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Ce décret subit diverses modifications. En effet, le 24 du même mois d'octobre 1793 (3 brumaire an 2 ), Fabre d'Eglantine, député de Paris à la Convention nationale, y fit, au nom de la commission chargée de la confection du calendrier, un rapport tendant à changer quelques dispositions du décret déjà rendu, et dans lequel il s'abandonna à de violentes déclamations contre les rois, la religion et ses ministres. L'orateur débute ainsi :

« La régénération du peuple français et l'établisse»ment de la république ont entraîné nécessairement » la réforme de l'ère vulgaire. Nous ne pouvions plus >> compter les années où les rois nous opprimoient, » comme un temps où nous avions vécu. Les préjugés » du trône et de l'Eglise, les mensonges de l'un et » de l'autre, souilloient chaque page du calendrier >> dont nous nous servions. Vous avez réformé ce ca»lendrier, vous lui en avez substitué un autre, où le >> temps est mesuré par des calculs plus exacts et plus » symétriques ce n'est pas assez. Une longue habi>>tude du calendrier grégorien a rempli la mémoire » du peuple d'un nombre considérable d'images, qu'il » a long-temps révérées, et qui sont encore aujourd'hui » la source de ses erreurs religieuses. Il est donc né» cessaire de substituer à ces visions de l'ignorance, » les réalités de la raison, et au prestige sacerdotal » la vérité de la nature. Nous ne concevons rien que >> par des images. Dans l'analyse la plus abstraite, » dans les combinaisons les plus métaphysiques, no» tre entendement ne se rend compte que par des >> images. Vous devez donc en appliquer à votre nou>> veau calendrier, si vous voulez que la méthode et » l'ensemble de ce calendrier pénètrent avec facilité » dans l'entendement du peuple, et se gravent avec rapidité dans son souvenir, etc., etc »>

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Partant de ce principe, et pensant d'ailleurs que

tout, en matière d'institution, doit porter un grand caractère d'utilité publique, il expose que l'idée première qui a servi de base à la commission, a été de consacrer par le calendrier le systême agricole, et. d'y ramener la nation en marquant les époques et les fractions de l'année par des signes intelligibles ou visibles, pris dans l'agriculture ou l'économie rurale; qu'en conséquence, elle a imaginé de donner à chacun des mois de l'année un nom caractéristique qui exprime la température qui lui est propre, le genre des productions actuelles de la terre, et qui fasse sentir le genre de saison où il se trouve dans les quatre dont l'année se compose; que ce dernier effet est produit par quatre désinences affectées chacune à trois mois consécutifs, et produisant quatre sons, dont chacun indique à l'oreille la saison à laquelle il s'applique; qu'on a même cherché à mettre à profit l'harmonie imitative de la langue dans la composition et la prosodie de ces mots, et dans le mécanisme de leurs désinences.

Il entre ensuite dans les détails relatifs à la nouvelle dénomination des mois et des jours, dont il sera ci-après parlé.

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« Il nous reste, continue le rapporteur, à vous par» ler des jours nommés complémentaires. Ce mot n'é>> toit que didactique, par conséquent sec, muet pour l'imagination. Il ne présentoit au peuple qu'une idée froide, qu'il ne rend vulgairement lui-même que » par la périphrase de solde de compte, ou par le bar» barisme de définition. Nous avons pensé qu'il falloit » pour ces cinq jours une dénomination collective qui portât un caractère national capable d'exprimer la >> joie et l'esprit du peuple français dans les cinq jours » de fête qu'il célébrera à la fin de chaque année.

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Il nous a paru possible et surtout juste de consa» crer par un mot nouveau l'expression de sans ·ċu

»lotte qui en seroit l'étymologie. D'ailleurs une » recherche aussi intéressante que curieuse nous ap» prend que les aristocrates, en prétendant nous avilir » par l'expression de sans-culottes, n'ont pas même eu >> le mérite de l'invention.

» Dès la plus haute antiquité, les Gaulois nos aïeux >> s'étoient fait honneur de cette dénomination. L'His» toire nous apprend qu'une partie de la Gaule, dite » ensuite lyonnaise (la patrie des Lyonnais), étoit » appelée la Gaule culottée, Gallia braccata; par » conséquent le reste des Gaules jusqu'aux bords da » Rhin étoit la Gaule non culottée; nos pères étoient » donc dès-lors des sans-culottes. Quoi qu'il en soit de » cette dénomination, antique ou moderne, illustrée » par la liberté, elle doit nous être chère. C'en est >> assez pour la consacrer solennellement.

