Page images
PDF
EPUB

de traits admirables dont l'Evangile est plein; de ce que le catéchiste, parle de Notre-Seigneur sans rappeler toutes les circonstances de sa vie qui ont chacune leur prix, sans paroître touché et pénétré d'amour pour un Dieu si bon ? »

M. l'évêque montre le second avantage que l'on retirera des instructions sur la vie de Notre-Seigneur, qui est d'imprimer fortement dans l'esprit des enfans l'idée de sa divinité. La circonstance du baptême de J. C., par exemple, montre en lui d'une manière éclatante le Fils du Père éternel, en même temps qu'elle gravera dans la mémoire le souvenir du mystère de la sainte Trinité, dont on n'a pu dire que quelques mots au commencement des instructions. De même encore, le grand mystère de la rédemption n'entrerat-il pas bien plus facilement dans ces jeunes ames qui sont, pour ainsi dire, toute imagination, si le catéchiste en lie le souvenir à la touchante histoire de la passion du Sauveur?

La partie de l'Eglise nous semble traitée avec le même intérêt et la même méthode. Que l'on commence par expliquer à un enfant tous les termes de la définition de l'Eglise qui se trouve dans son catéchisme, il pourra très-bien se faire qu'après beaucoup d'efforts et de paroles, on ne lui aura donné aucune notion sur un point si important; mais si, comme le propose M. l'évêque de Beauvais, après la vie de J. C., on raconte les premiers travaux et les premiers sue-. cès des apótres envoyés par le Sauveur; si l'on montre cette petite société des premiers fidèles se formant, s'agrandissant tous les jours, soumise à un seul chef qui est saint Pierre, et réunie dans la croyance d'une même doctrine; les pasteurs et les fidèles qui se succèdent les uns aux autres, conservant toujours la même union; les simples fidèles soumis à leurs pasteurs, les pasteurs aux évêques, successeurs des apôtres, et les évêques eux-mêmes reconnoissant dans le successeur de saint Pierre, qui est le Pape, le chef de toute cette grande société : l'enfant aura une idée claire et exacte de l'Eglise, avant même d'en avoir entendu prononcer le

nom.

A la fin de la première partie du Catéchisme, on présente le symbole comme l'abrégé de tout ce qui a été dit jusqu'alors. Du symbole, on déduit la foi, et de la foi, l'espérance et ja charité. De la charité aux commandemens de Dieu et de l'Eglise la transition s'offre d'elle-même. La violation des

commandemens, c'est le péché, qui termine la seconde partie. Quand on a développé tous les devoirs de l'homme, on montre les secours qui lui sont donnés pour les accomplir, c'est-à-dire la grâce, dont les canaux sont les sacremens et la prière.

Tel est donc le plan du Catéchisme de Beauvais ce que Dieu a fait pour l'homme, ce que l'homme doit faire pour Dieu, et les moyens qui lui sont donnés pour le faire. Mais il faut lire l'Instruction même qui nous occupe, pour voir avec quel talent on y fait entrer, chacun à leur véritable place, tous les articles de la doctrine chrétienne.

M. l'évêque de Beauvais fait ensuite quelques réflexions sur les causes du dégoût que les enfans témoignent trop souvent pour l'instruction religieuse. Une des principales, selon lui, c'est la manière dont sont rédigés la plupart des catéchismes. Si l'on veut plaire aux enfans, il faut être historique, et de plus être clair. L'Instruction pastorale donne làdessus des avis dont l'observation feroit obtenir les plus heureux succès. La piété est aussi présentée comme un moyen de répandre des attraits sur le Catéchisme :

