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trois chefs-lieux de département, Macon, Bourg et Chambéry, où elle fit son entrée le 19. Voici quels événemens accompagnèrent cette première marche.

Le général Pannetier à la tête de la gauche, avait rencontré l'ennemi à Villefranche. Après l'avoir culbuté, il le poursuivit jusqu'à la maison Blanche, près Mâcon, en lui faisant une centaine de prisonniers. Il eut à soutenir un engagement assez vif contre 3000 hommes qui défendaient les approches de Mâcon, où l'ennemi éprouva une perte considérable en morts et blessés. La division entra de vive force dans la ville, et y fit encore 200 prisonniers, sans avoir beaucoup souffert. Le 13.e des cuirassiers arrivé à Lyon seulement le 17, se porta en toute hâte sur cette ligne, et fit beaucoup de mal à l'ennemi il y perdit son colonel, jeune homme de la plus belle espérance.

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Le général Musnier, de son côté, en marchant sur Bourg, trouva l'ennemi en position à Meximieux, l'en chassa, le débusqua encore du village de Loyes où il s'était rallié, soutenu par des troupes fraîches, et par une forte redoute. Cette dernière position fut attaquée trop vivement de front le général eût pu la tourner et épargner beaucoup de sang. Il céda sans doute à la trop ardente impétuosité de ses troupes. Il fit 400 prisonniers.

Le général Musnier fut suivi de la division du général Bardet, qui, poussant l'ennemi sur Pontd'Ain, Nantua et la route de Genève, occupa bientôt après Nantua (1), d'où il devait se diriger sur St-Claude.

La quatrième division ne fut pas moins heureuse que les autres. Maîtresse du bourg des Echelles, qui avait été emporté de vive force dès le 15, et ensuite du défilé de la Grotte, et s'étant renforcée devant Montmeillan de quelques corps venus d'Italie, elle vit les Autrichiens évacuer d'eux-mêmes ce poste, et se diriger sur Chambéry où elle les suivit de près. L'ennemi se retira sur Aix, d'où il fut chassé le 22 après une belle charge de cavalerie où il perdit quelques hussards. Réfugié à Annecy au nombre de 3000, dont 800 hommes de cavalerie, il fut poussé vigoureusement par le général Serrand à la tête de 2000 hommes, et chassé successivement de trois positions très-fortes, avec perte d'une pièce de canon, d'un major, et d'un grand nombre d'hommes mis hors de combat.

Ainsi pressé, l'ennemi faisait en toute hâte sa retraite sur Genève, lorsqu'une nouvelle affaire encore plus sérieuse, suspendit sa marche proche de St-Jullien. Il avait dans cette position une

(1) Le 22 février.

batterie de quatorze pièces et plusieurs de douze, dont les Français n'étaient peut-être pas exactement informés. Le général Dessaix ne laissa pas d'attaquer avec des forces très-inférieures. Le combat fut des plus meurtriers. Les Français, après les plus grands efforts, demeurèrent encore maîtres du champ de bataille, et des positions de l'ennemi. Mais ce ne fut pas sans y perdre beaucoup de braves. Le général Dessaix poussa ensuite ses avant-postes à trois-quarts de lieue de Genève, dans l'espoir d'opérer sa jonction avec le général Bardet, qui devait déboucher par le fort de l'Ecluse sur Colonge, à deux lieues de cette ville.

C'est ainsi que le comte de Bubna, pressé sur tous les points, était en pleine retraite, et avait entièrement évacué les départemens de l'Ain, de Saône et Loire, et du Mont-Blanc.

Il ne restait plus au Maréchal qu'à se rendre maître de Genève, suivant le nouvel ordre que lui en avait donné Buonaparte, le 25 et le 28 février, et à se porter sur le Jura et les frontières de la Suisse, pour harceler la grande armée ennemie sur ses derrières, ou pour essayer de la couper. C'est à cette marche que Buonaparte faisait allusion, lorsque dans un bulletin daté de Montreau, il disait : « Les Vosges, la Franche» Comté, l'Alsace n'oublieront pas ce qu'exige » le nom français, lors du mouvement rétrograde » des alliés. Le maréchal duc de Castiglione qui

» a réuni une armée d'élite, marche pour fermer » la retraite aux ennemis. >>

Ce général ayant dirigé sur Bourg et sur Mâcon, les dernières troupes arrivées d'Espagne, et donné ses ordres au général Remond, pour s'établir dans Lyon aussi militairement qu'il le pourrait, avec la réserve des gardes nationaux, ordonna aux généraux Marchand et Dessaix d'observer et serrer Genève, et au général Bardet, de se porter sur St-Claude. Le 1er mars, il se mit en personne à la tête de sa ligne d'attaque.

La première division se porta de Bourg à Lonsle-Saunier, et de là sur Morey et Nyon. Le général Musnier exécuta cette marche avec une grande célérité; il entra pèle et mêle à Lons-le-Saunier avec l'ennemi, après une charge d'avant-garde, où le général Ordonneau qui la commandait prit 150 hommes. Il poursuivit ensuite l'ennemi jusqu'à Poligny, où il le trouva en position avec 1500 hommes et 600 chevaux, qu'il prit ou culbuta. De là, il se dirigea sur Morey qu'il devait occuper le 2 mars, pour arriver à Nyon le 3. Le but de ce mouvement était de prendre Genève à revers, d'y couper le comte de Bubna et d'achever de détruire le corps qu'il commandait. Ce général, en effet, sommé le 3 par le général Dessaix de se rendre, avait envoyé M. Fabry en parlementaire le 4, offrant de remettre la place

s'il n'était pas secouru avant le 7, ou si le général Musnier occupait Nyon.

La deuxième division, entrée le 2 mars à Lons-le-Saunier, avec le Maréchal, poussa des troupes jusqu'auprès d'Arbois, en établit d'autres à Poligny, pour observer Dôle et Salins. De là, elle devait faire lever le blocus de Besançon, qui, depuis le 9 janvier, était cerné par 7 à 8000 hommes.

La troisième division qui avait reçu ordre de se porter à St-Claude, et dont la marche devait s'effectuer par le pont de Bellegarde, prit une autre route. Les difficultés du chemin, le long circuit que ces troupes auraient eu à faire, l'inconvénient de laisser le fort de l'Ecluse au pouvoir de l'ennemi qui y était bien approvisionné, tous ces motifs avaient déterminé le Maréchal à ordonner avant tout au général Bardet de s'emparer du fort.

Ce général, qui était sans artillerie, et qui ne commandait que de jeunes soldats peu exercés, exécuta cette opération avec autant d'ardeur que d'intelligence. Parvenu proche du fort, il fit d'abord passer sur la rive gauche du Rhône, une compagnie de voltigeurs qui prit position sur la montagne en face. En même temps, un bon nombre d'habitans du pays soutenus par une autre compagnie, gravirent le rocher au pied duquel est situé le fort. Dès qu'ils y furent arri

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