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tement les puissantes forteresses des grands vassaux que Brunon a eu sur les bras la révolte de ceux-ci, et que l'on constate qu'Immon, à l'heure du danger, n'a pas eu de meilleur refuge que Chèvremont, on est tenté de croire que c'est ce château, plus que tout autre, qui a préoccupé le duc de Lotharingie. Selon toute probabilité, son attention avait été attirée sur ce nid de pirates par le nouvel évêque de Liége, Éracle, qui avait été élevé au trône épiscopal le 21 août 959, sur la recommandation de Brunon lui-même (1), et qui lui était particulièrement dévoué.

Une nouvelle fois donc, et ce ne devait pas être la dernière, l'armée impériale, sous les ordres de Brunon, apparut au pied de la redoutable forteresse où Immon s'était enfermé. Mais, comme précédemment, les assiégeants se consumèrent en efforts inutiles. A la fin, le duc, trouvant toute la contrée épuisée alors que les assiégés étaient dans l'abondance, fut obligé de se retirer après avoir conclu une trève (2). C'était comme le prélude de la réconciliation. On ne sait comment elle s'effectua; probablement le duc et le comte avaient-ils besoin l'un de l'autre au même degré. Toujours est-il que, le 20 avril 965, Immon avait fait sa paix avec le duc, si nous pouvons interpréter dans ce sens sa présence toute pacifique à Liége, où il signe de son titre de comte, avec l'évêque

(1) FOLCUIN, Gesta abbatum lobiensium, c. 27. (MGH., t. IV, p. 69.) (2) FLODOARD, Annales, 1. c. « Quidam Brunonis hostium, Rotbertus nomine, Namuurum castrum muniebat, alter, Immo, munitionem quam dicunt Capraemontem. Ad cujus obsidionem properans Bruno, loca circumquaque rebus exhausta repperit, sicque alimentis abun dantem obsidet hostem. Datis ergo treugis, etc. »

Éracle et un grand nombre de témoins, le diplôme des libéralités accordées par le chapitre de la cathédrale à l'église Saint-Martin (1).

Le 17 janvier 966, dans un diplôme émis à Aix-laChapelle, le roi l'appelait fidelis noster comes Immo et ratifiait un échange qu'il venait de faire avec l'église Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle : celle-ci cédait à Immon une terre qu'elle possédait à Jaminé en Hesbaye, et recevait de lui les biens qu'il avait dans le Luihgau, dans le Mühlgau et dans l'Avelgau (2). La dernière trace que nous rencontrons d'Immon est du 10-12 février 968; elle nous le montre participant à un acte par lequel la reine Gerberge faisait don à Saint-Remi, de Reims, de sa terre de Meerssen. Cet acte fut passé à Herten, dans le Maasgau; la signature d'Immon vient immédiatement après celle de Gerberge, de son fils et du comte Arnoul, qui avait procédé à la tradition de ce bien au nom de la princesse; une mention finale de l'acte nous apprend qu'Immon était l'avoué de l'abbaye de Saint-Remi, sans doute pour les terres qu'elle possédait en Hesbaye (5).

Après cela, nous ne trouvons plus de trace d'Immon dans les documents; il disparaît de l'histoire comme il y est entré. Ce qui est bien certain, c'est qu'il ne vivait plus lorsqu'en 986 le château de Chèvremont fut détruit par l'évêque Notger, aidé des armées impériales (4). Il ne nous

(1) MIRAEUS et FOPPENS, Opera diplomatica, t. III, p. 294.

(2) DO. I., p. 430.

(3) MIRAEUS et FOPPENS, Opera diplomatica, t. I. p 48.

(4) Si la plupart des historiens ont imaginé de faire d'Immon le personnage auquel Notger enleva la forteresse, c'est simplement parce qu'ils ne voulaient pas renoncer à ignorer le nom du châtelain et

reste plus, avant de quitter notre héros, qu'à essayer de préciser un peu mieux sa place dans la société politique de son temps.

On a vu par ce qui précède qu'Immon possède quantité de biens, disséminés dans plusieurs régions, sur la rive droite de la Meuse; il a des terres en Famenne, en Condroz, dans le Luihgau, dans le Mühlgau et dans l'Avelgau, et, de plus, il est l'avoué de l'abbaye Saint-Remi, de Reims, à Meerssen.

D'autre part, nous voyons qu'il est pour Saint-Servais de Maestricht un voisin gênant, et qu'il semble vouloir s'arrondir en Hesbaye, où il acquiert Jaminé par échange. D'après cela, ce serait soit dans la Hesbaye, soit sur la rive droite de la Meuse qu'il faudrait chercher le comté qu'il posséda. Si c'est sur la rive gauche, comme le croit Dümmler, qui l'appelle tout simplement comte en Hesbaye (1), on pourrait penser au comté de Looz, dont les origines sont inconnues. Toutefois, ses relations sur la rive droite sont plus nombreuses et plus avérées, et il faut ajouter à tous les faits que nous invoquons l'occupation du château de Chèvremont. C'est alors le Luihgau qui aurait été son domaine, et, si je ne me trompe, il aurait été comte du pays qu'on a plus tard appelé le duché de Limbourg. Dans l'un et l'autre cas, il serait l'ancêtre d'une des grandes dynasties de notre pays, celle des comtes de Looz ou celle des ducs de Limbourg.

qu'Immon avait cette qualité en 960. Mais si l'on réfléchit qu'Immon était déjà un homme fait en 930, il sera d'une souveraine invraisemblance de prolonger sa vie jusqu'en 986.

(1) DÜMMLER, Kaiser Otto der Grosse, dans la table, p. 603. (Graf im Haspengau.)

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 3 mars 1898.

M. CH. TARDIEU, directeur, président de l'Académie.
M. le chevalier EDMOND MARCHAL, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. J. Robie, vice-directeur; G. Guffens, Th. Radoux, Peter Benoit, Jos. Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, Jos. Stallaert, Max. Rooses, G. Huberti, Éd. Van Even, Alfred Cluysenaar, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, J. Van Ysendyck, membres; C. Hermans, correspondant.

MM. Fétis, Samuel, Hymans, Hennebicq et Mathieu motivent par écrit leur absence.

-M. le Directeur adresse les félicitations de la Classe à MM. Maquet et Van Ysendyck, promus au grade d'officier de l'Ordre de Léopold par arrêté royal du 7 février 1898. Des applaudissements accueillent ces paroles ainsi que les remerciements qu'expriment MM. Maquet et Van Ysendyck.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, par dépêche du 8 février, une expédition de l'arrêté royal du 24 janvier, approuvant l'élection de M. J.-J. Van Ysendyck, comme membre titulaire de la Classe.

M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics demande que la Classe donne son avis sur le modèle du buste de feu J.-J. Haus, ancien membre de la Classe des lettres, buste que le Gouvernement a commandé à M. J. Wyns, d'Anvers, pour la galerie académique.

-M. le Secrétaire perpétuel offre, au nom de G. Aitchison, président de l'Institut royal des architectes britanniques, à Londres, et associé de la Classe :

1° Son « Address to students », lue à la sixième assemblée générale qui a eu lieu le 24 janvier 1898, et qui a été publiée dans le n° 6 du volume V de la 3a série du Journal de l'Institut;

2o Une série de cinq articles « The italian Renaissance >>> et « The florentine Renaissance », publiés pp. 124, 147, 180, 201 et 226 du volume LXXIV (1899) du Builder de Londres.

Remerciements.

La situation, dit M. Marchal, que notre éminent confrère occupe parmi les architectes anglais, appelle

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