« Mais n'est-ce pas un paradoxe? Non, et l'expérience a prouvé que l'enfance et la piété n'étoient pas ennemies. Tout dépend de la manière de présenter la vertu sí on ne la montre que sous des formes austères, elle éloignera les cours; si, au contraire, on la fait voir au naturel, c'est-à-dire sous les traits les plus aimables, elle sourira à cet âge tendre. Il s'agit de captiver les enfans: comment y réussir? Sera-ce par une explication froide, où jamais la douce piété ne répand son onction? ou ne sera-ce pas plutôt par cette instruction où le catéchiste, attentif au coeur autant qu'à l'esprit de ses jeunes élèves, sait mêler quelques mots de la bonté de Dieu, de la beauté de sa loi, de l'amour pour Notre-Seigneur, du culte de Marie? Aux enfans il ne faut point de morales longues, et même, à dire vrai, à qui sont-elles utiles? Mais une conclusion pratique bien déduite de la vérité qu'on vient d'expliquer, par exemple, la bonté de Notre-Seigneur pour les hommes, après avoir parlé de lincarnation ou de l'eucharistie; mais un mot placé à propos s'insinue doucement dans l'ame et prépare son retour. Trop souvent on oublie que si l'esprit dans l'homme est le chemin du cœur, le cœur est bien aussi celui de l'esprit, et que ce cœur, mal disposé, devient un terrible obstacle aux lumières de la sagesse et de la science In malevolam animam non introibit sapientia. (Sag. 1. 4.) Trop souvent on oublie que les enfans qui sont réunis autour du pasteur pour écouter sa voix attendent de lui des paroles de conversion et de vie. Ce sont des ames, nous crie Jésus-Christ; et notre négligence, N. T. C. F., rét pondra t-elle avec dédain : Ce sont des enfans?....

[graphic]

Deux observations importantes terminent cette Instruction; la première est sur l'usage des définitions :

« Une définition exacte est pour l'esprit une chose précieuse; mais il est nécessaire qu'elle soit comprise, et à cet effet que tous les termes en soient clairs et déjà expliqués. Si on se fait un devoir de mettre toujours la définition en tête du chapitre, avant d'avoir donné aucune idée de ce qu'on veut définir, on court grand risque de ne pas être entendu, et de ne laisser dans la mémoire des enfans rien autre chose que des mots. On les expliquera plus tard, dira-t-on ; et pourquoi ne les pas expliquer d'abord? N'est-il pas plus naturel de commencer par les idées particulières pour arriver à une idée générale ? C'est ainsi que procède l'esprit humain; c'est ainsi que, sans y songer, nous procédons nous-mêmes, lorsque nous voulons faire comprendre ou démontrer clairement une chose à quelqu'un. Que la définition soit placée au commencement, à la fin ou au milieu du chapitre, peu importe; ce qui importe uniquement, c'est que l'esprit y soit suffisamment préparé, et qu'à l'endroit où on la met, on puisse aisément la comprendre toute entière. Il est à désirer que la définition soit le terme et non le point du départ de l'explication; qu'on y arrive graduellement par le développement anticipé des différentes parties qui la composent, et alors on aura la satisfaction d'entendre les enfans donner eux-mêmes des définitions assez exactes, qu'on n'aura plus qu'à rectifier. Il seroit superflu d'ajouter que des définitions ainsi amenées, composées, devinées par l'auditeur lui-même, resteront bien plus fortement empreintes dans son esprit.

La seconde observation regarde la méthode adoptée dans le Catéchisme, de rejeter dans la réponse le sujet de la demande :

<< Ordinairement, dit le prélat, les enfans n'apprennent que la réponse; si le sujet ne s'y trouve pas, il ne restera dans leur esprit rien de complet........ L'usage de répéter le sujet dans la réponse imprime dans la mémoire une vérité dogmatique toute entière, ou une vérité morale qui sera comme une maxime ou une sentence très-utile à retenir. »

Nous citerons encore le morceau qui termine cette Instruction, parce qu'il renferme une pensée qui mérite d'être sérieusement méditée par tous ceux qui sont chargés de distribuer aux peuples le pain de la parole divine:

« Destiné premièrement aux enfans, votre zèle, N. T. C. F., pourra rendre ce Catéchisme utile à beaucoup d'autres. S'il devenoit, par exemple, le canevas des instructions que vous adressez régulièrement à vos paroissiens, ne seroit-ce pas plus avantageux pour les

[graphic]

ames, que tant de prones qui n'ont aucune liaison l'un avec l'autre, qui n'entrent pas dans le détail des vérités à croire, ni des devoirs à accomplir. Nous nous plaçons souvent trop haut, N. T. C. F.: en elles-mêmes nos instructions sont excellentes, mais elles sont, relativement à nos peuples, une nourriture trop forte, et cependant c'est pour eux seuls que nous prêchons. Bienheureux le pasteur qui, toute sa vie, fait le catéchisme! qui, habile à en varier la forme suivant les circonstances, le présente tantôt par le dialogue avec les enfans dans les instructions élémentaires, tantôt d'une manière soutenue dans ses entretiens familiers! Il verra ses paroissiens plus attentifs et plus assidus, parce qu'ils auront le plaisir de comprendre la parole divine qui leur est adressée; les mœurs deviendront meilleures, parce que la foi sera plus éclairée et plus solide; la piété reprendra un empire que jamais elle n'auroit dû perdre; et ces ames, pour lesquelles il aura peut-être, avec l'apôtre saint Paul, souffert les douleurs de l'enfantement, afin de former Jésus-Christ en elles, après avoir été son ouvrage dans le Seigneur, deviendront sa joie et sa couronne. Ainsi soit-il. >>

