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appartenait, et pour tout divulguer, il le fit avec éclat et par une affiche: «Le mauvais esprit, y » disait-il, se plaît à gâter tout. La proclamation » de Napoléon II n'a été faite en deux lignes, que » comme extrait du moniteur, sans même l'avoir » sous les yeux, et pour satisfaire au désir de plu» sieurs officiers de la garde nationale. L'intention » n'était pas de l'afficher; voilà comme ce qui est » bien paraît mal. Ces menées sont peut-être dues » à nos ennemis, etc.; en nous agitant ils vou» draient nous rendre la risée de l'Europe, etc. >>

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La leçon était sévère. On s'expliqua. Le soldat traita de puissance à puissance avec son chef, l'officier avec le général. On avait besoin d'union; la paix fut faite et publiée le lendemain par une nouvelle affiche: « Garde nationale de Lyon! disait » le général, vous avez toute ma confiance comme je mérite la vôtre; que rien ne puisse la dé»truire!..... mes intérêts sont les vôtres, notre » cause est commune: l'honneur et l'indépendance » nationale. » Et en signe de réconciliation, l'affiche fut terminée par ces mots de la faction, vive Napoléon II! qui n'étaient pas dans celle de la veille. Le préfet ne voulut pas être en reste: il enleva tous les suffrages, en prohibant les couleurs des Bourbons, et en annonçant que Lyon était comme Paris, un boulevart de l'empire.

La paix faite, on ne songea plus qu'à redoubler les apprêts de défense; une poignée d'insensés

abandonnés de leur ancien maître, de l'armée, de presque toute la France, se crut assez forte pour résister elle seule à toutes les armées de l'Europe. On dévasta au loin les forêts pour se munir de palissades; on ravagea les propriétés, on ruina les campagnes par des enlèvemens de bestiaux, par des réquisitions sans mesure; on appela tout le peuple de la ville aux armes, sans distinction d'âge ni d'état; on viola jusques aux tombeaux dans les cimetières, pour achever de couvrir de quelques inutiles buttes de terre, une cité sans garnison pour la défendre; les croix, les monumens dont la piété filiale et la tendresse des époux ont coutume d'orner ces dernières demeures de la triste humanité, furent réduits en cendres par des sauvages d'une nouvelle espèce ; des corps à peine enfouis.... peut-être ceux de leurs proches... & profanations! ô crime !... La terreur, le désespoir régnaient dans la ville; tout semblait lui présager les plus grands malheurs, lorsque d'autres événemens suscités par une Providence secourable, vinrent l'arracher aux mains des rebelles.

Ces événemens ne pouvaient être que ceux de la guerre, ou le fruit de la sagesse du maréchal Suchet ils eurent l'une et l'autre origine.

On se rappelle l'armistice qui avait été conclu jusqu'au 2 juillet entre le Maréchal et les allies; il ne put être prorogé. Le baron de Frimont, commandant en chef les armées impériales au

trichiennes d'Italie, s'avançait au contraire avec toutes ses forces par le Bugey et Chambéry, appuyant les opérations du comte de Bubna dans le reste de la Savoie et le Dauphiné, et se dirigeant lui-même sur Lyon.

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Sa marche et ses desseins furent annoncés par une proclamation en date du 1er juillet (1), où il déclarait que « l'Europe n'était point l'ennemie » de la France : nous arrivons, ajoutait - il, comme des protecteurs, pour comprimer les » troubles intérieurs qui vous menacent... Recevez-nous comme des amis et vous trouverez » en moi le protecteur de vos droits. Je n'exigerai du pays que les objets nécessaires à l'en» tretien de mon armée, toutes les réquisitions. >> ou contributions arbitraires sont séverèment » interdites. >>

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Presque aussitôt l'attaque commença sur plusieurs points.

Les premiers coups furent portés vers le défilé des Faucilles. Ce défilé est situé en arrière de la petite ville de Gex, sur la route du Bugey. Il était défendu par 2000 hommes de gardes nationales, avec deux pièces d'artillerie, sous les ordres du maréchal-de-camp Beurré. Cette petite troupe défendit ses positions pendant neuf heures contre tous les efforts de 5000 Autrichiens; mais une

(1) Voyez n.o 9 des pièces justificatives.

terreur panique mit fin au combat. Ces volontaires ayant aperçu une colone autrichienne dans une montagne à une lieue de distance, crurent être tournés: ils abandonnèrent subitement leur position et se précipitèrent sur la route de Nantua par Dortan, emmenant toutefois leurs deux canons et tous leurs équipages. Cette retraite livra presque toute la partie orientale du département de l'Ain aux alliés, et fut suivie de beaucoup de désertions.

Du côté de Frangy et de St. Julien, le général Dessaix n'étant pas en mesure de résister, avait passé le Rhône à Seyssel dès le 29 juin, avec toute sa division, ses équipages et son artillerie. Dans la nuit du 29 au 30, il fit couper une partie da pont, brûler l'autre, et couler à fond tous les bateaux. Le 30, il se dirigea sur Châtillon-deMichaille, d'où il descendit dans la Bresse, après avoir fait sauter sans nécessité le pont en pierre, qui avait été récemment construit sur ces ruines fameuses connues sous le nom de perte du Rhône, et où le fleuve en effet s'engouffre avec fracas pour reparaître un peu plus loin avec une majestueuse tranquillité. Ce général avait été suivi par un corps autrichien qui avait pris position, le 2 juillet, sur la rive gauche du Rhône à Seyssel, et qui eut, trois jours après, une fusillade de six heures avec un corps franc venu de Belley, mais sans résultat et sans perte.

Le fort de l'Ecluse fut attaqué dans ees cir

constances: outre les avantages de sa position, sur le penchant d'une montagne escarpée, il était couvert par deux redoutes armées, l'une en avant du côté de Genève, l'autre en arrière du côté de Nantua. Il était commandé par le chef de bataillon Vittard. Les alliés n'osant attaquer de front les Ouvrages avancés, se postèrent sur le mont Vouache qui est en face, d'où ils battaient vivement le corps de la place, et prenaient ses ouvrages à revers. Vittard ne pouvant tenir, résolut de ne rendre que des ruines.

Pour amuser les ennemis, il leur envoie un parlementaire en même temps il fait disposer des mines sous les fortifications, met le feu aux mèches, et s'échappe sans bruit, prenant avec sa petite troupe qu'il laisse éparpiller, le chemin de Besançon, par les montagnes du Jura. Bientôt le fort saute avec un fracas horrible.

Les alliés pénètrent ensuite à Châtillon, d'où ils se portent à Seyssel le 6 juillet, au nombre de 200 dragons, pour opérer leur jonction avec les corps qui étaient en position sur la rive gauche du Rhône.

Aux Echelles, le général Pannetier, pressé et tourné par des forces supérieures, faisait aussi sa retraite.

Černé par tous ces mouvemens, le maréchal Suchet se concentra dans la Bresse, et porta son quartier général à Pont-d'Ain.

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