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mème donné l'exemple chez les autres, cette ligne de places fortes qui décorent plus qu'elles ne défendent les frontières, ses armées pénètrent sur tous les points à la fois.

Elles ne manquent pas de se faire précéder de ces pompeuses proclamations si promptement oubliées par ceux qui les font, si vainement invoquées par ceux qui y croient, si décriées depuis l'abus qu'en a fait Buonaparte, mais qui devaient une fois être glorieusement justifiées par l'événement (1).

Le comte de Wittgenstein, à la tête des Russes, passe le Rhin au-dessus de Strasbourg, entre le fort Louis et le fort Vauban.

L'armée Prussienne commandée par le feldmaréchal Blücher, traverse le fleuve non loin de Manheim.

L'armée du nord de l'Allemagne se présente entre Coblentz et Nimègue.

Les nombreuses divisions que commande le prince Charles de Schwartzenberg, pénètrent en Suisse par Laufenbourg et par Rhinfelden, et ensuite en France par Neufchâtel, Besançon, Béfort et Colmar.

Presque toutes ces forces marchent sur la capitale.

(1) Pièces justificatives, n.°

Enfin un corps imposant de troupes légères, formant l'extrême gauche de toutes ces armées, prend la route de Genève sous les ordres du comte de Bubna et menace Lyon. C'est celui dont les opérations seront le sujet de la première partie de ces mémoires.

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LES Autrichiens s'emparent de Genève. Leur marche dans le Bugey, la Bresse et la Franche-Comté.

Lyon

menacé. Etat de cette ville. Premières mesures de défense. Arrivée du commissaire extraordinaire Chaptal. Arrivée du maréchal Augereau.

LE 30 décembre, 3000 Autrichiens conduits en personne par le comte de Bubna, munis d'artillerie, d'échelles et de fascines, s'approchent de Genève, place fermée de faibles remparts et dominée de plusieurs côtés. Cette ville, par sa situation à l'embranchement des routes de Suisse, d'Italie, de Lyon et de Savoie, offrait aux alliés un point de réunion avantageux, pour protéger et lier les opérations ultérieures qu'ils méditaient : il leur convenait de l'occuper promptement.

Instruit qu'au premier bruit de l'invasion, quelques forces avaient été dirigées en toute hâte de Grenoble, au secours de Genève, le général Bubna ne perd point un temps précieux dans les apprêts d'un siége ou d'un bombardement superflus; il s'approche des murailles pour livrer un

assaut.

Mais la garnison qui venait de perdre subitement le général Jordy son commandant; cette

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garnison qui n'était rien moins que rassurée par les dispositions anti-françaises de la bourgeoisie, et qui se composait à peine de 1000 combattans, évacue la place sans capitulation, laissant à l'ennemi une artillerie considérable qu'elle n'avait pu emmener. Aussitôt les autorités françaises se retirent, les alliés sont reçus avec transport, et l'ancien gouvernement est rétabli.

Maître d'une si importante position, le général Bubna, pour l'assurer, se hâte de faire occuper par divers détachemens, les passages du St-Bernard, du Simplon et du Mont-Jura; puis, profitant de ce que tous les départemens voisins sont sans défense, il étend ses lignes sur le pays de Gex, les gorges du Bugey et le cours du Rhône: un détachement pénètre à Lons-le-Saulnier, d'autres à Seissel, au pont de Bellegarde, au fort de l'Ecluse, et poussent des reconnaissances jusques à Belley et à Nantua. D'autres enfin se présentent à Pontarlier, à Poligny, menacent Châlons et tout le cours de la Saône. Tous ces mouvemens, dont le but ne paraissait pas bien déterminé, s'effectuent néanmoins en dix jours, et comme on connaissait mal les forces qui les opéraient, ils répandent à Lyon de vives alarmes.

Ouverte de toute part, cette ville n'avait en force militaire que 8 à 900 hommes composés de 32 gardes d'honneur appartenant au 4. régiment de ce nom, de 30 gendarmes, de 60 hus

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sards du 1. régiment, du dépôt du 24.o de ligne, recruté en entier d'hommes de nouvelles levées sans vêtemens, sans chaussures, et d'environ 100 hommes de la compagnie départementale. Pas une pièce de canon, pas un caisson, pas une seule gargousse, pas une cartouche dans l'arsenal; point d'armes, d'effets, de munitions ou d'approvisionnemens dans les magasins militaires; presque point de fusils dans les mains de la garde nationale.

Soit que le gouvernement ne considérât les dispositions hostiles du général Bubna, que comme une fausse attaque, soit qu'il ne les eût point prévues, il n'avait pris d'abord aucunes mesures de défense, et s'était borné à donner des ordres de retraite et d'évacuation.

La caisse du payeur divisionnaire est en conséquence dirigée sur Clermont, les armes fabriquées à Saint-Etienne prennent la route de Paris ou de l'Italie.

Le commandant de la division refuse de livrer à la garde nationale quelques mousquetons dispersés dans divers dépôts, et qui avaient apparemment une autre destination.

Un dépôt de troupes de ligne établi à Bourg, traverse Lyon sans s'arrêter, pour se porter à Clermont.

Un corps de 3 à 400 hommes venus du midi, traverse aussi Lyon, sans s'arrêter, pour prendre la route de Moulins.

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