Une Instruction pastorale et un Catéchisme ne sortent pas ordinairement des limites du diocèse auquel ils sont destinés; oserions-nous demander une exception en faveur de ces deux ouvrages que vient de publier M. l'évêque de Beauvais? Le nom de leur auteur suffit pour les recommander à l'estime publique; d'ailleurs, sous quelque forme que paroisse tout ce qui peut être utile à la religion, tout ce qui peut servir à étendre le règne de la foi, ne doit-on pas s'empresser de le saisir? Nous sommes persuadé que ceux qui consacrent -leurs soins à l'enfance trouveront dans cette Instruction vraiment pastorale, et dans le Catéchisme, des vues neuves et utiles sur les moyens qui peuvent assurer le succès de leur humble, mais important ministère.

Cette Instruction pastorale est du 4 novembre; elle porte que le nouveau Catéchisme sera seul approuvé et reconnu dans le diocèse; cependant M. l'évêque n'interdit absolument l'usage des autres Catéchismes qu'à dater du premier octobre

1828..

N.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le mercredi 28, a eu lieu dans l'église de l'Abbayeaux-Bois, la réunion de trimestre pour l'œuvre des petits sé

minaires. Elle a été présidée par M. l'archevêque, M. l'abbé de Sambucy a fait le discours. A la fin de la séance, M. l'archevêque a adressé aux dames une allocution pleine de grâce et d'à-propos sur l'oeuvre, et sur le zèle et le dévoûment nécessaires pour la soutenir.

Le lundi 3 décembre, jour où on célèbre la fête de saint François-Xavier, il sera célébré, dans l'église des Missions-Etrangères, une messe solennelle en l'honneur de ce saint, qui est patron de l'association de la Propagation de la foi. Cette messe aura lieu à neuf heures très-précises. Ceux qui ne pourront pas s'y rendre sont prévenus qu'à la même heure, il y aura des messes basses dites à la même intention à St-Roch, à St-Eustache, à St-Nicolas-des-Champs, à St-Jean-St-François, à St-Nicolas-du-Chardonnet, à StJacques du Haut-Pas, à St-Sulpice et aux Quinze -Vingts. Il n'y aura aucune quête pour l'œuvre.

-M. l'abbé Haumet, curé de Montreuil, près Vincennes, a été nommé, par M. l'archevêque, à la cure de SaintGervais, vacante par la nomination de M. l'abbé Hunot à la cure de St-Merry.

-Nous annonçâmes, il y a quelques mois, une édition du Bréviaire romain, qui devoit être donnée par M. Méquignon-Junior; mais une autre édition ayant été annoncée en même temps, M. Méquignon renonça à son entreprise. Cette autre édition devoit se faire chez M. Belin-Mandar, et M. Rusand, de Lyon, s'étoit réuni à lui pour cet effet. Il s'en est depuis séparé, et il va faire paroître une édition nouvelle et soignée. Il n'a point voulu que la sienne fût sté réotypée; ce procédé nuisant, comme on sait, à la netteté de l'impression. Un ecclésiastique instruit dirige cette édition; c'est le même qui a dirigé l'édition du Missel romain, publiée l'année dernière, d'après l'édition récente de Rome. Il a fait une étude spéciale de la liturgie, et rédige tous les ans l'ordo romain. Outre les offices communs à toute l'Eglise, il donnera les offices des saints, dont on fait la fête en France et dans diverses communautés. Les épreuves sont revues avec soin. Ce Bréviaire va paroître; nous en avons vu un volume qui est exécuté d'une manière tout-à-fait satisfaisante, avec des caractères neufs, sur du bon papier. L'autorité ecclésiastique a approuvé cette édition, qui sera en

« PreviousContinue »