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XX.

Ep. 94, 64: Ne Gnaeo quidem Pompeio externa bella ac domestica virtus aut ratio suadebat, sed insanus amor magnitudinis falsae modo in Hispaniam et Sertoriana arma, modo ad colligendos piratas ac maria pacanda vadebat.

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Quoi qu'en dise M. Windhaus (1), la leçon colligendos n'est pas défendable: piratas colligere ne peut se dire que de celui qui veut se mettre à la tête d'une troupe de pirates. La correction de Muret, cogendos, vaut déjà mieux, mais cogere est un terme amphibologique. La conjecture de Madvig (2), colligandos, est, à mon avis, plus ingénieuse que vraie elle réduit Pompée, le commandant en chef des forces navales de la république, au rôle d'un gendarme qui empoigne des malfaiteurs. Je crois qu'au lieu de colligendos nous devons lire cOHIBENDOS: cohibendos piratas va très bien avec maria pacanda.

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XXI.

Ep. 97, 10: Non pronum euntibus tantum ad vitia, sed praeceps, et, quod plerosque inemendabiles facit, omnium aliarum artium peccata artificibus pudori sunt offenduntque deerrantem vitae peccata delectant.

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(1) Varietas lectionis ad L. Annaei Senecae epistulas e codice Bambergensi enotata (Programme du gymnase Louis-Georges de Darmstadt, 1879), p. 13 « Colligere est cogere, conquirere. Cum enim piratae per omnia maria et oras sparsi essent, ex latebris suis pellendi et in unum cogendi erant. » Cette interprétation de colligere me parait difficile à justifier.

(2) Adv. crit., t. II, p. 499.

Le meilleur manuscrit pour cette partie des lettres de Sénèque, le Bambergensis, donne: Non praenuntius (ae est dans un grattage) tantum ad vitia, sed praeceps. Érasme, Muret et d'autres ont édité: Non pronum iter est tantum ad vitia, sed praeceps (1). Windhaus (2) propose: Non prona est tantum ad vitia <via>, sed praeceps, ce qui me paraît se rapprocher davantage de la vraie leçon. Pour moi, j'écrirais : Non PROCLIVIS tantum ad vitia <via est>, sed praeceps (3).

XXII.

Ep. 105, 1 Tu tamen sic audias censeo ista praecepta, quomodo si tibi praeciperem, qua ratione bonam valetudinem in Ardeatino tuereris.

Le mot Tuo me paraît avoir été omis entre ArdeaTINO et TUEreris. Cf. ep. 104, 1: In Nomentanum MEUM fugi; ep. 110, 1: Ex Nomentano MEO te saluto.

XXIII.

Ep. 122, 17: Idem moribus evenit: naturam sequentium faciles sunt, soluti sunt, exiguas differentias habent; [his] distorti plurimum et omnibus et inter se dissident.

(1) Ils sont approuvés par MADVIG (Adv. crit., t. II, p. 500, note); mais tantum ne me semble pas bien placé.

(2) Loc. cit., p. 20.

(3) Je me figure que le copiste de l'archétype du Bambergensis n'a pas su déchiffrer le mot proclivis (procliuis). Après avoir écrit Non et pro-, il a hésité devant le reste du mot; puis, oubliant qu'il avait déjà écrit non, il l'a répété et il a continué sa transcription en altérant - cliuis en - tius, de sorte que son exemplaire présentait : Non pro non tius; d'où la correction arbitraire Non praenuntius.

His, qui est donné par presque tous les manuscrits (1), est évidemment fautif; mais, au lieu de le supprimer, il fallait le corriger en ISTI. La syllabe ti a été omise devant di-, et h a été ajouté devant is (faute dont les manuscrits de Sénèque offrent quantité d'exemples).

XXIV.

Ep. 123, 5: Multae difficultates locorum, multae temporum etiam locupletibus et instructis a communibus optantem prohibentes occurrent.

