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très petits, comme des breloques, mais aucun, dans cette collection nombreuse, ne parait avoir été fait pour surmonter une hampe.

Il faut noter que le sanglier pullulait dans les forêts des Gaules, aussi le voit-on souvent dans les sculptures galloromaines, parmi des sujets de chasse.

Il n'en reste pas moins établi que le sanglier était le sujet d'une des enseignes gauloises, le fait est fort intéressant; mais, comme nous l'avons dit plus haut, les types des enseignes

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étaient nombreux. Ainsi l'Arc d'Orange en montre une autre en forme de vexillum romain, non loin de celle au sanglier. On ne peut, en tout ceci, s'en tenir qu'aux hypothèses en attendant la découverte d'autres documents. Cependant, comme le but que nous poursuivons est avant tout pratique, puisqu'il s'agit de faire consacrer un emblème national pour la France, on nous accordera bien que le sanglier ne se peut.

Le portique d'Athéna, à Pergame, montre aussi un trophée d'armes où l'on voit, au bout de manches croisés derrière des boucliers, certainement gaulois, des objets indéterminés, mais qui ressemblent un peu à de modernes hallebardes de parade; T'un est très large et l'autre se termine en forme de volute; malgré la beauté exceptionnelle de leurs ornements, ces objets sont peut-être aussi des enseignes gauloises?

Les crapauds, soi-disant emblèmes des Francs. - Se basant sur une tradition qui nous est inconnue, on a prétendu que les Francs en souvenir des pays marécageux qu'ils avaient habités autrefois » portaient pour emblème trois crapauds,

lesquels seraient devenus, par altérations successives du dessin, les trois fleurs de lis des rois de France. On invoque, à l'appui de cette bizarre prétention, des documents fort intéressants, mais qui ne remontent pas plus haut que les xive et xve siècles; ce sont d'abord les fameuses tapisseries de la cathédrale de

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Reims qui représentent des scènes de la vie de Clovis. Puis une sculpture sur bois du temps de François Ier.

Les croquis ci-dessus sont empruntés à l'une des tapisseries de Notre-Dame de Reims ; ils ont été copiés parmi une dizaine d'étendards et de banderoles de trompettes, sur lesquels on voit, très distinctement, des crapauds. (Voir page 328).

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Chape ou cape de Saint-Martin. Depuis la conversion des soldats francs au christianisme, les évêques firent remplacer, sur leurs enseignes ou bannières, les emblèmes habituels portraits, armes, animaux, etc., par des figures, des devises, des monogrammes religieux. Parmi les drapeaux ou bannières qui ont laissé en France des souvenirs historiques il faut citer d'abord la fameuse cape ou chape de Saint-Martin, qui fut bien un insigne de dévotion et même probablement une relique (1). Elle fut remplacée plusieurs fois; on ne sait

(1) Plusieurs auteurs pensent que la cape (cappa, capella) était une chapelle mobile, contenant des reliques et portée par des prètres dans les combats.

d'ailleurs pas comment elle était faite, on indique seulement sa couleur qui, dans le principe, était bleue sans ornements.

En 507, Clovis la fit porter au front de son armée à la bataille de Vouillé, près Poitiers, où il vainquit Alaric, roi des Visigoths.

Plus de deux cents ans après, Charles, qui fut surnommé Martel après son triomphe, battit les Sarrasins en se plaçant, dit l'histoire, sous la protection de la même relique. Il sauva la civilisation mise en péril par la barbarie musulmane.

La cape, devenue bannière de Saint-Martin, vit également fuir les Normands en 838, devant Tours. Elle est encore mentionnée glorieusement en 1043, 1066 et pour la dernière fois en 1195 (Chroniques d'Anjou).

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Étendards et gonfanons de Charlemagne.

En 793, le pape

Léon III, qui venait d'être élu, envoya à Charlemagne un étendard qui fut dit : la Romaine.

La forme et la couleur de cet étendard ont pu être rétablies d'après une mosaïque de l'église de Sainte-Suzanne :

« On y voit Saint-Pierre qui, de la main droite, présente un manteau à un pape à genoux, et, de la gauche, un étendard à un prince dans la même situation, avec une épigraphe dont voici la traduction : Saint-Pierre donnez la guérison au pape Léon et la victoire à Charles. Cette bannière porte sur un fond bleu six roses

rouges. Attachée d'un seul côté à la lance, elle n'a aucunement la forme du labarum. C'est une large flamme à trois pointes (1). »

D'autres auteurs ont décrit autrement cet étendard le fond serait vert et les roses des sortes d'anneaux, ayant la

circonférence rouge, le fond verdâtre et le centre blanc ? Contradiction curieuse; on lit dans Velly:

« Charlemagne abattit, dans la chapelle de.............., un étendard sur lequel était peinte une rose qui serait considérée comme le symbole du peu de durée de la gloire militaire (2) ».

M. Sepet estime que cet étendard doit être considéré comme national, ce qui nous semble exagéré, vu son origine. Il dit :

« Il faut arriver au temps de Charlemagne pour trouver un étendard auquel il semble bien qu'il y ait lieu d'attribuer un caractère national....

Et plus loin M. Sepet ajoute :

On pourrait, ce semble, supposer même, avec quelque raison, que transmise à ses héritiers avec sa couronne par le grand empereur, cette bannière fut, avant la bannière de Saint-Denis, l'étendard religieux et national des Français, l'oriflamme par excellence ».

Et cependant les vers de la Chanson de Roland cités par M. Sepet disent que cette bannière « fut de Saint-Pierre et s'appelait Romaine »:

(1) Marius Sepet, Le drapeau de la France.

(2, Velly, Histoire de France, I, 392.

Munjoie escrient. Od els est Carlemayne
Gefreiz d'Anjou portet l'orie-flambe,
Seint Pierre fut, si aveit num Romaine;

Mais de Munjoie iloec out pris escange.

La même chanson de Roland dit que les gonfanons ́1) de l'armée de Charlemagne étaient blancs, rouges et bleus :

E gunfanuns blancs e vermeilz e blois.

Du reste, les Sarrasins portaient les mêmes couleurs.
Le gonfanon de Roland était blanc, frangé d'or.

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Bannière ou oriflamme de Saint-Denis. La célèbre bannière fut d'abord simplement paroissiale, à ce titre elle avait déjà été portée à la guerre par les comtes du Vexin. Le Vexin comprenait, entre autres places, Pontoise, Chaumont et Mantes, il avait été donné par le roi Dagobert à l'abbaye de Saint-Denis, laquelle avait cédé à des Comtes ses droits féodaux, à charge pour ceux-ci de la défendre et de remplir certaines obligations.

En 1082, le comté du Vexin, faute d'héritier, fit retour à la

A; Gonfar o signifi: é, ndard de guerre. Il y en eût de diverses formes.

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