Page images
PDF
EPUB

furent érigés en bénéfices, et leurs revenus servirent à alimenter les bénéficiaires. D'autres furent envahis par des moines et des religieuses, et les biens dont la piété des fidèles les avait dotés pour le soulagement des pauvres furent détournés de leur destination.

Ces désordres croissants provoquèrent l'intervention pontificale. En 1311, un concile général fut convoqué à Vienne, en France, par le pape Clément V, à l'effet de délibérer sur les maux de l'Église et particulièrement sur la réformation des hôpitaux.

Le Concile de Vienne décréta ce qui suit : « L'expé>>rience ayant prouvé maintes fois que les administrateurs >> d'hôpitaux laissent dépérir ou se perdre les fonds et >> tomber en ruines les édifices qui leur appartiennent; » qu'oubliant le but dans lequel ces pieux asiles ont été >> fondés et dotés par les fidèles, ils refusent inhumaine>>ment d'y recevoir les pauvres et les malades; qu'au » lieu d'en appliquer les revenus au soulagement des >> malheureux, Es les détournent à leur propre et coupable >> usage,

» Nous, Clément V, etc., défendons de concéder l'ad>> ministration des hôpitaux en bénéfice à des cleres >> séculiers, nonobstant tout usage contraire. En consé»quence, l'administration des hôpitaux et des aumône>>ries sera désormais confiée à des laïques soigneux, >> capables et de bonne renommée, qui sachent et qui » veuillent diriger lesdits établissements, régir conve>>nablement les biens qui en dépendent et faire un >> emploi fidèle de leurs revenus. >>

Le Concile de Vienne n'a pas sécularisé la charité publique, mais il a introduit l'élément laïque dans l'ad

ministration des hôpitaux, et par là il a exercé une grande influence sur le régime de ces établissements.

L'auteur du mémoire que j'analyse aurait dù, me semble-t-il, signaler la réforme opérée par Clément V et rechercher quelles en ont été les conséquences dans notre pays. Il n'en a rien fait. Son travail présente, sous ce rapport, une lacune regrettable.

La deuxième partie du mémoire traite de l'assistance publique à dater de la réunion des provinces belges à la France.

L'auteur débute par un exposé historique où il énumère les maux que la conquête française a fait subir à nos aïeux, les circonstances difficiles qui ont suivi la révolution de 1830, la misère qui a sévi dans les Flandres en 1845 et 1846 à raison de la décadence de l'industrie linière, enfin les inquiétudes qu'inspire la crise agricole qui sévit en Belgique depuis quinze ou vingt ans.

Dans le chapitre II, l'auteur décrit minutieusement le régime légal auquel l'assistance à domicile a été soumise dans les campagnes depuis 1794 jusqu'à nos jours. Le chapitre III est consacré à l'organisation légale des établissements hospitaliers. Le chapitre IV traite de la bienfaisance privée et des œuvres qu'elle a créées. Enfin, le chapitre V est consacré aux institutions que l'État a fondées en vue de réprimer le vagabondage et la mendicité.

L'auteur de ce mémoire s'est complu à accumuler des faits, des dates, des renseignements de toute espèce, tels, par exemple, que le relevé complet des hôpitaux et hospices publics ou privés qui existent dans les campagnes de la Belgique.

On peut lui reprocher de n'avoir pas su grouper ces matériaux, à l'effet d'en déduire des enseignements utiles pour l'avenir. Il ne s'élève jamais à des considérations générales. L'esprit critique lui fait défaut. Le côté philosophique de l'histoire de la charité échappe complètement à sa perspicacité.

J'ajouterai que son style est souvent lâche et négligé. On y rencontre des phrases comme celle-ci :

[ocr errors]

<«< Dans nos campagnes, où l'influence religieuse est prépondérante de la mise en pratique des préceptes » chrétiens, faire l'aumône est une obligation impérieuse, » et au village elle se distribuera à celui qui a faim, à >>> celui qui est sans vêtement. »

Malgré ces imperfections, j'estime qu'il y a lieu de tenir compte à l'auteur du labeur considérable auquel il s'est livré pour traiter, dans le cadre restreint d'un mémoire académique, le sujet trop vaste qui fait l'objet de son travail.

Je propose donc de lui décerner la récompense pécuniaire offerte par l'Académie, mais j'estime qu'il n'y a pas lieu d'insérer son mémoire dans nos annales. >>

Rapport de M. Prins, deuxième commissaire.

<<< Je me rallie à l'opinion de M. Giron en ce qui concerne la valeur du mémoire. Je pense avec mon savant collègue que ce travail présente des lacunes et manque d'ampleur et d'élévation. Le style aussi est médiocre.

Je ne partage pas l'avis de M. Giron quand il propose de décerner la récompense pécuniaire offerte par l'Aca

démie, pour tenir compte à l'auteur du travail considérable auquel il s'est livré.

J'estime que nous n'avons à apprécier et à juger que les résultats et non les efforts dépensés pour y arriver. Assurément le sujet proposé est vaste et difficile, et réclame des connaissances variées, puisées à la fois dans l'histoire, l'économie sociale et le droit.

Peut-être en posant la question l'Académie a-t-elle trop présumé de la science des concurrents dans ce domaine, et alors le plus simple serait de ne pas reproduire la septième question au programme de 1899. Mais en attendant, nous ne pouvons couronner qu'une œuvre utile au progrès des connaissances, et ici la disproportion me semble trop forte entre ce qui a été fait et ce qui aurait dû être fait. >>>

Rapport de M. le chevalier Descamps,
troisième commissaire.

« Je me rallie à l'opinion de M. Giron. La bonne coordination, les vues générales, le style manquent trop souvent à l'œuvre que nous avons examinée. Mais il y a dans ce mémoire, malgré certaines lacunes, un ensemble de matériaux précieux dont le récolement atteste de nombreuses recherches et de féconds résultats. La récompense pécuniaire offerte par l'Académie me paraît à ce dernier point de vue justifiée, tandis que l'insertion dans nos collections dépasserait, ce semble, le mérite général de l'œuvre. »

La Classe décide qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix proposé.

PRIX DE STASSART,

POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE.

(Huitième période, 1893-1898.)

Un mémoire, portant pour devise: Viribus unitis, a été reçu en réponse à la huitième période du concours de Stassart pour une notice sur un Belge célèbre (Nicolas Clénard).

Rapport de M. Th.-J. Lamy, premier commissaire.

<<< Le mémoire soumis à notre appréciation est divisé en six livres et terminé par cinq appendices. L'auteur traite successivement de la biographie de Clénard, des ouvrages de Clénard pour l'enseignement du grec, de la méthode latine de Clénard, des études orientales de Clénard, de sa croisade pacifique, enfin de ses lettres et de ses poésies. Les appendices sont consacrés à la bibliographie et contiennent une liste alphabétique des personnes citées dans les lettres de Clénard.

La biographie est rédigée d'une manière succincte, mais fort exacte, d'après les lettres de Clénard, qui sont la principale et presque l'unique source qui nous fasse connaître l'illustre enfant de Diest.

Notre regretté confrère Félix Nève, à qui l'auteur a soin de rendre hommage, avait déjà traité ce sujet avec sa compétence spéciale en ce qui concerne les écrivains belges de la Renaissance. L'auteur n'a eu qu'à suivre ses traces en le complétant.

« PreviousContinue »