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que cet Oracle de la vérité s'accomplie dans cet humble Serviteur du plus grand des Maitres;Celui qui s'abaiffe fera exalté.

Ajouterai-je que cet homme de Lieu prophétife encore aprés fa mort; qu'une fociété de Miffionnaires, qu'une Congrégation de faintes Filles, décorées du beau nom de la Sageffe, qui toutes deux font de grands biens en beaucoup d'endroits de ce Royaume, fe font gloire de l'avoir pour Fondateur.

Ces motifs font fans doute capables a'intéreffer pour cet ouvrage une grande ame, qui ne trouve ici- bas de fatisfaction réelle que celle de faire du bien à tout le monde; cependant, je dois l'avouer; fans la protection de votre augufle Sœur, qui, comme vous, MADAME, fait la gloire de la Religion; content dans mon obfcurité, j'aurois en fecret admiré des vertus, qui, étant placées auprès du Trône, ne peuvent refler inconnues ; mais je n'aurois jamais ofé porter mon ouvrage pieds.

à vos

Je fais avec le plus profond refped, de

MADAM E,

Le très-humble & très-obéiffant ferviteur, P. J. PICOT De CLORIVIERE, Recteur de

Paramé.

et

S

S

de

PREFACE.

L'HOMME Apoftolique, dont nous écrivons la vie, a paru au commencement de ce fiecle. Dès le temps de fa premiere jeuneffe, on l'a regardé comme un modele de perfection; dans un âge plus avancé, ceux qui l'ont fréquenté le plus, ont remarqué dans lui les vertus les plus héroïques, un recueillement profond & continuel, une pénitence égale à celle des anciens Anachorètes, un zele ardent & infatigable; par-tout, les croix, la pauvreté, les humiliations, ont été fon apanage & fes délices. 11 a méprifé le monde, & s'eft vu lui-même l'objet des mépris du monde, qui ne pouvoit fouffrir un homme, qui fouloit à fes pieds les Divinités qu'il encenfe; il a combattu l'enfer, & l'enfer de fon côté n'a jamais ceffé de de le perfécuter en mille manieres; des gens de bien eux-mêmes se sont souvent déclarés contre lui, ne pouvant goûter ce que fes manieres avoient d'extraordinaire & de fingulier; au milieu des contradictions, qui fembloient fe multiplier fous fes pas, il a répandu la semence Evangélique, & cette femence, arrofée de fes lueurs, a produit les fruits les plus merveilleux & les plus durables; il eft mort enfin comme il avoit vécu, &, depuis la mort l'opinion que les peuples s'étoient formée de fa fainteté, n'a fait que croître de jour en jour; &, ce qui paroîtroit incroyable, fi nous n'en avions pas fous les yeux des témoignages toujours fubfiftans, deux Congrégations refpectables, fe font élevées fur fon tombeau & sont

forties, pour ainfi dire, de fes cendres, pour perpétuer les œuvres de zèle & de charité.

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Voilà l'abrégé de ce que contient la vie de M. Grignion de Montfort, à qui l'on peut fans doute donner un rang diftingué, parmi ces hommes véritablement grands, qui ont illuftré notre fiecle par leur fainteté. En contribuant autant qu'il eft en nous, à le faire connoître de plus en plus, nous croyons entrer dans les vues de notre divin Maître qui se plaît à glorifier, après leur mort, ceux qui pendant leur vie n'ont cherché qu'à s'abaifer pour l'amour de lui. Nous avons cru pareillement travailler à l'édification des fideles, en mettant fous leurs yeux l'affemblage des vertus & des dons précieux, dont le Seigneur avoit enrichi l'ame de ce ferviteur zélé. 11 ne peut que leur être très-avantageux de voir, par des exemples arrivés en quelque forte fous leurs yeux, que le bras de Dieu n'est point raccourci, & qu'il n'eft rien dont un homme ne puiffe venir à bout, quand il eft animé de fon efprit. Nous ajoutons, que, quoique, dans la vie de M. de Montfort, comme dans celle de tous les Saints les plus anciens, il y ait beaucoup de traits qu'il faut fe contenter d'admirer, il en eft encore un grand nom bre, qui font tout-à-fait propres à réveiller' l'ardeur du commun des Chrétiens, & qu'on peut fans crainte propofer à leur imitation.

