Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors]

BIOGRAPHIE

GÉNÉRALE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A NOS JOURS.

MURRAY (Jacques STUART, comte DE), connu dans l'histoire d'Écosse sous le nom de Bon Régent (Good Regent), né vers 1533, tué le 23 janvier 1570. Il était l'aîné de trois frères, fils illégitimes de Jacques V. Sa mère était lady Marguerite, fille du lord Jean Erskine de Mar, seigneur considérable, et un de ceux à qui avait été confiée la garde de Jacques V enfant. Dès seş premières années Jacques Stuart fut créé prieur de Saint-André avec tous les revenus de ce riche bénéfice. Plus tard il reçut encore le prieuré de Pittenweem, et celui de Marcou en France, en vertu d'une dispense du saint-siége. En 1544, il prêta serment de fidélité au pape Paul III. Mais il n'était pas fait pour la vie ecclésiastique. Dès 1548 il donna des preuves de l'intrépidité et du génie militaire qui le distinguèrent dans la suite. Ce fut à l'occasion de la descente des lords Grey de Willin et Clinton sur la côte d'Écosse. Jacques rassembla une pefite troupe de gens déterminés, et força les envahisseurs à se rembarquer. Il avait déjà fait un voyage en France à la suite de sa demi-sœur Marie Stuart; il en fit plusieurs autres, et assista au mariage de Marie avec le dauphin de France. Quand la réforme pénétra en Écosse, Jacques, moitié sincèrement et moitié par ambition, adopta les nouvelles doctrines. Sa naissance, son intelligence, son courage lui donnèrent bientôt une grande autorité sur les réformateurs. Il ménagea cependant les catholiques, dans l'espoir de recevoir une pension de la France; en même temps il demanda une pension à la cour d'Angleterre, comme dédommagement des sacrifices qu'il avait faits à la cause de la reforme. Envoyé en France auprès de Marie Stuart pour la presser de revenir en Écosse, il la trouva indisposée contre lui; mais par la franchise de ses manières et la sagesse de ses conseils, il obtint bientôt sur elle une grande influence. Il la décida à se présenter à ses suNOUV. BIOGR. GÉNÉR.

[ocr errors]

T. XXXVII.

M

jets, sans auxiliaires étrangers, et à respecter l'établissement de la réforme ; prit ensuite les devants, et alla tout préparer pour la recevoir. Marie Stuart, à son arrivée en Écosse en 1561, trouva Jacques au premier rang des hauts personnages; elle l'éleva encore, et le prit pour son principal conseiller et lieutenant. Le choix était heureux. Jacques montra autant de jugement que de fermeté, et témoigna beaucoup d'égards pour sa sœur et souveraine ; il obtint pour elle, au grand déplaisir de l'impétueux Knox, qu'elle exercerait librement son culte; la messe fut dite dans la chapelle royale; mais tous les priviléges des réformés furent respectés. Jacques rétablit l'ordre sur les frontières, modéra le zèle fanatique du peuple contre les papistes, comprima les ennemis de la dynastie de Marie, et fortifia l'attachement de ses amis. La reine le récompensa de ses services par le titre de comte de Mar, et célébra par des fêtes brillantes le mariage du nouvean comte avec lady Agnès Keith. La turbulente noblesse d'Écosse vit cette élévation avec jalousie. Lord Erskine fit valoir des droits antérieurs sur le comté de Mar; Jacques abandonna le titre et les biens, et reçut de la reine le comté de Murray. Ce fut le tour du comte catholique de Huntley d'être jaloux; mais Murray en finit vite avec ce rival, qu'il fit déclarer traître et qui mourut peu après. Il est probable que si Marie avait laissé l'administration à Murray, elle aurait continué de jouir tranquillement de la royauté; mais elle était impatiente de régner par elle-même avec l'arrière-pensée de revenir sur les concessions faites à la réforme. Son premier acte d'indépendance à l'égard de Murray fut son mariage avec Darnley. Murray aurait préféré pour mari de la reine Leicester, que favorisait Élisabeth. Il eut le tort grave de chercher à retenir par un complot le pouvoir qui lui échappait. Le peuple et la majorité de la noblesse restèrent fidèles à la

