CHAPITRE IV. Des Parties à But. LE point effentiel pour le gain, ou la meilleure défense de ces Parties, c'est de jouer réguliérement, foit qu'on ait le Trait ou qu'on ne l'ait pas, c'eft-àdire, de dégager fes Pieces à propos, & de les foutenir, ainfi que les Pions qu'on aura pouffés en avant, d'après les inftructions données dans les précédens Chapitres ; les combinaisons de ces Parties fe variant à l'infini, il est fenfible que le gain ou la perte, entre Joueurs de force égale, dépendra du premier coup mal joué, du premier temps perdu de part ou d'autre; nous ne pouvons donc pas adopter l'avis d'un Auteur célebre, qui prétend que celui qui a le Trait doit gagner forcément (*); pour combattre cette affer (*) Traité du Jeu des Echecs, par M. Philidor, premiere Partie & fuivantes. tion, nous allons tâcher de prouver par les Parties mêmes qu'il donne en preuve de cette prétendue vérité, que le Trait feul n'eft point un avantage décifif pour le gain de la Partie, que celui qui n'a pas le Trait la gagnera lui-même fi le premier manque une fois de jouer le coup jufte; & que, toutes chofes égales, c'eft-à-dire, en fuppofant les coups joués régulièrement de part & d'autre, la partie fera remise. Ce Chapitre fera divifé en deux Sections. Dans la premiere, on traitera des Parties dont les débuts font les plus ordinaires. La feconde Section traitera particuliérement de celle à laquelle on a donné le nom de Gambit. SECTION PREMIERE. PREMIERE PARTIE. Les deux Partis jouent, au deuxiem: coup, le Fou du Roi à la quatrieme cafe du Fou de la Dame. Blanc. 1 P. E. 4. 2 F. C. 4. 3 P. C. 3. 4 P. D. 4. 5 P. D. 4. 6 B. C. 3.. 7 G. E. 2. 8 F. D. 3. 9 P. E. 10 C. E. 5. 3. F. C. 5. G. F. 6. (a) F. B. 6. (b) P. F. 6. C. E. 6. D. E. 7. Remarques. E. H. 8. (a) S'il jouoit de fon côté P. C. 6, il auroit bientôt perdu. P. C. 6. P. D. 4. E. F. 7. 6 D. H. 5.t regagneroit le Fou que vous avez facrifié avec une meilleure fituation de jeu. Il joue donc mieux en jouant G. F. 6; mais ce coup même n'eft pas fans inconvénient, comme on le verra dans la feconde variante de cette Partie. (b) Quoique le Fou du Roi foit une des meilleures pieces du jeu, il ne faut pas cependant, pour le conferver, per, dre des temps dont la perte entraînera néceffairement celle de la Partie, comme celle-ci en fera la preuve; il auroit mieux joué, au lieu de retirer ce Fou à la cafe F. B. 6, de vous donner échec en jouant F. B. 4; & auroit par-là empêché l'établiffement de vos Pions au centre qui vous vaudront le gain de la Partie. Voyez la fuivante. (c) La retraite forcée de fon Cayalier dans fon jeu, eft une preuve bien fenfible de la jufteffe de la Remarque ci-deffus. (d) Il porte fon Cavalier à cette cafe pour rompre le cordon de vos Pions, à quoi il parviendroit en pouffant enfuite le Pion du Cavalier de fon Roi; mais vous rompez fon projet en facrifiant, fur le coup, votre Tour pour ce Ca |