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où l'on peut voir bien nettement d'un côté le drapeau dit « d'ordonnance », et de l'autre le drapeau colonel, intitulé sur les tableaux « drapeau de la Compagnie colonelle. (1) »

Sur la plupart des aquarelles, la croix blanche du drapeau d'ordonnance ou régimentaire sépare des quartiers de couleurs très diverses, tandis que le drapeau colonel est entièrement. blanc avec cette même croix blanche cousue par dessus l'étoffe.

En vérité, nous n'avons pas trouvé d'autre drapeau blanc à cette époque et nous inclinions à croire que ce drapeau, en tant qu'emblème royal, n'était qu'une fiction, réalisée plus tard, lorsqu'en relisant les auteurs, nous avons aperçu le pavillon de la marine, celui-là blanc, aux armes royales.

Donc, sauf exception, le pavillon français qui flottait sur les mers était blanc, mais comme il n'était pas d'usage encore d'arborer un drapeau sur le palais où résidait le roi, le drapeau blanc n'était pas employé à Paris.

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Drapeaux de l'infanterie. Ainsi que nous l'avons vu dans le chapitre « Croir blanche sur les drapeaux », et comme le montre la collection d'aquarelles du Ministère de la Guerre que nous venons de citer, tous les régiments d'infanterie et aussi de cavalerie tinrent toujours à se distinguer par des couleurs différentes. Nous avons remarqué que le nombre des drapeaux était excessif.

Maurice de Saxe a blàmé justement cette pluralité d'enseignes: «Il se pourrait, dit-il. que cette mode d'entasser les drapeaux fut une preuve de notre ignorance, car vraisembla blement les drapeaux étaient jadis destinés à conduire chacun une troupe... »

Les drapeaux de l'infanterie portent les emblèmes des provinces ou des personnages qui ont créé les régiments, ces emblèmes sont souvent accompagnés de devises presque toutes en latin.

En résumé, à part la croix blanche caractéristique que l'on peut probablement dire « française », on chercherait vainement parmi tous ces drapeaux l'idée d'un insigne national.

1 Le drapeau blanc, qui ne se portait jamais seul, ne figurait dans le service de garde que lorsque le colonel montait la garde pour le roi ou le dauphin; les autres drapeaux suivaient le piquet de service chez les princes du sang ou legitimes et les maréchaux de France. (Les drapeaux français, par L. N. Ney, 1880`.

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QUELQUES-UNES DES NOMBREUSES DISPOSITIONS

DES COULEURS NATIONALES DE 1789 à 1848

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DRAPEAUX, ÉTENDARDS ET PAVILLONS

Cocardes, Écharpes, Brassards, Panaches blancs ou tricolores DE 1789 A NOS JOURS

Nous allons essayer de nous rendre compte des couleurs qui, à la veille de la Révolution Française, eurent une valeur historique, tant pour les drapeaux que pour les autres signes ofliciels.

Plusieurs des chapitres précédents ont été arrêtés au commencement du règne de Louis XVI.

Cocardes. La cocarde, dont nous verrons bientôt grandir l'importance, était alors blanche aux coiffures militaires; là encore il faut dire sauf « exceptions » car c'était un honneur recherché de pouvoir s'écarter, avec l'approbation du roi, des

Cocardes des troupes royales

règles communes. La cocarde, disons nous, était blanche pour l'infanterie, à l'exception des gardes françaises, et des gardes de la porte du roi, etc., pour lesquelles elle était noire.

La livrée royale, c'est-à-dire les couleurs préférées du souverain, depuis Henri IV (voir page 279), étaient le bleu, le blanc et le rouge associés.

Ainsi les gardes francaises, que nous venons de nommer, formaient un corps d'élite et la livrée royale ressortait nettement sur leur costume.

Mais ce qui distinguait vraiment la France, ou tout au moins le royaume de France, c'étaient les fleurs de lis d'or (ou jaunes) sur fond d'azur; on les retrouve sur tout ce qui émane du roi ou de l'État, sur tout ce qui est officiel, en un mot, et on ne conçoit pas pourquoi les Bourbons, dont c'étaient les armes, leur ont préféré le blanc qui, sur mer, servait déjà de pavillon à dix ou douze nations."

De plus, nous ferons remarquer que dans les trophées si souvent présentés sur les tapisseries, les gravures ou les simples coloriages de l'imagerie populaire, on voit des drapeaux de toutes les couleurs, mais presque jamais de blanc; et généralement sur les faisceaux se voit l'écusson bleu fleurdelisé.

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C'est par la cocarde, que les trois couleurs furent improvisées en emblème national, pendant les journées troublées de Juillet 1789.

Le roi et l'Assemblée étaient à Versailles. Trente mille hommes de troupes, comprenant les régiments Suisses et Allemands venaient d'être cantonnés au Champ de Mars et autour de Paris: un conflit était imminent.

Le 8 juillet, Mirabeau avait demandé, à la tribune de l'Assemblée nationale le retrait de ces troupes menaçantes pour la population parisienne et supplié le roi d'autoriser la levée, à Paris et à Versailles, de gardes bourgeoises suffisantes, disait-il, pour maintenir l'ordre et la tranquillité.

Le 12, la nouvelle de l'exil de Necker et du renvoi du ministère modéré qui l'entourait excita la population.

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La cocarde verte. Un des centres d'agitation politique était alors le jardin du Palais-Royal; c'est là que Camille Desmoulins, monté sur une table, harangua violemment la foule, poussant à la révolte armée; il arracha et mit à son chapeau comme signe de ralliement une feuille de marronnier, engageant les assistants à faire de même : « Voulez-vous, disait-il, des cocardes vertes, couleur de l'espérance? »

Toute la soirée du 12 Juillet on se battit, ayant au chapeau du feuillage ou des touffes de rubans verts. Les gardes françaises se joignirent aux insurgés qui, après quelques heures de lutte, furent les maîtres de Paris.

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La cocarde bleue et rouge. Cependant le Comité des électeurs s'était, le soir même, emparé révolutionnairement du pouvoir; il se réunissait le lendemain à l'Hôtel de-Ville et votait la création de cette milice parisienne, refusée la veille par le roi.

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