reine, et Murray se réfugia en Angleterre. Marie triomphante aurait eu de grandes facilités pour gouverner l'Écosse, si elle avait été capable de prudence; mais ses passions de femme la jetèrent dans une série de fautes, aussi fatales à son honneur qu'à son autorité. Elle se dégoûta vite de Darnley, et l'écarta de sa confiance, qu'elle donna à l'Italien Rizzio. Darnley, poussé par les seigneurs et s'étant assuré de l'assentiment de Murray, fit assassiner Rizzio. Murray revint en toute hâte pour reprendre le pouvoir ou du moins pour le partager avec les meurtriers du favori italien; mais Marie, par un chefd'œuvre de diplomatie féminine, parvint à détacher Darnley de ses complices. La scène changea aussitôt; les meurtriers de Rizzio, se voyant trahis par Darnley, offrirent à la reine leur concours pour l'assassinat de ce faible et malheureux prince. Murray fut informé de la transaction, et n'y prit pas autrement part. 11 quitta Édimbourg le matin du jour de l'assassinat de Darnley (9 février 1567), et au mois d'avril suivant, il partit pour le continent. Il semble que, désespérant du sort de Marie Stuart, il ne voulut pas assister à une catastrophe inévitable. En son absence les événements se précipitèrent. Le jugement illusoire et l'acquittement de Bothwell, l'enlèvement de Marie Stuart et son mariage avec l'assassin de Darnley, la révolte des lords Écossais, la séparation forcée de Bothwell et de Marie, et l'emprisonnement de la reine à Lochleven se succédèrent dans l'espace de quelques mois. Les lords rappelèrent le comte de Murray et lui offrirent la régence du royaume; il l'accepta après se l'être fait conférer par Marie elle-même. La malheureuse prisonnière ne tarda pas à regretter le pouvoir qu'elle avait abondonné dans un moment de terreur; elle s'échappa de Lochleven, rassembla des sujets fidèles, et livra bataille au régent. Elle fut complétement battue à Langside, et se sauva en Angleterre, où Élisabeth la retint captive. La reine d'Angleterre se porta d'abord pour arbitre entre Marie accusée du meurtre de Darnley et Murray accusé de rébellion. Le régent accepta l'arbitrage, et comparut à York devant les commissaires anglais présidés par le duc de Norfolk (octobre 1568). Norfolk était très-favorable à la reine d'Écosse, et Murray, sur la demande du commissaire anglais, consentit à se défendre sans attaquer. Mais ces ménagements ne devaient pas durer. Élisabeth, qui tenait à déshonorer Marie, exigea que le régent dît toute la vérité sur les actes qui justifiaient la dépossession de la reine d'Écosse. Murray produisit alors les pièces authentiques qui prouvaient la culpabilité de Marie Stuart. Cet acte, qui consomma la ruine de sa sœur, l'exposa lui-même à de graves dangers. Le duc de Norfolk était furieux contre lui; les deux comtes catholiques de Northumberland et de Westmoreland menaçaient de le faire tuer. Il regagna cependant