» Nous appellerons donc les cinq jours collective»ment pris, les SANCULOTTIDES. >>

La fin du discours concerne la célébration des fêtes sanculottides. Voyez FÊTES républicaines.

Sur ce rapport de Fabre d'Eglantine, la convention nationale, rapportant l'art. IX du decret du 14 vendemiaire précédent, décréta que la nomenclature, les dénominations et les dispositions du nouveau calendrier seroient conformes au tableau qui y étoit annexé.

En conséquence, les premiers mois de l'année républicaine, qui étoient les mois d'automne, furent appelés: vendemiaire, brumaire, frimaire; ceux d'hiver nivose, pluviose, ventose; ceux du printemps: germinal, floréal, prairial; et ceux d'été: messidor, thermidor et fructidor.

On donna aux jours de la décade les noms de pri midi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et décadi. Ce dernier étoit le jour de repos.

Chaque décadi fut appelé du nom d'un instrument

aratoire, comme pioche, pelle, hoyau, etc., et chaque quintidi du nom d'un animal, tel que chien, ánc, cochon. A l'égard des autres jours de la décade, ils reçurent des noms de fruits, de fleurs, de légumes, ou de substances du règne minéral.

Le calendrier républicain n'a été suivi que pendant l'espace d'environ douze ans. Le Gouvernement consulaire sentit la nécessité de rétablir l'usage du calendrier grégorien, commun à presque toute l'Europe. Les motifs du sénatus-consulte relatif à ce changement, furent exposés au Sénat le 15 fructidor an 13, 2 septembre 1805), par MM. Regnault de Saint-Jeanl'Angely et Mounier, conseillers d'Etat; et sur le rapport du 22 du même mois (9 septembre 1805), ait par le sénateur Laplace, un sénatus - consulte ut rendu le même jour, portant qu'à compter du 11 nivose an 14 (1.er janvier 1806), le calendrier régorien seroit remis en vigueur dans tout l'empire rançais.

CLIO (os gloire ou ze je célèbre, je raconte). a première des neuf muses, qui présidant à l'histoire, toit chargée de transmettre à la postérité les actions es héros et des grands hommes. Elle étoit fille de upiter et de Mnémosine, déesse de la mémoire. On 1 représente couronnée de laurier, ayant une tromette à sa main droite, et tenant de l'autre un livre atitulé Thucidide. Quelques-uns la peignent posée ur un globe, et accompagnée du Temps, pour maruer que l'histoire embrasse tous les temps et tous les eux; elle passe pour l'inventrice de la guitare. Ayant n jour osé blâmer Vénus sur son intrigue avec donis, cette déesse s'en vengea en la rendant senble aux charmes de Piérus. De leur commerce naquit yacinte.

CONCORDAT. Ce mot, dit absolument, désignoit trefois l'accord fait entre Léon X et François I,

concernant la nomination aux bénéfices consistoriaux du royaume de France. Aujourd'hui on appelle en général de ce nom les traités passés entre le souverain pontife et les puissances de la communion romaine relativement à l'exercice du culte catholique. En France il s'entend particulièrement de la convention arrêtée entre Pie VII et le premier Consul de la république, par laquelle furent rétablies les relations avec la cour de Rome, pour le gouvernement de l'Eglise gallicane, relations qu'avoit interrompues le régime révolutionnaire.

Ce fut à Paris, le 26 messidor an 9 (15 juillet 1801), que les plénipotentiaires respectifs signèrent ce concordat, dont voici le texte :

CONVENTION

entre le Gouvernement français et sa sainteté PieȚII.

« Le Gouvernement de la république française re» connoît que la religion catholique, apostolique et » romaine est la religion de la grande majorité des » citoyens français.

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<< Sa Sainteté reconnoît également que cette même >> religion a retiré et attend encore en ce moment le plus grand bien et le plus grand éclat de l'établisse >> ment du culte catholique en France, et de la pro»fession particulière qu'en font les Consuls de la république.

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» En conséquence, d'après cette reconnoissance » mutuelle, tant pour le bien de la religion que pou >> le maintien de la tranquillité intérieure, ils s » convenus de ce qui suit :

» Article Ier. La religion catholique, apostolique >> et romaine sera librement exercée en France. S >> culte sera public, en se conformant aux réglemen » de police que le Gouvernement jugera nécessaires » pour la tranquillité publique.

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