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Conférence de Venise de 1892 avait institué à Suez. Il s'agissait de protéger l'Europe contre des périls sans cesse renaissants. Cette défense est aussi utile contre la peste que contre le choléra. Le gouvernement anglais fit au système voté des objections d'ordre politique et d'ordre sanitaire.

Quant à nous, le but que nous recherchions avant tout était d'établir une protection efficace, c'était là le point capital; nous fûmes alors amenés à chercher une autre solution, et nous substituâmes au projet voté à Paris l'organisation suivante qui fut adoptée par la Conférence à la presque unanimité. Ce nouveau système a pour premier avantage de placer le point d'arraisonnement à l'entrée du golfe Persique, au détroit d'Ormütz. C'est là une garantie pour la non-infection du golfe. Il évite en outre des pertes de temps pour la navigation en permettant aux navires, lorsque la durée de l'observation n'est pas terminée, lors de l'arraisonnement à Ormütz, de passer le golfe Persique en quarantaine jusqu'à Bassorah où les dernières opérations sanitaires seront effectuées. Les intérêts de la navigation et la sauvegarde de la santé publique sont ainsi mis d'accord.

Mais en attendant que les études de ce nouveau projet soient terminées et que cette organisation fonctionne, il y a lieu de recommander au gouvernement ottoman et au Conseil supérieur de santé de Constantinople d'exercer sur ces régions une surveillance des plus efficaces et des plus rigoureuses.

Conseils de Constantinople et d'Alexandrie.

Le rôle capital que devront jouer les Conseils sanitaires d'Orient, d'Alexandrie et de Constantinople, dans

la direction et l'exécution des mesures prescrites contre la peste, dans la mer Rouge et au golfe Persique, nous indique combien la composition de ces Conseils devient importante et combien devra s'accroître leur autorité.

Le Conseil d'Alexandrie a déjà subi en 1892, à la première Conférence de Venise, une heureuse modification. L'élément local du Conseil a été diminué, et il est devenu une institution d'un caractère plus international.

A Alexandrie comme à Constantinople, l'action des puissances européennes doit être prépondérante; sous aucun prétexte, la direction des affaires sanitaires n'y peut être laissée sans les plus graves inconvénients aux gouvernements territoriaux.

Le Conseil de Constantinople, tel qu'il a été organisé par l'accord des puissances en 1840, a fonctionné avec indépendance pendant un certain temps.

Malheureusement le gouvernement ottoman lui a porté atteinte en allant plusieurs fois à l'encontre de ses décisions. L'influence du Conseil s'est amoindrie. Or il représente un intérêt sanitaire de premier ordre et sa ruine aurait pour la santé de l'Europe, pour l'intérêt du commerce et de la navigation, des conséquences désas

treuses.

Nous espérons que la ratification de la Conférence de Paris de 1894 par le gouvernement ottoman, ratification dont a pris acte la Conférence de Venise, va modifier ces dispositions regrettables. Il y a urgence; et si les Conseils sanitaires d'Orient méconnaissaient leurs devoirs, si par leur négligence nous étions exposés à de nouvelles invasions épidémiques, l'Europe devrait aviser.

Mesures à l'arrivée.

La Conférence de Venise a adopté les principes de la Conférence de Dresde qui sont ceux même de notre Règlement de police sanitaire maritime de 1896, avec cette seule différence que la Conférence de Venise ayant accepté pour la peste une durée d'incubation de dix jours. au lieu de cinq pour le choléra, la durée de l'observation ou de la surveillance sanitaire a été également fixée à dix jours. L'application rigoureuse de notre règlement donne donc toute garantie pour la défense de notre territoire.

Un pays sur la Méditerranée a fixé d'une façon particulière l'attention de la Conférence; c'est le Maroc.

Elle a émis le vœu que la Convention fût communiquée au Conseil sanitaire de Tanger, afin de le mettre à même de prendre des mesures préventives contre la peste en harmonie avec les résolutions contenues dans cette Convention.

Nous savons mal ce qui se passe au Maroc, au point de vue sanitaire. Dans ces dernières années, le choléra y a régné. Le Maroc envoie des pèlerins à La Mecque. Quel traitement leur fait-on subir au retour? Il y aurait pour nous un intérêt spécial à ce que nous eussions au Maroc un médecin sanitaire siégeant au Conseil de Tanger et qui nous renseignerait sur les événements sanitaires.

Tels sont les résultats de la Conférence de Venise de 1897. Tels sont les principes que MM. Barrère, Brouardel et moi y avons fait triompher.

Nous donnerons ici en annexe le procès-verbal de signature de la Conférence de Venise et le texte de la Convention qui a été signée le 19 mars 1897.

ANNEXE

CONFÉRENCE SANITAIRE INTERNATIONALE
DE VENISE DE 1897

PROCÈS-VERBAL DE SIGNATURE.
Séance du 19 mars 1897.

PRÉSIDENCE DE S. Exc. M. LE COMTE BONIN-LONGARE.

Le dix-neuf mars mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, la Conférence sanitaire internationale s'est réunie en séance plénière à 9 heures du matin dans la salle de ses séances. Etaient présents:

Pour l'Allemagne :

M. OTTO de MUHLBERG, Conseiller actuel intime de Légation; M. CURT LEHMANN, Conseiller actuel de Légation;

Pour l'Autriche-Hongrie :

M. le Comte HENRI de LUTZOW, Chambellan et Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire de Sa Majesté l'Empereur d'Autriche et Roi Apostolique de Hongrie ; M. le Chevalier A. de SUZZARA, Conseiller aulique et ministériel au Ministère I. et R. des Affaires Etrangères ;

PROUST. Peste.

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Pour l'Autriche:

M. le Dr. Chevalier de Kusy, Conseiller ministériel au Ministère
I. et R. de l'Intérieur et Conseiller supérieur de santé ;
M. N. EBNER D'EBENTHALL, Conseiller ministériel au Ministère I.
et R. du Commerce;

Pour la Hongrie :

M. le Dr. C. CHYZER, Conseiller ministériel et Chef de la section sanitaire au Ministère Royal de l'Intérieur ;

M. E. ROEDIGER, Conseiller de section au Ministère Royal du Commerce;

Pour la Belgique :

M. BECO, Secrétaire général du Ministère de l'Agriculture et des Travaux publics;

M. le Dr. E. van ERMENGEM, Professeur d'hygiène et de bactériologie à l'Université de Gand;

Pour le Danemark :

M. le Comte de REVENTLOW, Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire près S. M. le Roi d'Italie;

Pour l'Espagne :

Don SILVERIO BAGUER DE CORSI Y RIVAS, Comte de BAGUER, Ministre résident;

Pour la France:

M. CAMILLE BARRERE, Ambassadeur de la République près la Confédération Suisse ;

M. le professeur BROUARDEL, Président du Comité Consultatif d'hygiène publique de France, Doyen de la Faculté de médecine de Paris;

M. le professeur PROUST, Inspecteur général des services sanitaires, Professeur d'hygiène à la Faculté de Médecine de Paris;

Pour la Grande-Bretagne et les Indes:

L'Honorable M. MICHAEL HERBERT, Secrétaire d'Ambassade;

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