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médecins sanitaires en Orient. Avant cette institution on croyait généralement que la peste, endémique en Orient, y existait toujours, au moins à l'état sporadique, et c'était en vue de ces cas isolés qu'on imposait comme durée de quarantaine le minimum de traversée, minimum qui fut de 10 jours d'abord, plus tard ne fut que de 8, c'est-à-dire égal à la plus longue durée de l'incubation.

Or, les recherches et les informations les plus minutieuses de nos médecins sanitaires, et en particulier les travaux de Prus et de Fauvel, ont démontré l'absence, à ce moment, de peste en Orient. Cette absence remontait, pour la Turquie, à plus de 15 ans, et, pour l'Égypte, à la dernière épidémie de 1841 à 1842. Elle était confirmée par l'enquête de la commission envoyée de Constantinople en Égypte, et dont le rapporteur était Laval, par

les déclarations de Grassi et Rafalowitz devant la Conférence internationale de 1852, enfin par tout l'ensemble des travaux publiés à ce sujet.

Il n'était donc plus nécessaire de prescrire une quarantaine contre un bâtiment arrivant d'Orient, par cette seule raison qu'il arrivait d'Orient, sans savoir s'il existait dans le Levant une épidémie de peste.

Aujourd'hui nous nous contentons d'isoler rigoureusement les malades, d'exercer une surveillance sur leur famille et leur entourage, de recommander aux médecins et aux personnes qui donnent leurs soins aux pestiférés de se désinfecter fréquemment les mains et le visage, d'avoir les plus grands soins de propreté, de prendre leurs repas en dehors de la chambre des malades.

Tous les objets contaminés seront désinfectés ou détruits; enfin toutes les règles d'hygiène générale devront être appliquées.

En 1864, à Hong-Kong, parmi les sept médecins japonais envoyés pour étudier la maladie, il y eut trois malades et un mort.

La mission anglaise, composée de onze médecins qui prenaient les plus grands soins hygiéniques, fut complètement indemne.

Les Francs qui s'astreignaient à des soins de propreté ont été habituellement épargnés dans les épidémies qui ont sévi à Constantinople.

Enfin on donnera une attention spéciale au sol, qui paraît être le principal réceptacle de l'agent pathogène.

DIX-SEPTIÈME LEÇON

PROPHYLAXIE a l'arrivée.

Dans la communication que je fis à l'Académie de médecine le 28 janvier avant mon départ pour Venise, je disais :

((

L'application de notre règlement de police sanitaire de 1896, donne toute garantie pour la défense de notre territoire. » C'est à cette même conclusion qu'est arrivée la Conférence de Venise de 1897. Elle a adopté les principes de la Conférence de Dresde qui sont ceux mêmes de notre Règlement.

La Conférence a pensé qu'il lui suffirait de reprendre l'ensemble des prescriptions consacrées par la Convention de Dresde contre le choléra et de les adapter à la peste, en tenant compte des différences que la science et l'expérience ont permis de reconnaître entre les deux fléaux, notamment quant aux sources et aux véhicules du contage, à leur mode de pénétration dans l'économie, à la résistance du microbe aux actions germicides, à la durée de la période d'incubation et aux procédés de désinfection (1).

Sur la question de notification, au lieu de porter, pour être obligatoire, sur l'existence d'un foyer épidémique, l'information à donner aux autres pays devra être faite pour tout cas de peste. Sous prétexte qu'il n'y a pas de

(1) Voir le rapport de M. Beco à la Conférence sur ies mesures à prendre en Europe.

foyer proprement dit, les cas pourraient rester ignorés au dehors et le silence ainsi gardé pourrait avoir de graves conséquences.

La question essentielle de la durée de la période d'incubation a été approfondie au sein de la Commission technique. Nous nous bornerons à rappeler que cette Commission n'a pas entendu déterminer scientifiquement la durée de l'incubation, laquelle est très variable et généralement reconnue inférieure à 10 jours. Ce terme a été recommandé pour servir de base à l'application des mesures sanitaires parce qu'il constitue en quelque sorte un maximum et que la peste étant moins connue que le choléra, il convient de se montrer plus prudent et plus défiant. Sur la question de la prohibition des marchandises, M. Beco s'exprime ainsi dans son rapport:

<«< Quels sont les objets ou marchandises susceptibles qui peuvent être prohibés à l'entrée? »

La réponse à cette question était rendue fort simple par les conclusions auxquelles ont abouti les travaux de la commission technique. Celle-ci a dressé une liste des objets ou marchandises qui sont particulièrement exposés à servir de véhicules au germe de la peste:

1. Les linges de corps, hardes et vêtements portés (effets à usage), les literies ayant servi;

Lorsque ces objets sont transportés comme bagages ou à la suite d'un changement de domicile (effets d'installation), ils sont soumis à un régime spécial;

2. Les chiffons et les drilles, sans en excepter les chiffons comprimés par la force hydraulique, qui sont transportés comme marchandises en ballots;

3. Les sacs usés, les tapis, les broderies ayant servi; 4. Les cuirs verts (les peaux non tannées), les peaux fraîches;

5. Les débris frais d'animaux, onglons, sabots, crins, poils, soies et laines brutes;

6. Les cheveux.

Cette liste ne comprend, en réalité, que deux catégories d'objets les uns, classés sous les n. 1 à 3, qui, à raison de leur nature, de l'usage qu'on en a fait, ont pu être en contact avec des malades ou séjourner dans leur voisinage immédiat;

Les autres, rangés sous les n. 4 à 6, qui proviennent de personnes (les cheveux) ou de certaines espèces d'animaux, tels que les rats, les souris, indubitablement sujets à contracter la peste et à la propager, les chiens, les moutons, les chèvres, les buffles, les bœufs, les porcs, que l'on suppose, sans en avoir toutefois la certitude, être susceptibles d'avoir également la maladie.

La Convention de Dresde n'a admis, comme objets ou marchandises susceptibles, quant au choléra, que les objets de la 1re catégorie. Ceux de la seconde sont le seul élément nouveau à envisager dans la prophylaxie relative aux marchandises, par la raison que la peste peut atteindre certains animaux et que le choléra frappe exclusivement l'homme.

La Conférence de Venise n'a plus établi de distinction dans les chiffons, comme l'a fait la Conférence de Dresde. Même, ceux qui sont comprimés par la force hydraulique et transportés comme marchandises en gros, par ballots cerclés, peuvent être dangereux. On sait que souvent les rats séjournent en grand nombre dans les magasins de chiffons. D'autre part, on a fait remarquer que parmi les chiffons vendus aux négociants en gros se trouvent habituellement des débris de peaux et des os pouvant provenir d'animaux morts de la peste.

Il est bien entendu d'ailleurs que la défense d'impor

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