menaçaient ainsi les débouchés de la forêt Noire, pour donner le change à l'ennemi et masquer les manœuvres tendant à tourner sa droite. Le 26 septembre, les corps de Ney, de Soult et de Davoust effectuèrent également leur passage; le premier débouchant vis-à-vis de Carlsruhe, se dirigea sur Stuttgard. L'électeur de Wurtemberg refusa de laisser passer son quartier-général à Louisbourg, et les troupes électorales, faute d'ordres, lui ayant fermé les portes de Stuttgard, Ney fit avancer son artillerie pour les enfoncer. Le général Pfuhl jugea plus prudent de les ouvrir, et fut improuvé par son maître. Soult traversa le fleuve à Spire, se dirigeant sur Heilbronn; et Davoust à Manheim, se dirigeant sur Neckar-Els. Marmont passa à Mayence et se porta à Wurtzbourg, où il trouva le corps de Bernadotte, venant du Hanovre, réuni à l'armée bavaroise qui comptait environ 25 mille hommes.

Pendant que ces mouvements préparatoires s'exécutaient, j'eus soin de m'attacher l'électeur de Wurtemberg, un peu exaspéré de la manière dont Ney avait forcé l'entrée de sa capitale. Dès mon arrivée à Louisbourg, je conclus avec ce prince un traité qui m'assurait un corps auxiliaire de 8 mille hommes. J'en avais déja fait un pareil depuis trois se

Direction de mes

masses sur

maines avec l'électeur de Baden pour un corps de 4 mille hommes. Celui de Hesse-Darmstadt en promit autant. Ces troupes ne prirent aucune part à la guerre; mais elles servirent à garder mes communications, et cela valait mieux que de les compter dans les rangs en

nemis.

La force totale des troupes que j'avais à ma disposition à la droite du Rhin s'élevait Donawerth. à 180 mille hommes en comptant les Bavarois. Je résolus de mettre à profit cette supériorité pour détruire l'armée ennemie en me jetant sur ses derrières et en coupant ainsi ses communications avec les Russes qui arrivaient par la Moravie. Les corps de Ney, de Soult, de Lannes, la cavalerie de Murat et ma garde, se dirigèrent vers Donawerth et Dillingen; les corps de Davoust et de Marmont marchèrent à Neubourg; et Bernadotte, joint aux Bavarois, se dirigea sur Ingolstadt. Les deux derniers traversèrent dans leur marche, la principauté d'Anspach, possession prussienne qui se fiait sur sa neutralité. Cette circonstance que je crus insignifiante, d'après ce qui s'était passé en 1796 et 1800, pensa nous brouiller avec la Prusse (1). Augereau, qui venait de

(1) En 1796, Jourdan et l'archiduc Charles passèrent sur

e

Brest avec le 7 corps, ayant plus de chemin à faire, fut destiné à couvrir notre droite du côté des Grisons et à garder l'espace entre le Rhin et le haut Danube.

Danube.

Si les Autrichiens avaient commis une faute Mack commet la faute grave en prenant trop tôt l'initiative, ils étaient de m'atten du moins excusables par l'espoir qu'ils avaient dre sur le eu d'entraîner la Bavière de gré ou de force dans leur parti; mais lorsque le départ de la cour de Munich et de son armée pour Wurtzbourg eut détruit cette espérance, on ne comprend pas qu'ils aient poursuivi leur marche jusqu'à Ulm, et qu'ils y soient restés. S'ils avaient le moindre renseignement de la rapidité avec laquelle mes colonnes volaient de Boulogne sur le Rhin, ils seraient impardonnables d'avoir compromis le succès de la campagne, en engageant partiellement des forces dont l'accord seul pouvait faire triompher la coalition s'ils l'ignoraient, la chose était encore plus absurde, car toute la France et l'Allemagne le savaient.

Je ne perdis pas une minute pour punir Mon armée Mack de cette bévue. Nous étions établis sur

plusieurs points du territoire neutralisé par les Prussiens:

en 1800, Starray et Augereau combattirent aussi vers Nuremberg, sur le même territoire.

tourne la droite des Autrichiens à Donawerth, et se jette sur leurs der

rières.

le Danube, comme en 1800 nous l'étions sur le Pô. La conduite de Mack nous secondait merveilleusement. Ce trop fameux disciple de Lascy ne sut prendre aucun parti décisif. Il s'était flatté de couvrir la ligne du Danube en portant sa droite vers Rain sous le général Kienmayer, son centre à Guntzbourg et la gauche sous le canon d'Ulm. Il se mettait ainsi en bataille faisant face du côté du Rhin, quand nous débouchions déja sur l'extrémité de sa ligne pour l'assaillir à revers.

Kienmayer était trop faible pour nous empêcher seul de passer le Danube. Le 6 octobre, Vandamme, soutenu des autres divisions de Soult, s'empara du pont de Donawerth; le lendemain, Murat avec sa cavalerie passa à la rive droite et poussa jusqu'à Rain, après avoir forcé le passage du Lech. Kienmayer se replia sur Aicha. Davoust et Marmont débouchèrent par Neubourg dans la même direction. Le 8, Soult se porta directement de Donawerth à Augsbourg. Ney remonta la rive gauche du Danube, de Dillingen à Gunzbourg; Murat, suivi de Lannes, remonta la rive droite du fleuve. Arrivé à Wertingen, il y trouva un corps de douze bataillons que le général Auffemberg amenait d'Inspruck, et que Mack dirigeait trop tard au secours de Kienmayer. Notre ca

valerie, aidée des grenadiers d'Oudinot, dispersa ce corps et lui enleva trois mille prisonniers. D'un autre côté, Kienmayer n'osa pas accepter le combat et se replia sur l'Iser. Le 9, Soult arriva à Augsbourg, et Marmont s'y porta également. Davoust prit par Aicha. Murat avec sa cavalerie s'établit à Zumarshausen. Plus de 120 mille hommes s'étaient ainsi répandus comme un torrent sur les communications de l'ennemi avec Vienne.

la tête.

Mack, frappé de cécité et ne comprenant Mack perd rien à nos manœuvres, crut se tirer d'embarras par un changement de front en arrière; il étendit sa droite vers Memmingen, son centre entre l'Iller et Gunzbourg, et maintint la gauche sous le canon d'Ulm, sans avoir aucun projet arrêté pour parer aux chances qui le menaçaient (1). Je fis mes dispositions en conséquence. Bernadotte et Davoust recurent ordre de se rendre à Munich, autant pour suivre Kienmayer que pour contenir l'armée russe qui accourait à son secours, et avait dépassé Lintz. Soult se porta par Landsberg à Memmingen, afin de fermer à Mack le chemin

(1) Les Autrichiens n'ayant rien publié sur leurs désastres de cette campagne, on n'a jamais bien connu les opérations et les combinaisons de Mack.