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GODLEIAT

16 MAR 935

KIBRARY

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SOMMAIRE.

-

Les membres de la famille Bonaparte ont-ils jamais cru au rétablissement de l'Empire? La famille Bonaparte. - Madame Mère. Bonaparte. Lucien Bonaparte.

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- Louis Bonaparte.

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Joseph Jérôme Bonaparte. Napoléon-Jérôme Bonaparte. Le prince Eugène. Le roi de Rome. Les sœurs de l'Empereur.- Caroline Bonaparte et ses fils. Élisa Bonaparte. -Pauline Bonaparte. - Hortense de Beauharnais. Louis-Napoléon Bonaparte. Sa foi dans sa destinée. - M. Fialin, secrétaire de Louis-Napoléon Bonaparte. Conspiration de Strasbourg. Elle échoue.-M. Louis Bonaparte est transporté sur l'Andromède aux États-Unis. M. Louis Bonaparte s'est-il engagé à rester dix ans en Amérique? - Retour en Europe de M. Louis Bonaparte. Il est obligé de quitter la Suisse. Il se rend en Angleterre. Menées du parti bonapartiste en France. M. de Crouy-Chanel et ses acolytes. M. Mocquart. — Fondation d'une presse bonapartiste. Le Capitole. Le Journal du Commerce. · La Propagande bonapartiste. - Le Club des Culottes de peau. Le Club des Cotillons. - La conspiration de Boulogne.Barbès et M. Louis Bonaparte. Les deux tentatives ont le même but. bourgeoisie les envisage d'une façon différente. — L'impérialisme renié par luimême.-M. Louis Bonaparte dans la forteresse de Ham. Ses rapports avec les divers partis. Evasion de M. Louis Bonaparte. Le bonapartisme et la monarchie de Juillet.

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La

J'essaye d'écrire l'histoire du second Empire français. Cette entreprise, difficile surtout pour un homme appartenant au parti qui a lutté le plus vigoureusement

TAXILE DELORD.

I. — 1

contre la restauration des institutions du premier Empire, est rendue plus difficile encore par le régime politique sous lequel la France a vécu jusqu'à ce jour.

Les documents dans lesquels puise l'historien, toujours très-nombreux et très-intéressants dans un pays libre, sont rares et insignifiants dans un pays où la liberté n'existe pas. Les documents publiés à l'étranger ne doivent, pour bien des causes, être employés qu'avec une extrême réserve.

Je n'ai pas la prétention de tracer l'histoire complète et définitive du second Empire français. Le moment actuel ne se prête sur ce sujet qu'à des tentatives. L'essai que j'offre au public est du moins écrit par quelqu'un qui, de près ou de loin, a vu tous les événements, et qui a connu la plupart des hommes dont il parle.

Mon but principal en publiant cet ouvrage est de donner l'exemple, et d'ouvrir la carrière. J'y marche avec l'assurance d'un homme qui pense n'avoir rien à redouter de lui-même ni des autres; la ferme croyance dans mes principes me défend contre toute exagération, la volonté d'être impartial me préserve de toute

rancune.

Avant d'entamer l'histoire du second Empire français, je remonte à son origine. Je tâche d'expliquer les événements d'où il est sorti, de faire la part de ce qu'il doit aux événements et aux hommes. Cette introduction n'est donc que le récit de la lutte engagée par l'impérialisme d'abord contre la monarchie constitutionnelle, ensuite contre la République, et terminée par sa victoire en 1852.

S'il est vrai que Napoléon I ait cru sérieusement à la

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restauration de sa dynastie, les membres de sa famille n'ont pas toujours partagé sa croyance. La mère de l'Empereur disait à ceux qui lui reprochaient ses habitudes de parcimonie: « Qui sait si je ne serai pas obligée un jour de donner du pain à tous ces rois? » Le jour vint, en effet, où le produit de ses épargnes ne fut pas inutile à ses enfants; Madame Mère, comme on disait sous l'Empire, retirée à Rome, priait les saints de rendre la santé à l'Empereur et consultait les cartes pour savoir s'il se portait bien plutôt que pour se faire révéler l'époque à laquelle il remonterait sur le trône. «Madame Lætitia passait la plus grande partie de ses journées avec son frère le cardinal Fesh. Petite, maigre, avec des yeux noirs pleins de feu, vrai type de race corse, comme on en rencontre encore dans les montagnes de l'île chez les familles pures de tout mélange étranger. Une robe de mérinos noir, un turban à la mode de l'Empire, composaient sa sévère et unique toilette. Elle ne franchissait jamais le seuil de son palais qu'en voiture et en voiture fermée; tous les jours, de une heure à trois, elle sortait ainsi, se faisait conduire dans la campagne de Rome, et là, dans ces solitudes où tout semble mort, excepté les souvenirs du passé, elle se promenait seule et à pied. Un jour, elle rencontra la voiture de Pie VII. Le pape s'arrêta, salua la mère de celui avec qui il avait agité les destinées du monde chrétien, et avec cette bonhomie italienne qui s'allie souvent à des sentiments d'une véritable grandeur, il lui demanda des nouvelles del povero imperatore (1). »

(1) Mémoires et correspondance du roi Jérôme et de la reine Catherine.

Les frères de l'Empereur, résignés à la perte de leur couronne, affectaient de regretter seulement que Napoléon ne leur eût pas permis de rendre heureux les peuples placés sous leurs lois! L'Empereur, en effet, les avait promptement désabusés de l'illusion de croire qu'on peut déposséder les anciennes dynasties, et régner au nom des mêmes intérêts; accepter le sceptre des mains d'un conquérant, et s'en servir comme d'une arme pour le frapper. Napoléon voulait être obéi de tous, et principalement de ses frères; ces derniers, résignés de mauvaise grâce à l'obéissance, vécurent dans des rapports toujours agités avec l'Empereur; après sa chute, ils se disper

sèrent.

Joseph, ancien roi de Naples et d'Espagne, vivait en Amérique, dans les environs de Philadelphie, cultivant les terres qu'il avait pu acquérir par un privilége spécial sans perdre sa qualité de Français le frère aîné de l'Empereur, roturier en Amérique, comte de Survilliers en Europe, homme aimable, instruit, n'avait nullement l'air de chercher à renverser aucune des branches de la maison de Bourbon. Cependant, «lorsque la nouvelle des événements de juillet parvint en Amérique, le roi Joseph crut devoir faire paraître un manifeste au nom de son neveu Napoléon II. La protestation du frère aîné de l'Empereur, publiée dans tous les journaux de l'Europe sous la forme d'une lettre à la chambre des députés, contestait non pas à la nation régulièrement consultée, mais à une assemblée qui ne la représentait qu'incomplétement, le droit de disposer d'une couronne conférée par la Chambre de 1815 à Napoléon II, conformément au pacte constitutionnel. Il y avait dans la lettre de Joseph,

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