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ont, outre M. Hébert, évêque d'Halicarnasse, ho prêtres européens et huit du pays, presque tous infirines.

La disette de prêtres se fait d'autant plus sentir, que chaque mission comprend un territoire fort étendu qui se divise en plusieurs districts. Chaque district est une espèce de paroisse composée de trente, quarante ou cinquante chrétientés, disséminées dans une étendue de quatre jusqu'à cent cinquante lieues, selon les temps, les localités et le nombre des missionnaires. C'est l'évêque qui règle cela suivant les circonstances. Chaque paroisse a depuis deux mille jusqu'à dix mille ames, étant confiée aux soius d'un prêtre qui en visite successivement toutes les chrétientés deux fois par an, quand il le peut. Il arrive même que des missionnaires ne peuvent achever en un an la visite de toutes les chrétientés dont ils sont chargés. En Chine, les assemblées des chrétiens se font dans la maison d'un des plus riches chrétiens de chaque endroit; au Tong-King et en Cochinchine, lorsque la religion n'est pas persécutée, les chrétiens construisent des oratoires en bois ou en bambous; ces oratoires se démontent dans les temps de persécution. Dans plusieurs de ces missions, il y a des couvens de religieuses, qui, sans être cloîtrées, mènent la vie commune. Dans le seul Tong-King il y en a plus de trente maisons qui ont depuis douze jusqu'à quarante religieuses. Beaucoup de ces saintes filles égalent en ferveur les communautés les plus édifiantes de l'Europe. L'état de persécution où le christianisme se trouve en Chine n'a pas permis d'y établir des maisons semblables; mais on y trouve un grand nombre de vierges chrétiennes, qui, au milieu de leurs

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familles, se livrent aux exercices de piété et de charité. Quelques-unes tiennent des écoles pour les petites files, et les instruisent dans la religion.

La première livraison, qui paroît en ce moment, ne contient que les lettres relatives au Su-Tchuen, auxquelles on a joint pourtant des relations envoyées par. les missionnaires de Pékin, ou des autres parties de la Chine. La mission du Su-Tchuen comprend trois provinces occidentales de la Chine, le Su-Tchueu, I'Yun-Nan et le Kouei-Tcheon. Le vicaire apostolique de la première est chargé aujour¬ d'hui des deux autres. Le Su-Tchuen, une des plus vastes provinces de tout l'empire, a, dit-on, envirou, trois cents lienes dans un sens, sur trois cent vingt dans l'autre. M. Artus de Lyonne en fut le premier vicaire apostolique. Elevé au séminaire des Missions~ Etrangères, il fut sacré évêque de Rosalie à Canton, Je 30 novembre 1699; mais ayant été obligé de revenir en Europe, il fit passer au Su-Tchuen MM, Bas¬ set et de la Balluère, du séminaire des MissionsEtrangères, avec deux Lazaristes, MM. Appiani et. Mullener. Ils y arrivèrent en 1702, et n'y trouvèrent, que très-peu de chrétiens. Ep 1707, ils furent baunis, de la Chine par ordre de l'empereur. M. Appiani fut retenu dans les fers, et mourut à Canton, en 1728, M. Bassel étoit mort dès 1707, dans la même pro-, vince de Canton. M. de la Balluère rentra daos, le Su-Tchueu en 1715, et y mourut la même année. M. Mullener, qui y étoit rentré en 1712, fut sacré, à Canton, en 1717, sous le titre d'évêque de Myriopolis. Il gouvernoit le Su-Tchuen et le Hou-Quang, assisté de plusieurs missionnaires françois et italiens, de quelques prêtres chinois. Il mourut en 1743,

laissant le soin de la mission au père Magi, Dominicain, évêque de Barianée, son coadjuteur, qui lui survécut peu, étant nort vers 1744. Alors le gonvernement spirituel échut à M. Enjobert de Martillat, qui travailloit dans cette province depnis 1732; mais qui fut obligé de la quitter en 1746. Une persécution violente qui s'éleva cette année là, fit sortir du SuTehuen trois missionnaires qui n'y étoient arrivés que

depuis peu de temps, et il n'y resta plus que trois prê

tres chinois. M. le Fèvre, missionnaire françois, n'eut pas le temps d'être fort utile, ayant été arrêté en 1754, Fannée même où il étoit arrivé; on le reconduisit hors de Chine. M. Pottier entra dans le SuTchuen en 1755, M. Falconet en 1766, et MM. Alary et Gleyo en 1767. Plusieurs autres les y suivirent. It s'y est trouvé à quelques époques jusqu'à sept missionnaires françois.

