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1.

Inconveniens

qui ont fait

cours à Rome.

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CHAPITRE VI

Du concours pour les Cures dans la province de Bretagne : maniere de le tenir régles qu'on doit y obferver. Quelles font les Cures qui y font foumifes ? Déclaration du Roi fur ce fujet.

Vant l'année 1740, les Eccléfiaf

A riques qui vouloient être pourvus

changer l'ufage de Cures de la province de Bretagne de tenir le con- vacantes dans les mois réservés au Pape, étoient obligés d'aller à Rome pour concourir, parce que le concours fe tenoit à Rome pour les Cures de cette province. Ces Eccléfiaftiques, comme on le penfe bien, étoient des fujets médiocres, pour ne pas dire les plus mauvais. Car un fujet médiocrement bon ne fera pas un voyage de plus de trois cens lieues pour parvenir à une Cure. Un bon fujet à tous égards en feroit plutôt un de fix cens lieues pour n'être pas chargé d'un fardeau auffi terrible que celui d'une Paroiffe. La plupart de ceux qui alloient ainfi à Rome ne s'y déterminoient que pour

fe fouftraire à la vigilance de leurs fupérieurs, & par le défespoir d'être jamais placés par les Ordinaires dont ils étoient trop connus. Ces fujets ne devenoient pas meilleurs par par le long féjour qu'ils étoient obligés de faire dans la Ville de Rome. La facilité qu'ils y trouvoient à fatisfaire leurs paffions, fans y être remarqués & fans mettre obftacle à leur avancement, achevoit de les corrompre. Cependant ils étoient pourvus de Cures, parce que d'un côté leur mauvaise conduite n'étoit pas connue, & que de l'autre il falloit remplir les Cures & les donner aux fujets qui se présentoient, faute de meilleurs.

Ces fujets revenoient de Rome non-feulement avec les vices qu'ils y avoient apportés, mais prefque toujours plus enracinés dans ces vices. Quels fruits pouvoient-ils faire dans leurs Paroiffes ? C'étoit beaucoup qu'ils ne fuffent pas un fujet de fcandale pour leurs paroiffiens. Ils étoient dif tingués de tous les autres par leur ignorance, & encore plus par leur mauvaife conduite. La qualité de Romi petes qu'on leur donnoit étoit une efpéce de note.

-Difficultés que

?

» les libertés de l'Eglife Gallicane, & » les maximes du Royaume ne doivent » pas avoir lieu dans cette province » de même que, dans les autres pays » foumis à la domination du Roi; & » fans qu'il foit rien innové aux droits » dont les collateurs ordinaires font » en poffeffion, ni pareillement en ce » qui concerne la difcipline, les for:>> mes les ufages établis dans cette »province, fuivant les loix & les » Ordonnances du Royaume; comme >> auffi fans approbation des énoncia. » tions contenues en ladite Bulle, en » ce qu'elles pouroient avoir de con» traire aux régles & ufages obfervés » dans cette province, & fans que les provifions des Cures puiffent être » expédiées autrement que par fimple fignature, ni fujettes à aucune nou » velle taxe, fous quelque prétexte » que ce foit ».

Les Eccléfiaftiques qui craignoient Ponifait naire-la rigueur d'un examen fait dans la fur l'exécution province & fous les yeux de leurs de cette Bulle. Evêques, continuerent de fe faire

pourvoir en Cour de Rome des Curés vacantes dans les mois du Pape : les uns per obitum; les autres par dévolut fur ceux qui avoient été pourvus par la voie du concours.com

Pour arrêter le cours de ces entreent prifes les Evêques de Bretagne s'adrefferent au Roi & le fupplierent de donner une Déclaration qui terminât ces conteftations, & réglât pour l'avenir la forme du concours.

Eys

DECLARATION DU RO1;
touchant le concours des Cures de
Bretagne, donnée à Versailles le 11
Août 1742.

LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU,

Roi.

VI.

ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE: Déclartion du A tous ceux qui ces préfentes Lettres verront, Salut. La Bulle que notre S. Pere le Pape Benoît XIV a accordé à nos inftances & aux voeux de notre province de Bretagne, portant que le concours pour obtenir les Cures de cette province qui vaqueroient dans les mois réfervés au Pape, fe feroit pardevant les Evêques des lieux, où les Cures qu'il s'agit de remplir feroient fituées, ayant été revêtue de nos Lettres-patentes enregistrées au Parlement de Rennes le 6 Février 1741, & reçue avec reconnoiffance Ipar tous les Evêques de Bretagne, Nous avions lieu de croire que leurs diocèfes n'auroient plus qu'à jouir

tranquillement d'une grace qu'on y defiroit depuis fi longtems. Nous apprenons cependant qu'il s'eft élevé plufieurs difficultés fur l'exécution de la Bulle du Pape & de nos Lettrespatentes, par la mauvaise difpofition de quelques efprits inquiets & ennemis , du bon ordre, qui craignant d'être trop connus dans leur pays, cherchent à éluder la loi du concours pardevant leur Evêque en continuant d'aller à Rome, ou de s'y adreffer pour obtenir des Cures fous différens prétextes, & pour troubler en qualité de dévolutaires, des poffeffeurs légitimes qui ont été pourvus par la voie du concours en exécution de la Bulle de Sa Sainteté. C'est ce qui a engagé les Prélats de la province de Bretagne à Nous fupplier de vouloir bien faire ceffer par notre autorité les obftacles qu'on veut mettre à un fi grand bien en expliquant fi clairement nos intentions fur ce fujet que ceux qui font les plus avides de Bénéfices perdent toute efpérance de pouvoir obtenir "des Cures au préjudice de la loi du concours fi fagement établie en Bretagne ou que s'il y en avoit encore : qui euffent trouvé le moyen de furprendre des provifions en Cour de

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