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boutade de lord Salisbury à qui l'on reprochait de nous avoir laissé une trop grande part en Afrique et qui, faisant allusion

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il est servi à souhait ».

au Sahara, répondit : « Le coq gaulois aime à gratter le sable;

D'après ce qui précède, le lecteur peut juger que le coq fut à l'origine et est encore aujourd'hui l'équivalent, la représentation du mot Gaulois. Mais, toutes les probabilités, les preuves même n'empêcheront pas les adversaires du coq de répéter qu'ils repoussent un symbole qui a pour cause initiale un jeu de mots. N'est-ce pas se montrer extraordinairement rigoriste, le jeu de mots ayant deux mille ans pour le moins? Nous ne repoussons d'ailleurs pas cette hypothèse un sobriquet a pu être décoché désobligeamment, à l'origine, par des voisins ennemis, le fait est commun dans l'histoire.

César dépeint les Gaulois comme batailleurs, braves, turbulents des coqs enfin.....

Gallus, gaulois, et gallus, coq, fournissaient aux Romains un facile jeu de mots que nos ancêtres ont pu relever et accepter à la longue. Ne voit-on pas, de notre temps et dans tous les pays, des milliers de sobriquets qui sont devenus des noms de famille ? Lecoq est du nombre, Mouton, Leboeuf, Petit, Lehérissé, Leroux, Lehideux, et d'autres, tellement grossiers et injurieux qu'on hésiterait à les écrire.

Du reste, il est singulier de voir les héraldistes s'offusquer d'un calembour, alors que presque toutes les armoiries des pays et aussi des familles nobles ont pour origine des faits qui sont souvent puérils. Le jeu de mots, de plus, y joue fré quemment un grand rôle; c'est ce qu'on appelle des armes parlantes.

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Exemple: l'Espagne a, dans les pièces de son blason, une

grenade pour représenter le royaume de Grenade, un château (castel) pour celui de Castille, un lion (royaume de Léon).

L'appellation de Coq gaulois s'est donc formée par la tradition et, comme presque tous les mots tenaces d'une langue, a traversé les siècles et les révolutions, offrant un exemple de ce que les érudits appellent la survivance.

Et, quelle que soit son origine, le nom est et restera, malgré tout ce qu'on pourra tenter contre lui.

Cette façon de voir était celle de Marc de Wulson qui, en 1648, dans la préface d'un livre écrit pour la noblesse française (1) disait :

« Aussi voyons-nous les François prendre des querelles et venir souvent aux mains avec leurs amis, leurs voisins et avec leurs parens et plus proches alliez.

Cette mesme influence et inclination naturelle estant cause qu'on leur a donné le nom de galli, à cause de cette sympathie qu'ils ont avec l'humeur guerrière des coqs, qui se battent très-souvent en duel, et qui sont comme les François très-hardis et très-courageux. Et afin que cette conformité d'humeur parust davantage, nos seuls Gaulois portèrent des grandes crestes d'acier sur leurs habillemens de teste, en forme de cimier, d'où vient que les autres nations les appelèrent Galli cristati. Et comme les coqs ont cette vertu naturelle d'intimider par leur présence et par leur chant les plus courageux Lyons et de leur donner la fuitte ainsi nos François dont ils sont le plus véritable intersigne, ont souvent chassé par leurs courages invincibles les Lyons d'Espagne et les Léopards d'Angleterre ».

1) Le vray Theatre d'Honneur et de Chevalerie par Marc de Wulson, 1648, dédie au Maréchal de la Milleraye, grand Maistre des Armes et des Trésors de France.

II

LES DRAPEAUX

DE LA

FRANCE

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