Ces raisons nous perfuadent que toutes fortes de perfonnes attachées véritablement à la Religion (car c'eft pour elles feules que nous écrivons) verront avec plaifir reparoître, en quelque maniere au milieu d'elles, ce grand Serviteur de Dieu. Mais fi ce plaifir eft commun à tous les fideles enfans de l'Eglife,

Nous avons fujet d'efpérer qu'il fera plus particuliérement fenti dans ces pays, où il a travaillé davantage, & par ces perfonnes avec qui il a eu des liaifons plus étroites; ces pays font la Bretagne, qui lui a donné naiffance & qui a eu part aux premiers fruits de fon Apoftolat; Paris, où pendant long-temps, il a puifé les prémices de l'efprit Ecclefiaftique dans une de fes meilleures fources, je veux dire, le Séminaire de S. Sulpice; le Poitou, le Pays d'Aunis, & fur-tout la Rochelle, qu'on peut regarder comme le fiege & le centre de fes Miffions. Par les perfonnes avec qui le Miffionnaire a eu de plus grands rapports, j'entends en général les Ecclefiaftiques féculiers, la plupart des Ordres Religieux, pour lefquels il avoit la plus grande vénéra tion, fur-tout celui de S. Dominique, auquel il étoit fpécialement aggrégé; grand nombre de Confréries, de l'un & de l'autre fexe, qu'il a érigées en divers endroits ; &, plus encore que les autres, les Miffionnaires du S. Efprit, & les Filles de la Sageffe, qui le regardent comme leur Pere & leur Fondateur.

Il y avoit déjà une vie de M. de Montfort, écrite à-peu-près huit ans après la mort. Elle a le mérite d'avoir paru la premiere, lorfque la mémoire du Miffionnaire étoit encore toute récente, & par là, d'avoir confervé long-temps l'impreffion falutaire que fes Millions avoient faite, fur une multitude prefque infinie de perfonnes. En la lifant, on ne peut s'empêcher d'avoir une haute idée de celui qui en a fourni la matiere ; & l'on y trouve un grand nombre de traits édifians, rapportés d'une maniere fimple & naturelle;

mais foit que les manufcrits n'euffent pas en core été ramaffés, foit qu'elle ait été faite trop à la hâte, on n'y trouve aucun ordre aucune méthode, la fuite des événemens eft renversée, le temps n'eft marqué prefque nulle part, & des faits très - confidérables y font entiérement omis. Ce font là les reproches, qu'on a faits à cette ancienne vie dans le temps même qu'elle a paru; auffi depuis long-temps, les perfonnes, dévouées à M. de Montfort, fouhaitoient ardemment qu'on en publiât une nouvelle, plus méthodique & plus détaillée.

Pour la faire, cette nouvelle vie, outre F'ancienne qui nous a été de quelque fervice, nous avons eu des fecours, que n'a point eus M. Grandet (a), ou du moins dont dont il n'a point fait ufage. Ces fecours font 1. Un Mémoire très détaillé, fait par M. Blain (b), Prêtre, qui avoit été condifciple de M. de Montfort, tant à Rennes qu'à Paris, & qui avoit été fon ami particulier; 2o. La vie de la Sœur Marie-Louife de Jefus premiere Fille de la Sagefle, écrite par M. Allaire, Chanoine de S. Hilaire le grand, à Poitiers. 3. Et principalement un recueil très-étendu, fait par M. Befnard, de tout ce qu'il a pu trouver de plus certain, touchant l'homme de Dieu. C'eft fur-tout aux foins de ce digne fucceffeur de M. de Montfort,que la nouvelle vie doit fon existence. Né à Rennes

(a) Prêtre & Chanoine d'Angers, Auteur de la premiere vie.

(b) Eccléfiaftique de beaucoup de mérite & de favoir. Il a écrit la vie du fondateur des Ecoles Chrétiennes, & eft mort Chanoine à Rouen, où il a fain quelques établissemens de charité,

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