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poudre manque d'homogénéité: alors il demeure des lieux ou des tranches moins bien solidifiées, correspondant aux substances moins adhésives que renferme la poudre; ils peuvent donner à penser que l'on a réalisé effectivement une masse schisteuse, si, toutefois, on ne juge pas le produit avec trop de rigueur.

Malgré les lacunes que présentent ces expériences, il me paraît que la condition première de la formation des feuillets des schistes ou des phyllades n'est donc pas la pression, mais plutôt une succession de compositions différentes de la roche dès l'époque de sa formation, se répétant, pour ainsi dire, indéfiniment dans toute l'épaisseur de la masse.

Dans l'état actuel de nos connaissances sur la formation des terrains de sédiment, on n'entrevoit pas l'origine d'une variation, si souvent répétée, dans la composition des dépôts, variation qui aurait pour effet de produire une suite de surfaces de jointure de moindre résistance. Je me permets done d'appeler l'attention sur un fait que j'ai mis en évidence dernièrement et qui me paraît de nature à jeter quelque clarté sur la question.

Dans mes recherches sur le Rôle des composés ferriques et des matières humiques dans le phénomène de la coloration des eaux (1), j'ai constaté que les matières humiques se précipitaient combinées à l'oxyde ferrique et à l'oxyde aluminique, sous l'influence de la lumière solaire, tandis

(1) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXXIV, p. 578; 1897.

que dans l'obscurité leur dépôt était nul, ou à peu près.

D'après cette observation, le sédiment formé au fond d'une masse d'eau calme, c'est-à-dire dont le mouvement ne serait pas une cause de brouillement, doit varier continuellement le jour et la nuit. Après l'insolation, la proportion des matières humiques atteignant le fond de l'eau doit être plus forte; après un temps d'obscurité, elle doit, au contraire, être plus faible. Or on sait, par les innombrables observations faites à l'occasion de la recherche des plantes fossiles, qu'il suffit de la présence d'une feuille fossilifiée pour provoquer le clivage de la roche à l'endroit où le végétal a été emprisonné dans les temps primitifs. Il est donc admissible que des accumulations alternatives de matières humiques et de matières terreuses puissent produire, sous l'influence des agents de solidification qui ont opéré par la suite, des masses rocheuses à surfaces de clivage parallèles comme on en observe dans les ardoises et dans les schistes : chaque feuillet ultime d'une ardoise correspondant, dans cette manière de voir, à une alternative de jour et de

nuit.

Si cette théorie est vraie, il faut, de toute nécessité, que la composition chimique des surfaces de clivage des phyllades diffère de la composition de la masse lorsque les substances carbonées n'ont pas disparu par oxydation ultérieure.

Pour m'assurer du fait, j'ai raclé, à l'aide d'un couteau, la surface fraiche du clivage d'un bloc de phyllade revinien, noir, des environs de Spa, et j'y ai dosé la proportion de carbone en brûlant la poudre dans un tube

3me SÉRIE, TOME XXXV.

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avec du chromate de plomb pour retenir les composés sulfurés. J'ai trouvé 1.47 % de carbone. Alors j'ai pulvérisé entièrement le phyllade et j'y ai dosé le carbone de la même manière; je n'y ai plus trouvé que 1.07 % de carbone.

Cette analyse établit donc que la surface de clivage est plus riche en carbone de 37.6 %, car

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L'évidence de ce résultat m'a engagé à communiquer provisoirement à l'Académie ma supposition au sujet du rôle de la lumière et des matières humiques dans la fissilité des roches. Je suis occupé, pour le moment, de la reconstitution artificielle des feuillets de sédiment par un procédé reproduisant celui qui me paraît avoir été réalisé dans la nature. Lorsque ces essais qui, selon toute apparence, dureront un temps assez long, seront terminés, je ne manquerai pas, quel qu'en soit le résultat, de les faire connaître. C'est alors aussi que je pourrai répondre aux questions subsidiaires de stratigraphie qui se posent naturellement au regard du problème de la schistosité et que j'ai cru devoir laisser intactes dans cette note préliminaire.

Liége, Institut de Chimie générale, le 7 janvier 1898.

Morphométrie de Ténériffe; par Jean De Windt,
docteur en sciences naturelles.

La carte sur laquelle nous avons effectué nos mesures est la carte au 200,000 qui accompagne l'ouvrage de Fritsch, Hartung et Reiss sur Ténériffe; les données d'altitude qui existaient à cette époque et qui provenaient des mesures de von Buch, de Berthelot et Barker, et d'autres, et leurs propres mesures, y sont consignées et réunies en un tableau; toutefois il importe de remarquer que la représentation des altitudes offre sur la carte elle-même des défectuosités, entre autres dans le sud, aux environs d'Adeje. Quant aux contours de l'ile, ils avaient été établis dès 1838 par le capitaine Vidal, de la marine britannique, chargé de dresser la carte pour le service hydrographique dépendant de l'Amirauté. De 1867 à 1889, aucun travail important ne paraît au sujet de l'ile; en cette dernière année, Rothpletz publie les résultats des études qu'il avait entreprises de 1886 à 1888 dans la vallée d'Oratava, et trace sur la carte qui accompagne son travail les isohypses de 100 en 100 mètres. Enfin, en 1894, Hans Meyer donne dans sa monographie de Ténériffe, au milieu de beaucoup d'autres détails, un certain nombre de valeurs altimétriques dont nous avons également tenu compte.

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1. Détermination des valeurs fondamentales.

Les données dont nous venons de faire l'énumération nous ont permis de tracer des isobypses équidistantes de 200 mètres qu'il nous était possible, vu l'échelle de la carte et les observations existantes, de déterminer avec une approximation suffisante. Les surfaces entières comprises au-dessus de chaque isohypse ont été mesurées directement au moyen d'un planimètre polaire d'Amsler, et les résultats des mesures sont donnés dans le tableau I. Pour remédier aux erreurs résultant de la contraction du papier, nous avons mesuré le trapèze compris entre les parallèles 28°10 et 28°50′ et les méridiens 16°50′ et 16°50'; cette mesure nous permet de déterminer avec exactitude la valeur de l'unité planimétrique. C'était également en vue d'éviter des erreurs que nous avons mesuré chaque fois la surface entière comprise au-dessus de chaque isohypse. Sur le premier tableau, nous indiquons aussi les longueurs des isohypses, obtenues en considérant les arcs de petite dimension comme égaux à leur corde ou à leur tangente, et en soumettant les résultats à une mesure de contrôle au curvimètre.

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Le tableau II présente les surfaces des divers étages; ces étages deviennent, en général, moins étendus avec l'altitude; mais la série n'est pourtant pas régulière : les étages de 200 à 400 mètres et de 400 à 600 mètres sont chacun un peu plus étendu que le précédent; vers 1800 mètres, la pente commence à s'adoucir; et l'étage de

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