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CHAPITRE II.

ÉTAT MILITAIRE DE LA FRANCE.

1815.

I. Situation de l'armée au premier mars 1 II. Organisation d'une armée de huit cent mille hommes. III. Armement, habillement, refinances. IV. Situation de l'armée au 1er juin 1815.-V. Paris. - VI. Lyon.

montes,

I. Dans les six derniers mois de 1814, l'armée française avait reçu une nouvelle organisation; en mars 1815, elle se composait de cent cinq régimens d'infanterie dont trois aux colonies, quatre régimens suisses, quatre régimens d'infanterie de l'ancienne garde, sous la dénomination de grenadiers et chasseurs de France; cinquantesept régimens de cavalerie de la ligne, quatre régimens de cavalerie de l'ancienne garde, sous la dénomination de grenadiers, dragons, chasseurs et lanciers de France; huit bataillons du train, deux bataillons de pontonniers, trois régimens de sapeurs-mineurs, ouvriers, dits trou

paysans.

pes du génie. Les régimens d'infanterie étaient de deux bataillons, six seulement étaient à trois. L'effectif de chaque régiment était l'un portant l'autre de neuf cents hommes, dont six cents disponibles pour la guerre. La cavalerie avait un effectif de vingt-cinq mille hommes et seize mille chevaux; elle pouvait fournir au plus onze mille chevaux pour entrer en campagne. Les bataillons du train d'artillerie étaient formés de cadres; ils avaient deux mille chevaux aux dépôis, et six mille en subsistance chez les L'effectif général était de cent quaranteneuf mille hommes, pouvant mettre en campagne une armée de quatre-vingttreize mille hommes présens sous les armes (Voyez le tableau A), force à peine suffisante pour garder les places fortes et les principaux établissemens maritimes; car toutes les flottes étaient désarmées, les équipages congédiés, si ce n'est un vaisseau et trois frégates à Toulon, et deux frégates à Rochefort. Les seules troupes, qu'eût sur pied la marine, étant huit bataillons de canonniers, il fallait que l'armée de terre pourvût à la défense

de Cherbourg, de Brest, de Lorient, de Rochefort, de Toulon. Le matériel de l'artillerie, malgré les pertes éprouvées par la cession des équipages de campagne renfermés dans les places d'Anvers, Wesel, Mayence, Alexandrie, pouvait fournir aux besoins des plus grandes armées, et réparer les pertes qu'elles pourraient faire pendant plusieurs campagnes. Il y avait dans les magasins cent cinquante mille fusils neufs, trois cent mille fusils à réparer ou en pièces de rechange, outre ceux dans les mains de l'armée. Cela était très-insuffisant. Toutes les places fortes étaient désarmées; les palissades et les approvisionnemens de siége avaient été vendus, mais le matériel de l'artillerie pouvait suffire à leur armement.

II. Huit cent mille hommes étaient jugés nécessaires pour combattre l'Europe à forces égales. Les premiers soins se portèrent sur le moral de l'armée. On restitua aux régimens les numéros qu'ils portaient depuis 1794; ils avaient été illustrés dans vingt-cinq campagnes et mille combats! On créa les cadres des 3o, 4o, 5o bataillons des régimens d'infanterie, des 4°

et 5o escadrons des régimens de cavalerie; ceux de trente bataillons du train d'artillerie; de vingt régimens de jeune garde, de dix bataillons d'équipages militaires, et de vingt régimens de marine, ce qui donna de l'emploi à tous les officiers à demi - solde de toutes les armes de terre et de mer. On requit deux cents bataillons de garde nationale d'élite, chaque bataillon composé de deux compagnies de grenadiers et deux de voltigeurs, et fort de 560 hommes. On rappela sous les drapeaux tous les anciens militaires; il n'y eut pas besoin de loi coercitive pour les contraindre à obéir; ils accoururent en chantant; laboureurs, artisans, manufacturiers, etc.; tous quittèrent leur travail à la fin de la semaine, endossèrent leur vieil uniforme, et rejoignirent leurs anciens régimens. Cet appel devait produire deux cent mille hommes, il n'en rendit que cent trente mille à l'armée de ligne, parce qu'un grand nombre s'enrôlèrent dans les deux cents bataillons d'élite de garde-nationale, que d'autres entrèrent comme remplaçans dans la levée de la conscription de 1815. La conscrip

tion de 1815 fut rappelée, elle devait donner cent quarante mille hommes, mais elle n'en avait encore rendu que quatre-vingt mille à la fin de mai. L'insurrection de la Vendée fit éprouver un déficit. D'ailleurs, dans plusieurs départemens, les jeunes gens de cette conscription avaient été appelés en 1814, et ils préférèrent rejoindre leurs drapeaux à titre d'anciens soldats. Les vingt régimens de marine furent formés avec trente mille matelots des anciennes escadres d'Anvers, de Brest, de Rochefort, de Toulon; les officiers de marine et les contre maîtres formèrent les cadres. Un appel de deux cent cinquante mille hommes devait être proposé aux chambres dans le courant de juillet; la levée eût été terminée en septembre. Le nombre des officiers, sous-officiers et soldats en retraite ou réforme, s'élevait à plus de cent mille; trente mille étaient en état de servir dans les places fortes; ils s'empressèrent de répondre à l'appel que leur fit le ministre de la guerre, le maréchal prince d'Eckmülh; leur expérience, leur bon esprit, furent fort utiles pour diri. ger les nouvelles levées et assurer la con

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