l'Écosse à la fin de janvier 1569. Il raffermit son pouvoir ébranlé par le soulèvement des Hamilton, et fit approuver sa conduite en Angleterre par les états d'Écosse (juillet 1569). Il était arrivé au comble du pouvoir quand une vengeance privée mit fin à ses jours. James Hamilton de Bothwell-Hangh, fait prisonnier à la bataille de Langside, avait vu ses biens confisqués, sa femme chassée au milieu d'un hiver rigoureux de la maison qu'elle habitait, et devenue folle; il jura une haine implacable au régent, et n'attendit que l'occasion de se venger. Informé que Murray devait traverser la ville de Linlithgow, il se posta dans une maison de la grande rue, appartenant à son oncle, l'archevêque de SaintAndré. De là il visa à son aise le régent, et le perça de plusieurs balles. Tandis que l'assassin se réfugiait chez les Hamilton, qui le recevaient comme un libérateur, Murray expirait le jour même avec le tranquille courage qui lui était habituel et dans de grands sentiments de piété. << Sa mort, dit M. Mignet, causa une immense joie à tout le parti de Marie Stuart en Écosse; elle satisfit tous les princes catholiques de l'Europe. Pour les amis de la reine prisonnière, Murray avait été un sujet ingrat, un frère inhumain, un rebelle odieux; pour les rois, un adversaire triomphant de l'autorité légitime. En lui succombait le chef habile du protestantisme écossais, le conducteur résolu du gouvernement du jeune roi, l'allié utile d'Élisabeth. Il avait de fortes qualités, le cœur vaillant, l'esprit haut et ferme, le caractère énergique, les mœurs honnêtes et rigides; et cependant il avait été quelquefois violent, souvent fourbe, et tour à tour altier ou humble, selon les besoins de sa cause et les intérêts de sa grandeur, Il avait agi en sectaire et en ambitieux. Pour soutenir sa croyance, il s'était rendu maître de l'État. Dans l'exercice du pouvoir suprême, il avait déployé la vigilance la plus soutenue, fait observer la règle la plus inflexible, et le peuple, qui voyait sous son administration s'introduire dans le royaume une justice sûre et un ordre inconnu, lui décerna et lui a conservé le titre de Bon Régent. Conformant sa conduite privée, à sa croyance religieuse, il avait donné à sa maison l'aspect d'une église plus que d'une cour, et il avait acquis la confiance comme l'affection de la secte presbytérienne. Mais l'intérêt de la religion l'avait emporté chez lui sur le sentiment de la nationalité, et dans ses rapports avec Élisabeth il s'était montré plus protestant qu'Écossais. Formé dans les troubles, il s'était accoutumé aux violences. Il avait adhéré au meurtre de Riccio, et l'attentat contre Darnley ne l'avait pas trouvé sévère envers tous ceux qui y avaient trempé. Auteur de la guerre civile, il finit par en être victime; complice d'un premier meurtre et en ayant toléré un second, il périt victime d'un assassinat. Les procédés par lesquels on s'élève sont bien souvent ceux par lesquels on tombe. »>

Le comte de Murray avait épousé en février 1561 Anne, fille aînée de William Keith, quatrième comte Mareschal, remariée plus tard à Colin Campbell, sixième comte d'Argyle; il eut d'elle deux filles Elisabeth, mariée à Jacques Stewart, fils de lord Doun, et Marguerite, mariée à Francis Hay, neuvième comte d'Errol. L. J. Knox, History of the Reformation within the realm of Scotland. Robertson, History of Scotland. - Malcolm Laing, History of Scotland. Mignet, Histoire de Marie Stuart. - Lodge, Portraits, t. II.

MURRAY (Jean-Philippe), littérateur allemand, né en 1726, à Sleswig, mort le 12 janvier 1776, à Gættingue. D'origine écossaise, il était l'aîné des fils d'un pasteur qui desservit plus tard l'église allemande de Stockholm. Après avoir séjourné longtemps dans cette capitale, il fut pourvu d'une chaire à Goettingue, et y vint rejoindre ses frères. Il a traduit en allemand les Observations critiques de Nordberg sur l'Histoire de Charles XII par Voltaire, le Voyage de Pierre Kalm, ainsi que d'autres ouvrages suédois, et il a fourni au recueil de l'Académie de Gættingue divers mémoires sur la géographie et l'histoire des pays scandinaves. K.

Commenti acad. Gætting, X.

MURRAY (Jean-André),médecin suédois, frère du précédent, né le 27 janvier 1740, à Stockholm, mort le 22 mai 1791, à Goettingue. Il étudia la médecine à Upsal, et y fut, pour la botanique et la pathologie, un des élèves favoris de Linné. En 1760 il suivit à Gættingue les cours de Richter, de Vogel et de Kastner; ensuite il s'appliqua à l'étude des langues anglaise, française et italienne. Reçu docteur en 1763, il fut appelé dans la même année à occuper la chaire de médecine à Goettingue, où depuis 1769 il dirigea le jardin botanique. Il obtint en 1780 les insignes de l'ordre de Wasa et en 1782 le rang de conseiller privé en Angleterre. On a de lui : Enumeratio librorum præcipuorum medici argumenti; Leipzig, 1772, in-8°; 2o édit., augmentée, Zurich, 1792, in-8"; Bibliotheque de médecine pratique (en all.); Gottingue, 1774-1781, 3 vol. in-8'; — Apparatus medicaminum; ibid., 1776-1792, 6 vol. in-8°; réimpr. en 1793 et trad. deux fois en allemand. Linné a donné la dénomination de Murraya exotica à un arbre des Indes orientales.

