défend l'Égypte, le bassin de la Méditerranée et l'Europe contre l'invasion de la peste et du choléra et qui à plusieurs reprises a empêché le choléra de franchir le Canal de Suez.

Cette translation serait d'ailleurs assez inopportune au moment où la peste vient d'éclater à Djeddah. Il faut renforcer encore le Conseil et non l'affaiblir.

Je le répète, le transfert serait l'annihilation complète de l'indépendance du Conseil, sa destruction.

J'ajouterai que les compagnies de navigation ont leur siège et leurs agents principaux à Alexandrie, le grand port de l'Égypte. Il y a entre eux et le Conseil des rapports journaliers.

Alexandrie est la ville du commerce. A côté des agences de navigation Alexandrie est encore le siège de l'administration générale des douanes égyptiennes, des ports et des phares avec lesquels le Conseil a bien plus à faire qu'avec les ministères du Caire.

La mission de la France dans cette nouvelle réunion a été comme toujours la défense de l'Europe contre l'importation des épidémies. C'est là le rôle humanitaire et civilisateur dont elle a l'habitude.

Ces principes de protection sanitaire sérieuse, sans entraves inutiles, que MM. Barrère, Brouardel et moi, avions fait prévaloir dans les trois Conférences antérieures sur la prophylaxie du choléra, forment aujourd'hui la base du droit public sanitaire de l'Europe.

La dernière Conférence de Paris de 1894 avait déjà, en ce qui concerne le choléra, complété au point de

vue de la législation sanitaire européenne les deux conventions de Venise et de Dresde. Son importance était considérable. Il s'agissait de protéger l'Europe contre des périls sans cesse renaissants. Aussi, les résolutions de la Conférence de Paris avaient-elles été votées presque toujours à l'unanimité. Quelques puissances cependant avaient entouré trop longtemps le vote final de restrictions.

La délégation française avait donc inscrit sur le programme de la nouvelle Conférence de Venise la ratification de la Convention de Paris de 1894.

L'Empire ottoman, qu'il s'agit cependant d'abord de protéger, comprenait mal ses véritables intérêts et résistait encore aux justes demandes de l'Europe qui réclamait toujours la création d'une commission issue du Conseil supérieur de santé de Constantinople.

Il rejetait aussi la juridiction consulaire en matière d'amendes.

Il s'était ainsi obstinément refusé à sanctionner des mesures contraires à ses préjugés quarantenaires. Il repoussait un système de surveillance qu'il considérait comme une nouvelle servitude étrangère.

La Grande-Bretagne craignant l'immixtion de l'Europe dans le régime sanitaire du golfe Persique, là où elle est maîtresse absolue par l'importance de son commerce et là où elle réclame certains territoires, refusait également de ratifier la Convention de Paris.

Ces oppositions ont cédé à Venise l'Angleterre et la Sublime Porte ont, sauf quelques modifications et quelques réserves, accepté l'instrument signé à Paris.

Notre programme comprenait encore:

L'interdiction pour cette année aux pèlerins des Indes de se rendre à La Mecque; enfin l'adaptation à la prophylaxie de la peste des conventions antérieures de Venise, de Dresde et de Paris.

Toutes ces conditions ont été réalisées et elles ont formé la substance de l'instrument signé à la dernière séance de la Conférence, le 19 mars.

En terminant une communication faite à l'Académie de médecine le 28 janvier 1897, trois semaines avant l'ouverture de la Conférence, je demandais:

1° La ratification par l'Angleterre et par la Turquie de la Convention de Paris;

2° L'interdiction pour cette année du départ pour La Mecque des pèlerins musulmans et surtout des pèlerins indiens;

3° L'application de notre Règlement de 1896. Son exécution rigoureuse me paraissait suffisante pour prévenir l'importation de la peste en France.

Or, l'Angleterre et l'Empire ottoman ont ratifié la Convention, l'Angleterre a interdit le départ pour La Mecque des pèlerins de l'Inde et la Conférence a adapté à la prophylaxie de la peste les conclusions des conventions de Venise, de Dresde et de Paris sur lesquelles est basé notre Règlement.

J'ajoutais à la fin de cette communication que, si chacun faisait son devoir, il y avait lieu d'espérer que l'Europe serait préservée; jusqu'ici il n'y a eu en Europe que les deux cas de Londres dont on a eu promptement raison.

A. PROUST.

LA DÉFENSE

DE

L'EUROPE CONTRE LA PESTE

ET LA

CONFÉRENCE DE VENISE DE 1897

PREMIÈRE LEÇON

LA PESTE EN CHINE.

I

Au mois de septembre 1896 la peste éclatait à Bombay. La misère et la famine, deux conditions habituelles du développement des épidémies, qui règnent à Bombay et dans toute l'Inde, la situation misérable de l'empire ottoman, aggravée encore par les récents massacres d'Arméniens, l'éventualité de l'importation de la peste en Europe, sont des causes de légitime préoccupation les divers États. L'Inde et la Turquie ne sont que trop préparées à recevoir la peste, c'est-à-dire à la conduire. Il y a là un amas de matières combustibles dont il faut éloigner l'étincelle. Sans doute la peste ne pourrait plus produire aujourd'hui les désastres de la

pour

PROUST.

Peste.

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