En 1769, M. Pottier fut fait vicaire apostolique, et sacré évêque d'Agathopolis. C'est depuis cette époque que la mission a commencé à être plus florissante. Le clergé du pays s'est accru; il n'y avoit alors que quatre prêtres chinois, élevés dans le collége de Siam. Ce college, transféré à Pondichéry, fut entièrement dissous vers 1780. L'évêque en établit un dans le Su-Tchuen même, sur les confins du Yun-Nan. On y pouvoit recevoir quiuze ou vingt élèves. Ce collége a été brûlé en 1814; et la persécution et le manque de fonds sont deux grands obstacles à son rétablissement. En 1808, M. Létondal forma un collége pour la Chine dans l'île de Poalo-Pinang, au détroit de Malaca; mais cet établissement lointain présente beaucoup d'inconvéniens, et a de plus éprouvé un incendie en 1812. Il y avoit, en 1814,

environ vingt-sept prêtres chinois dans le Su-Tchuen; la persécution, l'âge et les maladies ont diminué ce nombre, et on peut regarder cette mission comme étaut actuellement dans un moment critique dont la Providence peut tirer néanmoins sa gloire. Lorsque M. Pottier arriva dans le Su-Tchuen, on y comptoit à peine quatre mille chrétiens; à sa mort, en 1792, il en laissa plus de vingt-cinq mille. En 1801, il y en avoit plus de quarante mille; et en 1809, plus de cinquante-deux mille. Ce nombre a toujours été en croissant jusqu'à la persécution de 1814.

L'Yun-Nau, province qui confine au Su-Tchuen, compte peu de chrétiens. M. le Blanc, missionnaire françois, en ayant été nommé vicaire apostolique, s'y rendit en 1702, avec M. Danry. Ils n'y trouvèrent que quatre chrétiens; mais leurs soins commençoient à frucufier lorsqu'ils furent bannis, en 1707. M. Danry fut obligé de sortir de l'empire. M. le Blanc se cacha; mais ne put rentrer dans l'Yun-Nan. Il venoit d'être nommé évêque de Troade, lorsqu'il mourut, en 1720. Environ vingt ans après, M. Enjobert de Marúillat, cité plus haut, fut fait évêque d'Ecrinée et vicaire apostolique d'Yun-Nau; mais il quitta la Chine, en 1746, sans avoir pu entrer dans cette province, et mourut à Rome, en 1755. Depuis ce temps le saint Siége donna Fadministration spirituelle de cette partie au vicaire apostolique du Su-l chuen. La foi ne s'est de nouveau introduite dans cette province que vers la fin du dernier siècle. On y comptoit deux mille cinq cents chrétiens en 1809.

Le Konei Tcheou, au midi du Su-Tchuen, est une des plus petites provinces de l'empire. Au commencement du siècle dernier, un missionnaire Jésuite

y résidoit. Le père Visdelou en fut nommé vicaire apostolique en 1707; mais il n'y alla point, et mourut à Pondichery, en 1737. L'administration des chrétiens de cette province a été réunie à celle du SuTchuen; il n'y avoit pas, en 1809, plus de seize cents chrétiens.

Nous joindrons à ces détails un court aperçu de l'état des missions dans le reste de la Chine. Il y a daus l'empire trois évêchés titulaires, Macao, Pékin et Nankin. C'est le roi de Portugal qui les a dotés et qui y nomme. Chaque diocèse comprend deux ou trois provinces de la Chine. Le diocèse de Pékin compte quarante mille chrétiens, dont cinq ou six mille ré◄ sident dans la capitale même. L'évêque actuel est à Macao, où il arriva en 1804, n'étant encore que coadjuteur de M. Alexandre de Govea, mort en 1808. Il n'a pu encore obtenir d'être reçu à Békin, où il ne se trouve que quatre missionnaires portugais et un français, tous Lazaristes, avec dix-huit prêtres chinois. Quatre missionnaires italiens de la Propagande, arrivés à Pékin en 1810, en sont sortis en 1811. II у avoit autrefois quatre églises dans cette capitale; il n'en reste plus que deux. Il est défendu d'y admettre les Chinois et les Tartares, et ou ne le fait que sccrètement, et quand la persécution n'est pas déclarée. Il y a aussi à Pékin deux séminaires, l'un dans la maison des Portugais, l'autre dans celle des François. Le diocèse de Nankin avoit autrefois plus de deux cent mille chréticus, dont il ne reste guère que le sixième. L'évêque actuel est un des quatre missionnaires portugais qui résident à Pékin; il a été sacré en 1807, mais n'a pu encore obtenir de se rendre à Nankin, et gouverne de loin son diocèse, où il n'y a aucun

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