[blocks in formation]

était l'aîné de douze enfants. Après avoir reçu à New-York une éducation élémentaire, il fut attaché au comptoir de son père, qui le destinait au commerce; il obtint ensuite la permission d'étudier le droit, fut reçu avocat à vingt et un ans, et acquit en peu de temps une bonne clientèle. Lorsque éclata l'insurrection des colonies, il se retira à Islip (Long Island), et s'y livra avec tant d'activité au négoce qu'au bout de quatre ans il avait gagné une fortune suffisante pour lui permettre de renoncer aux affaires. En 1784 il fut obligé, à cause de l'extrême débilité de son tempérament, de quitter le climat trop rigoureux des États-Unis du Nord; il vint s'étatablir en Angleterre, et passa le reste de sa vie dans une propriété qu'il acheta aux environs d'York. Sa santé, qui s'était d'abord améliorée, s'affaiblit rapidement; affecté d'une paralysie des jambes, il ne sortit plus de sa chambre. Ce fut dans cet état qu'il eut l'idée de consacrer ses loisirs forcés à l'instruction de la jeunesse ainsi qu'à la littérature. Il mourut à l'âge de quatre-vingt et un ans. On a de lui: The Power of religion on the mind; York, 1787, in-12; souvent réimprimé et trad. en français (Londres, 1800, in-12); — An English Grammar adapted to the different classes of learners; Londres, 1795, in-12; cette grammaire obtint un débit considérable, ainsi que les Exercices et la Clef des exercices qui parurent en 1797;- The English Reader, avec une Introduction et une Suite, 3 vol. in-8°;· Le Lecteur français; Londres, 1802, in-12; recueil de pièces en prose et en vers, extraites des meilleurs auteurs français ; Introduction au Lecteur français; Londres, 1807, in-12; The English spelling-book, in-12; — The Duty and benefit of reading the Scriptures; Londres, 1817, in-12. La plupart de ces petits livres ont été adoptés dans toutes les écoles élémentaires de l'Angleterre. P. L-Y.

[ocr errors]

Elizabeth Frank, Memoirs of the life and writings of Lindley Murray; York, 1826, in-8°.

MURRAY (Alexander), linguiste anglais, né le 22 octobre 1775, à Dunkitterick (Écosse), mort le 16 avril 1813, à Édimbourg. Fils d'un berger, il exerça dans son enfance le même état et apprit de son père à lire et à écrire. L'ardeur qu'il témoignait à s'instruire le fit envoyer à une petite école de village; il s'y rendait pendant l'été, et gardait les troupeaux pendant l'hiver. Quelques économies lui permirent d'acheter des livres ; il donna ensuite dans les fermes voisines des leçons particulieres. Par ses propres efforts et sans autres secours qu'une grammaire ou un dictionnaire, il apprit successivement le français, le latin, le grec, l'hébreu, l'anglo-saxon et l'arabe. A dix neuf ans il obtint une bourse à l'université d'Édimbourg, où il s'appliqua avec zèle à l'étude des idiomes de l'Orient. Après avoir pris les ordres, il devint vicaire (1806), puis pasteur de la paroisse d'Urr,

dans le comté de Kircudbright (1808). La chaire des langues orientales étant venue à vaquer à Édimbourg, il se mit sur les rangs, et en fut pourvu le 8 juillet 1812; on lui conféra peu de temps après le diplôme de docteur en théologie. Il mourut l'année suivante, d'une maladie de poitrine, à l'âge de trente-sept ans et demi. On a de lui une édition fort estimée des Voyages de Bruce; Édimbourg, 1805, 7 vol. in-8° et atlas; History of the life and writings of James Bruce; ibid., 1808, in-4° ; — History of the European Languages, or researches into the affinities of the teutonic, greek, celtic, sclavonic and indian nations; ibid., 1823, 2 vol. in-8° ouvrage imparfait publié par les soins du docteur Scot. Murray s'y montre partisan de l'unité des langues; il recherche les affinités intimes qui existent entre elles, et s'efforce de démontrer qu'elles ont eu toutes pour racines les neuf syllabes suivantes : ag, bag, dwag, gwag, lag, mag, nag, rag, swag.

P. L-Y.

Scot, Notice à la tête de l'History of the lan

guages.

