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Valence, rassemblait avec ardeur d'autres renforts. Tout était en mouvement autour de lui. Les Dauphinois offraient leurs bras, mais ils n'avaient point. d'armes néanmoins on forma des corps de conscrits, de gardes nationaux, de volontaires. Il n'y avait ni argent ni chevaux : le département de la Drôme fournit, avec empressement, des chevaux et des conducteurs pour l'artillerie. Dans l'arsenal on découvrit encore deux pièces, deux caissons, un obusier; l'une des pièces et l'obusier furent prèts dans la journée du 19, et aussitôt expédiés en poste pour Lyon. 400 hommes du 32. léger, et 95 hussards du 1.er arrivaient; ces hussards étaient destinés pour l'armée d'Italie : le Maréchal les dirigea sur Lyon.

Dès le 20, cette seconde colonne partit avec une pièce de quatre, l'infanterie en poste, la cavalerie en triplant sa marche. Le 21 au matin elle se renforça, en passant à Vienne, de 90 chevaux des 4. et 31. régimens de chasseurs, dont les dépôts étaient dans cette ville, de deux compagnies de garde-chasses qui s'y levèrent spontanément; elle arriva au faubourg de la Guillotière vers une heure.

Le Maréchal, après avoir réglé la défense de l'Isère, et donné ses ordres au général Marchand qui y commandait; après avoir communiqué ses vues au commissaire du gouvernement dans la 7. division, pour la réunion des secours, des

renforts, et pour le concert des moyens de défense; après avoir enfin organisé la marche des troupes qui dans la suite arriveraient du Midi, le Maréchal prit en personne, avec ce noyau d'armée, la route de Lyon, où il fut reçu au milieu des cris de reconnaissance et d'alégresse. On le conduisit au spectacle où l'attendait un peuple immense. On y chanta, on y applaudit avec transports le fils de la Victoire. A l'aspect de tant d'ivresse, le soldat sent redoubler son courage et ses forces tout change dans la cité; le calme renaît dans l'esprit des citoyens; ceux qui avaient fui rentrent dans leurs foyers; quelques ateliers, quelques magasins se rouvrent; chacun reprend ses occupations; on se croit en pleine paix.

Le Maréchal, que n'éblouissaient point ces témoignages stériles d'une faveur passagère, et qui avait reçu de Buonaparte l'ordre de reprendre Genève, fit les autres dispositions que commandaient les circonstances. D'un côté, il forma un corps soldé d'ouvriers sans travail; de l'autre, il fit une levée de gardes d'élite tenus de s'équiper à leurs frais; il composa enfin deux bataillons de garde nationale active, l'un confié au commandement de M. de Corcelle, ancien officier; l'autre, à celui de M. Peillon, capitaine et chevalier de la légion d'honneur. L'argent seul manquait à ses efforts; mais les caisses étaient vides, les contributions ne rentraient point, et sans

quelques faibles secours qu'il trouva dans la caisse municipale, il eût été arrêté au premier pas.

Ce fut dans ces circonstances qu'il publia une proclamation ainsi conçue (1).

Un ennemi faible en moyens et incertain » dans ses mouvemens, ose, depuis quelques jours, menacer votre ville. Appelé à votre dé»fense, je vous ai trouvés désarmés; dès-lors,

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je n'ai eu ni sommeil ni repos que je n'aie » pu réunir des secours de plus grands encore >> vont incessamment arriver, j'en ai l'assurance positive. En attendant, vous frémissez, braves Lyonnais, d'avoir été insultés jusque sous vos » murs, par un ennemi fier d'un instant de surprise. Ces généreux sentimens ne m'ont point. » étonné de votre part: n'ètes-vous pas ce peuple qui, dans toutes les circonstances difficiles, déploya un grand courage? L'amour de votre » cité fut toujours votre caractère distinctif. A ce noble motif se joint encore l'honneur du nom français dont vous êtes si jaloux, et cette >> reconnaissance que vous devez à votre auguste » souverain, dont le premier soin, à son avè»> nement, fut de cicatriser vos plaies et de re» lever vos édifices. Vous fûtes toujours, yous le » savez, l'objet de sa sollicitude particulière. Vous » lui devez donc, yous devez à la France, qui

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(1) 22 janvier,

>> vous contemple, de repousser loin de vos murs » l'ennemi dont la présence seule est une insulte,

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paralyse votre industrie, et yous jette dans un » état d'incertitude et d'alarmes que votre hon>> neur et votre intérêt vous commandent de faire » cesser. Aux armes donc, braves Lyonnais, ral>> liez-vous autour de moi; marchons en avant, » et ne laissons à l'armée qui accourt pour vous » défendre, que le soin de poursuivre jusqu'aux >> frontières l'ennemi que vous aurez déjà mis >> en fuite. >>

Cette proclamation fut le signal du départ.

Le Maréchal, après avoir pris position sur la montagne de Limonest, entre la route de Villefranche et la rive droite de la Saône, pour observer les mouvemens que l'ennemi pourrait faire sur sa gauche, porta le gros de sa troupe sur la route et les hauteurs de Miribel. Cette belle position avait été évacuée par l'ennemi dès qu'il avait eu avis de l'arrivée des premiers renforts. Le 22, il avait continué son mouvement rétrograde sur Meximieux et le Pont-d'Ain où il s'était concentré, en sorte que les premières reconnaissances qui furent poussées sur Montluel n'y trouvèrent que les restes d'un convoi de grains, destiné pour Meximieux, et qui fut pris.

Toutefois le noyau d'armée qui était aux ordres du Maréchal, n'étant pas encore assez fort pour rien entreprendre de plus, ce corps se borna à couvrir

Lyon. Les deux armées passèrent quelque temps à s'observer.

Il n'en était pas de même dans les départemens du Mont-Blanc et de l'Isère.

Les généraux Dessaix et Marchand y commandaient.

Dans celui du Mont-Blanc, ces généraux s'étaient portés de concert à la Chavanne, en face de Montmeillan, sur la rive gauche de l'Isère, où ils prirent position le 25 janvier avec 400 hommes. La veille, l'ennemi avait dépavé le pont sur l'Isère, et enlevé toutes les planches des deux arches en bois. Deux pièces de canon en batterie à deux cents pas de distance, enfilaient le pont dont les deux tètes étaient gardées par les factionnaires des deux partis. Le lendemain, le général Dessaix ayant fait, sérieusement ou non, les apprêts d'un passage, une assez vive canonnade s'engagea. Elle dut être meurtrière pour l'infanterie autrichienne, dont les groupes étaient exposés à tout le feu des Français, tandis qu'elle ne visait qu'à faire taire leur batterie. Une de leurs pièces, en effet, fut démontée, avec perte de trois hommes tués et quelques blessés. Chaque corps d'armée conserva ses positions.

Du côté des Echelles, deux petits combats ensanglantèrent dans le même temps le fameux pas de la Grotte. Le premier fut engagé par 150 hussards hongrois, qui se portèrent sur les avant

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