Cela n'a pas de sens. Le Bambergensis porte: et instructis a duobus optantem. Sénèque avait écrit: et instructis AD VOLUPTATEM, « à ceux qui sont entourés de tout l'appareil du plaisir ». De aduoluptatem, le copiste a fait a duob; optātem (a duobus optantem).

XXV.

Ep. 123, 5: [Aliquod enim] experimentum animi sumpsi subito.

Les mots aliquod enim ne peuvent s'expliquer; mais Haase a tort de les supprimer purement et simplement, car il n'y a plus alors de transition entre ce qui précède et la phrase experimentum animi sumpsi subito. Cette transition indispensable, nous la trouverons en corrigeant aliquod en ADICE QUOD. Quant à enim, c'est une interpolation qui est venue se greffer sur la mauvaise leçon aliquod : elle est due à quelque reviseur qui sentait la nécessité

(1) Un seul a hi.

d'établir une transition, mais qui s'y est pris de la façon la plus malheureuse, faute de tenir compte de l'ensemble du passage.

XXVI.

Ep. 125, 6: Multa quam supervacua essent, non intelleximus, nisi deesse coeperunt.

Les anciennes éditions ajoutent cum après nisi. Que la proposition deesse coeperunt doive être temporelle plutôt que conditionnelle, c'est ce qui me paraît incontestable; mais, au lieu de cum, j'intercalerais UBI, dont l'omission s'explique mieux après nisi (n u).

Pour terminer, je présenterai quelques remarques supplémentaires sur la première série de mes corrections au texte des lettres de Sénèque à Lucilius (1).

No II. Ep. 9, 18. M. Usener (2) avait conjecturé excidio, qui est donné par M.

N° X. Ep. 28, 6. J'ai proposé de changer fieri en fingi. Mais je lis, ep. 87, 25: Quisquis hoc dicit necesse est recipiat sacrilegium, sicut malum sit, quia multa mala facit, ita bonum quoque ex aliqua parte, quia aliquid boni facit : quo quid FIERI portentosius potest? et dans Phèdre, V, 1, 18 Homo, inquit, FIERI non potest formosior (Nauck propose fingi). Il résulte de la comparaison de ces passages qu'il n'y a pas lieu de toucher au mot fieri.

(1) Voir Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3o sér., t. XXX, pp. 157-171. (2) Epicurea, p. 153. Leipzig, 1887.

N° XVI. Ep. 30, 8. Contrarius est employé absolument ep. 89, 13, et 90, 19.

...

No XVII. Ep. 51, 12. Je me demande s'il ne faut pas écrire tout simplement: Habitaturum fuisse IN RIPA Catonem, ce qui s'accorderait parfaitement avec l'ensemble du passage (ut PRAENAVIGANTES adulteras dinumeraret, etc.). Le point de départ de l'altération me semble être dans la confusion de p avec c (- ICA pour - IPA), ces deux lettres se ressemblant fort dans l'écriture capitale rustique (1). La dittographie de in aura fait le reste.

Le comte Immon; par G. Kurth, membre
de l'Académie.

Avoir été le premier personnage dans son pays après le prince, avoir été tour à tour le conseiller et la terreur des rois, avoir, à tel point, occupé l'attention de ses contemporains qu'on est devenu, de son vivant, le héros des chants populaires, et, après cela, retomber dans un si profond oubli que l'histoire n'a plus de place dans ses annales pour celui qui en occupa une si grande dans la vie, telle est la destinée de l'homme dont j'essaie d'exhumer le souvenir. Destinée peu commune en vérité, et qui ne s'expliquerait guère si je n'ajoutais que mon héros appartient au Xe siècle, l'époque la moins étudiée peutêtre de toute notre histoire. Je me persuade que la lumière que je parviendrai à faire autour de lui ne sera

(1) De là, des erreurs comme acta ponr apta (Manilius, I, 821; V, 448), cunctis pour punctis (Id., V, 707, etc.

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