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et à la paix entre les deux pouvoirs, entre la société religieuse et la société civile. C'est là, on le sait, la politique de Léon XIII et de son digne et habile représentant à Paris. Certes on ne peut reprocher à l'Eglise d'attaquer. Elle l'est elle-même un peu partout, en Italie, en Allemagne, en France. Sa modération est manifeste. Elle n'attaque ni par ses doctrines générales qui, nous l'avons vù, ne sont nullement opposées à ce qu'il y a de juste et de vrai dans les idées modernes ; ni par ses actes et ses paroles inspirés également par l'esprit de vérité et de conciliation. Ecoutons Léon XIII : « L'Eglise catholique dont les intérêts nous sont confiés, et qui demeure strictement fidèle aux préceptes et aux exemples de JésusChrist, son fondateur, enseigne qu'il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Aussi, tandis qu'elle reconnaît ouvertement que le pouvoir public des gouvernants est entièrement indépendant dans l'administration des choses humaines et des affaires civiles, elle réclame pour elle une autorité libre dans tout ce qui concerne le salut des âmes. Quant aux affaires qui relèvent de l'une et de l'autre puissance, elle soutient que le meilleur moyen d'accorder le pouvoir religieux et le pouvoir politique consiste dans leur union amicale et leur concorde mutuelle. D'où l'on voit combien sont téméraires et injustes les attaques dirigées contre l'Eglise par ceux qui n'hésitent pas à affirmer qu'elle veut empiéter sur les droits d'autrui ou soustraire quoi que ce soit au pouvoir politique 1. »

Il est impossible d'émettre une doctrine à la fois plus juste et plus conciliante. Il y a évidemment des matières purement spirituelles et purement religieuses et évidemment encore, elles ne regardent que l'Eglise. Il y a des matières purement temporelles et profanes; et elles ne regardent également que le pouvoir civil. Il y a en troisième lieu ce que l'on a appelé des matières mixtes, et ce sont elles spécialement qui peuvent offrir des difficultés et susciter des conflits. Or le moyen le plus raisonnable, le plus juste et le plus efficace de les éviter 1 Disc. à une députat. d'Allemands, 26 mai 1881.

et de les résoudre, c'est celui qu'indique le souverain Pontife et que je viens de rapporter: l'entente mutuelle. C'est le vrai moyen pratique, et il est de la part de l'Eglise l'expression même de la modération. Quand on établit et que l'on discute une thèse doctrinale dans les écoles, on peut et même on doit aller jusqu'aux limites du droit strict, puisqu'il s'agit de fixer la vérité spéculative. Mais lorsque l'on descend sur le terrain pratique, ce qu'il y a de mieux sans aucun doute, c'est de trouver un moyen de conciliation; et c'est celui que Léon XIII vient d'indiquer.

Je termine cet écrit en émettant un vou. La paix intérieure est pour une nation le premier des biens; sans elle elle est malheureuse, affaiblie et exposée à tout c'est là la voix de l'histoire et du bon sens. Or les querelles religieuses sont celles qui troublent le plus profondément les nations, parce qu'elles atteignent l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus intime, la conscience. Elles ne sont bonnes ni pour le pouvoir civil, ni pour la puissance spirituelle. Le bon sens, l'amour de la France, l'amour de l'Eglise nous crient donc de les éviter.

FIN.

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CHAPITRE VII.

DU DROIT DIVIN ET DU DROIT NATIONAL.

Empire des mots. Deux sortes de droit divin, naturel et surnaturel. — L'au-
torité civile est par elle-même de droit divin naturel. Il n'est nullement
opposé au droit national, considéré soit en lui-même, soit dans ses résultats.

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CHAPITRE X.

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