MURRAY(Hugh), géographe anglais, né en 1779, à North-Berwich (Écosse), mort en 1846. Placé de bonne heure dans l'administration des douanes à Édimbourg, il utilisa ses loisirs à cultiver l'histoire et la géographie. Après avoir publié un roman, il passa plusieurs années à augmenter et à compléter un ouvrage du docteur Leyden, Historical Account of Discoveries and travels in Africa (Édimbourg, 1817, 2 vol. in-8°). On a encore de lui: Account of Discoveries and travels in Asia; Édimbourg, 1820, 3 vol. in-8°; Discoveries and travels in America; ibid., 1829, 2 vol. in-8°; Encyclopædia of geography; ibid., 1834, gr. in-8°. Il a édité pendant quelque temps le Scot's Magazine, et a fourni de nombreux articles à l'Edinburgh Gazetteer et à l'Edinburgh Cabinet library, les quinze derniers volumes de cette collection sont presque entièrement de sa plume.

Rose, New Biograph. Dict.

K.

MURRAY (John), médecin et chimiste anglais, né en Écosse, mort le 22 juillet 1820, à Édimbourg. Il s'appliqua spécialement aux sciences naturelles, et professa avec beaucoup d'honneur la physique, la chimie, la matière médicale et la pharmacie à Londres et à Édimbourg. Ses ouvrages sont restés longtemps classiques dans l'enseignement; ils se distinguent par la solidité du raisonnement, la justesse des observations et même l'élégance du langage. Nous citerons de lui: Elements of Chemistry; Londres, 1801, 1810, 2 vol. in-8°; Elements of Materia medica and Pharmacy; Londres, 1804, 2 vol. in-8°; A System of chemistry; Londres, 1806, 4 vol. in-8°; avec un Supplément en 1809; - A System of Materia medica and Pharmacy; Londres, 1810, 2 vol. jn-8°; Elements of Chemical science, as

-

[blocks in formation]

New monthly Magazine, 1er octobre 1820. MURRAY (John), célèbre éditeur anglais, né le 27 novembre 1778, mort en juin 1843. Il perdit son père de bonne heure, et sa mère s'étant remariée, il resta fort jeune presque maitre de lui-même. Les études qu'il avait commencées furent négligées. Arrivé à l'âge d'homme, et par suite des relations que lui avait laissées son père, il s'établit comme libraire pour les ouvrages de médecine. Bientôt une occasion se présenta de s'occuper d'une branche plus étendue. Quelques jeunes gens distingués du collége d'Eton avaient entrepris un journal mensuel intitulé La Miniature, qui ne manquait pas de talent, mais qui les entraîna dans quelques dettes. Murray, ayant appris leurs embarras, offrit, autant par bienveillance que par l'espoir de s'assurer plus tard leur influence, de se charger du recueil et de payer les dettes du passé. Ses relations avec ces nouveaux amis le firent connaître de Canning. En 1807, il proposa à ce ministre le plan de la Quarterley Review, comme moyen de contrebalancer l'influence de la Revue whig d'Édimbourg. Le ministre promit son appui; mais l'importance de l'entreprise demandait du temps. Pendant qu'on s'occupait des mesures préliminaires, Murray lut par hasard dans la Revue d'Édimbourg une critique sévère sur Walter Scott, à propos de son poëme de Marmion. Sans perdre une heure, il partit pour l'Écosse, se fit présenter à Walter Scott, et lui exposa le plan de sa revue et le parti qu'on pouvait en tirer. Le poëte fut enchanté de l'idée, et agit auprès de ses amis. Quelques mois après, grâce à l'appui de personnages distingués, Heber, Georges Ellis, Canning, Barrow, etc., qui aplanirent les dernières difficultés, le premier numéro de la Revue parut en 1809, sous la direction de l'habile critique Gifford. L'aristocratie et la gentry accueillirent avec beaucoup de faveur une revue qui défendait avec talent leurs principes et leurs intérêts. Les abonnés vinrent en foule, et la Revue se vendit bientôt à douze mille exemplaires. Dès lors Murray étendit ses affaires et ses relations littéraires. En 1810 il rechercha la connaissance de lord Byron, et lui donna 600 liv. st. pour les deux premiers chants de Child-Harold, qui avaient été refusés par un autre éditeur. Deux ans après, il établit dans Albemarle-street sa librairie, qui devint le centre de vastes affaires, et le rendezvous des littérateurs distingués de l'époque, anglais et étrangers. Ses relations particulieres avec lord Byron occupent un espace de plus de dix ans, et la correspondance du poëte avec l'éditeur présente plus d'un témoignage de l'esprit libéral de ce dernier. Ayant appris en 1815 que lord Byron se trouvait embarrassé, Murray lui

« PreviousContinue »