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profusion, commencent et entretiennent, cont les républicains, cette guerre de mensonges qu vient aboutir à la grande fantasmagorie de Jacquerie. Dans l'Assemblée constituante, le coalisés font échouer tous les projets qui peu vent populariser la république, et adoptent tou ceux qui peuvent lui nuire. Ils refusent le droi au travail, mais ils votent la transportation san jugement et l'institution de la présidence.

Bifurquer le pouvoir, diviser pour affaiblir donner à la souveraineté du peuple une double expression dans un président et une assemblé émanant tous deux d'une même origine, c'étai créer, de propos délibéré, un sujet de conflits incessants. Nos ennemis le savaient bien. Mal gré une opposition des plus vives, malgré une discussion prophétique en quelque sorte et don le souvenir n'est pas perdu pour la France, ils déposèrent un germe de mort dans la Constitu tion de 1848.

Vint alors l'élection du président. Les royalis tes n'eurent pas de candidat de leur couleur Le vent de la révolution soufflait encore trop for pour leur drapeau. Mais, exploitant un déplora ble et funeste préjugé populaire, ils poussèren au triomphe d'un homme qu'ils méprisaient comptant se servir de son nom pour écraser plu facilement la démocratie. M. Louis Bonapart fut élu, et l'on vit aussitôt les pèlerins de Wies

baden et de Claremont se faire les ministres de nt, la république démocratique !

onge Les républicains dit modérés, dont les votes rie donnèrent la majorité à la réaction, purent alors ante uger de l'immensité de leurs fautes. Ils gênaient qui tout autant que les rouges; on résolut de se déen barrasser des uns et des autres. Dans la presse le rétrograde succède bientôt aux insultes contre les ion républicains l'insulte à l'Assemblée constituante. 2. Une émeute de pétitions est organisée ensuite pour abréger son existence, le gouvernement y pousse; Assemblée, première expression du suffrage serniversel, ne tarde pas à perdre son prestige, lle est obligée de céder et se dissout avant d'aCoir complété la Constitution par le vote des lois Organiques.

Avec elle disparut le plus solide rempart qui ¿restât à la république depuis que les vainqueurs 10 de juin avaient désaffectionné ses meilleurs défenseurs en désarmant le peuple.

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Maitresse du terrain, la réaction domine les nouvelles élections législatives.

Et, qu'on le remarque bien, il n'y a encore que deux camps en France. D'un côté, les républicains déjà débusqués de toutes les positions, leurs journaux frappés de cautionnements, saisis, chassés de la place publique; leurs réunions fermées et leurs associations poursuivies. De l'autre, les factions monarchiques libres d'agir

dans l'association de la rue de Poitiers, immens pandaemonium où venaient fermenter en se rap prochant toutes les haines amoncelées contr la démocratie. Là se coalisent, au nom de l'or dre, contre la liberté, valets de l'empire et che valiers de l'émigration, brigands de la Loire fuyards de Gand, assassins du duc d'Enghien meurtriers du maréchal Ney, aventuriers d Boulogne et ministre de Louis-Philippe, preu de M. le comte de Chambord et geôliers de ma dame la duchesse de Berry, flétrisseurs et flétri renégats de tous les autels, déserteurs de tou les drapeaux, traîtres de tous les régimes, par jures de tous les serments! Que d'intrigues! qu de viles concessions réciproques! La branch aînée et la branche cadette n'ont rien à refus aux prétendants impérialistes qui font si bon guerre aux socialistes; MM. Bonaparte et Per signy, à leur tour, se prêtent volontiers aux vou des royalistes, et l'on vit jusqu'à l'ancien prés dent de la chambre introuvable de 1815, 1 Ravez, patroné par le gouvernement, ressuscit pour maudire encore une fois la révolution.

Les élections du 13 mai 1849 ainsi fabriqué par la rue de Poitiers, cinq cents monarchist avérés s'installèrent au Palais Bourbon, com ils dirent. C'était la contre-révolution!

Légitimistes et orléanistes devinrent aussi les conseillers de MM. Persigny et Bonapar

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Les burgraves s'installèrent à l'Élysée. Entre les complices, dont les uns devaient plus tard encelluler les autres, un accord parfait régna tant qu'il n'y eut qu'à démolir pièce à pièce l'édifice de 1848. Expédition de Rome; assassinat d'un peuple; restauration d'un pape; proscription de trente représentants; rétablissement de l'impôt des boissons; lois contre la presse, contre le colportage, contre les réunions, contre les associations, contre l'instruction publique, contre la garde nationale; cnfin, pour couronner cette œuvre détestable, mutilation du suffrage universel: tout se fit de concert en moins d'une année, de telle sorte que, déjà au 31 mai 1850, la république, privée de ses éléments essentiels, n'existait plus que de nom.

Du reste, en votant cette loi fatale du 31 mai, ses coupables auteurs ne savaient guère où elle les mènerait. Les royalistes si joyeux ne se doutaient pas qu'ils signaient leur propre condamnation, qu'ils creusaient entre l'Assemblée et le peuple un abime où le peuple laisserait précipiter l'Assemblée. Le président n'imaginait pas non plus qu'il pourrait écraser la majorité sous le poids de leur crime commun avec ce mot qui fut magique : Le suffrage universel est rétabli.

Et pendant ce temps, la grande entreprise de calomnie contre les républicains poursuivait le cours de sa propagande empoisonnée. En

vain les démocrates, les socialistes protestaient à la tribune ou par la voix de leurs journaux; en vain ils en appelaient à l'histoire des trente dernières années pour témoigner de la générosité de leurs doctrines, on criait toujours aux anarchistes, aux partageux, et les classes aisées se laissaient persuader que les classes laborieuses aspiraient à les dépouiller.

1852 arrivait; les habiles commencèrent à avoir peur les uns des autres. La coalition se rompit d'elle-même. Chaque faction reprit son drapeau et agit pour son propre compte.

Ce fut un lamentable et honteux spectacle. On mit le feu aux quatre coins de la France, toujours à propos d'ordre; et l'on se traita en plein parlement de coquins, toujours en s'intitulant le parti des hommes bien élevés et des honnêtes gens.

Quels honnêtes gens! L'élu du suffrage universel verse du vin de Champagne aux soldats de Satory, pour leur faire crier vive l'Empereur! les représentants du peuple s'en vont demander la consigne à leurs principicules de droite et de gauche, puis ils reviennent crier vive le Roi! à la même tribune où la veille ils votaient la répuplique démocratique !

En menaçant la France de l'anarchie royale, les revenants de Wiesbaden et de Claremont servaient les projets élyséens. Le neveu de l'Empe

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