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HISTORIQUE

DES CULTES RELIGIEUX

ÉTABLIS DANS LE MONDE,

DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'A PRÉSENT.

NOUVELLE ÉDITION,

Augmentée des articles Congrégations religieuses, Malte (Chevaliers de),
Philosophie moderne, Théophilanthropes, etc. etc.

ET ORNÉE DE GRAVURES.

J, F. de Lacroix

TOME QUATRIÈME.

B

A VERSAILLES,

DE L'IMPRIMERIE DE J.-A. LEBEL,

IMPRIMEUR DU ROI.

AY.

LENOX LIBRARY

NEW YORK

DES.

CULTES RELIGIEUX.

QUA

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QUADRAGESIME, du latin quadragesimus, quarantième. Dans les livres d'Eglise, ce nom désigne le carême, qui est en effet un espace de quarante jours,

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QUADRI-SACRAMENTAUX : hérétiques ainsi nommés, parce qu'ils n'admettoient que quatre sacremens, qui étoient le Baptême, l'Eucharistie, la Pénitence, et l'Ordre de prêtrise...

QUAKERS, ou TREMBLEURS. C'est le nom d'une secte de fanatiques qui s'est élevée en Angleterre, dont l'origine, les progrès, les dogmes méritent d'être ex-: posés en détail, à cause de leur singularité.;.'

Il y avoit, dans le comté de Leicester, en Angleterre, vers le milieu du dix-septième, siecle, un cordonnier, nommé George Fox, qui se distinguoit de ses pareils par un genre de vie tout particulier. Cet homme, naturellement sérieux et atrabilaire, ne goûtoit aucun des amusemens qui étoient en usage parmi ses camarades, et même il les condamnoit avec aigreur; tout son temps étoit partagé entre le travail de sa profession et la lecture de l'Ecriture sainte. Ce n'étoit pas qu'il eût reçu une éducation au-dessus de son. état; il étoit ignorant et grossier, autant qu'aucun; de ses pareils; à peine savoit-il lire; mais il avoit une mémoire fort heureuse, et, à force d'application et

de peine, il parvint à apprendre par cœur presque toute l'Ecriture. Les grandes et terribles vérités contenues dans cet auguste livre, étoient le sujet continuel de ses profondes méditations; sans cesse il avoit devant les yeux l'appareil du jugement dernier, les feux de l'enfer, l'abîme effrayant de l'éternité. Il s'enfonçoit avec plaisir dans ces idées si conformes à son humeur noire et mélancolique, s'éloignoit avec affectation de tout commerce avec les hommes, et vivoit dans une entière solitude. Bientôt son cerveau, échauffé par une application continue, ne lui offrit plus que des chimères et des fantômes: il s'imagina voir autour de lui une troupe de diables occupés à le tenter. Pour triompher de leurs attaques, il redoubla ses prières, ses méditations, ses jeûnes: il ne fit qu'affoiblir de plus en plus son cerveau, et acheva de perdre la raison. Il lui sembla qu'il entendoit une voix céleste qui consoloit et fortifioit son ame, et lui promettoit du secours. Bientôt ce ne furent qu'extases, que visions, que ravissemens. Il érigea en révélations tous les écarts de son imagination blessée. Dans le cours de ce commerce intime qu'il croyoit entretenir avec le ciel, il demanda à Dieu qu'il lui fit connoître le véritable esprit du christianisme; et il ne douta point que sa

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demande n'eût été exaucée.

Il commença dès-lors à quitter sa profession de cordonnier, qui lui sembloit trop vile pour un homme inspiré du ciel; il voulut jouer le rôle d'apôtre et de prophète, et prétendit que Dieu l'avoit choisi pour réformer la religion chrétienne, défigurée par les foiblesses et par les passions des hommes. En conséquence, il se mit à dogmatiser dans les places publiques, avec une chaleur et un enthousiasme qui lui tenoient lieu d'éloquence. « Quel est, disoit ce nouvel » apôtre, le culte que les Chrétiens doivent rendre à » Dieu? C'est un culte spirituel et intérieur, fondé sur

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