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District der Capucine S. Honere denne par la duchave de Bourbon

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couleur; enfin celui de Saint-Louis-la-Culture (rue SaintAntoine) est entièrement blanc; sauf ce dernier, tous ont des devises, des trophées et surtout des fleurs de lis; souvent celles-ci sont remplacées par des bonnets de la liberté qui ne sont pas rouges à cette époque.

Le coq figure sur quelques-uns de ces drapeaux (voir page 139).

Le 14 juillet 1790, lors de la grande fête de la Fédération au Champ-de-Mars, on vit figurer, en outre des soixante drapeaux de la Garde nationale dont nous venons de parler, quatrevingt-trois bannières, que la commune de Paris avait offertes aux députations départementales fraternité ».

ONFEDERATION

Nationale

a Pams le 14 Juillet
1790

ARMEE FRANÇAISE

en gage d'alliance et de

« Ces bannières (dit un journal du temps), sont simples et sans faste: un baton terminé par une pique, des cravates aux couleurs de la nation, un taffetas blanc sur chacun des deux côtés duquel sont peintes deux couronnes de chêne, avec cette légende au milieu de l'une, CONSTITUTION, au milieu de l'autre CONFÉDÉRATION NATIONALE, A PARIS, XIV JUILLET MDCCXC. Sur chacune est écrit aussi le nom du département auquel elle appartient... Les troupes de ligne suivoient l'oriflamme dont Paris leur fait aussi présent. Les couronnes civiques qui les décorent et les mots Constitution et Confédération nationale, seront à jamais la devise de ces guerriers... Les inscriptions de l'étendard en indiquent la destination primitive. D'un côté on lit, au milieu d'une

double couronne ces mots : CONFÉDÉRATION NATIONALE A PARIS, LE 14 JUILLET 1790 et de l'autre côté CONSTITUTION; au-dessous de

chaque couronne se trouvent ces autres mots : ARMÉE FRANÇAISE. Cet étendard n'est donc ni un sujet religieux, ni un signe militaire; c'est un monument de la Confédération, fondée sur la Constitution, laquelle est défendue par l'armée françoise ».

Nous ne nous serions pas occupé de cette oriflamme, qui ne fut à tout prendre qu'une bannière de fête, si elle n'était devenue tout-à-coup l'occasion de débats mémorables et la cause de l'extension des couleurs nationales (séances du 15 au 30 juillet 1790).

Un décret (19 juillet) décida que les bannières des départements, dont il vient d'être question, seraient « transportées dans le lieu où le conseil d'administration de chaque département rendra ses séances ».

Quant à l'oriflamme elle fut, par décret également, « suspendue aux voûtes de la salle des séances de l'Assemblée nationale où elle restera à jamais et rappellera sans cesse aux législatures suivantes, l'époque mémorable de la Constitution françoise ».

Une discussion passionnée s'ouvrit sur cette question byzantine, comme il y en eut tant à cette époque : l'oriflamme devait-elle rester à l'Assemblée ou être portée chez le Roi? L'abbé Maury soutint énergiquement cette dernière thèse et fit, en passant, un historique abrégé, très inexact du reste, des drapeaux nationaux de la France. Finalement, il fut voté que l'oriflamme resterait là où elle était, c'est-à-dire à la salle des séances de l'Assemblée nationale.

Pavillons de la Marine.

Des actes d'insubordination s'étaient manifestés parmi les marins de l'escadre de Brest. Un des griefs des matelots était que leurs supérieurs portaient encore la cocarde blanche. M. de Menou dans la séance du 19 octobre 1790 présenta un rapport à l'Assemblée sur ces troubles graves et, quelques jours après, il déposa un projet de décret où il demanda, entre autres dispositions, que le pavillon blanc, qui jusqu'alors avait été celui de la marine française, fût changé en un pavillon aux couleurs nationales « mais qui ne puisse être arboré sur l'escadre qu'au moment où les équipages seront rentrés dans la plus parfaite obéissance ».

Une violente discussion fut engagée à ce sujet. Nous reproduisons ici la partie la plus saillante des débats :

M. VIRIEU: Ce changement tendrait à anéantir le souvenir de de nos victoires et de nos vertus...

Je propose... de joindre à la couleur qui fut celle du panache de Henri IV, une bande aux couleurs nationales... Contemplez ce drapeau suspendu aux voûtes de cette enceinte, il est blanc; c'est devant lui que vous avez marché à la Fédération du 14 juillet...

M. LA GALISSONNIÈRE: Il est d'autant plus nécessaire de conserver la couleur de notre pavillon, que celui des Anglais et des Hollandais est aux trois couleurs. D'ailleurs, vous occasionneriez des dépenses considérables; il faut conserver à la marine son ancien pavillon. Je demande la question préalable sur l'article proposé.

M. FOUCAULT: Je vous demande quels sont les départements, quels sont les militaires qui vous ont proposé de profaner ainsi la gloire et l'honneur du pavillon français; voilà la véritable cause des désordres de l'escadre; laissez à des enfants ce nouveau hochet de trois couleurs.

M. CHARLES LAMETH: Je demande que l'opinant soit rappelé à l'ordre, il insulte les couleurs nationales.

M. FOUCAULT : Les préjugés sont respectables, il faut les ménager. Ne nous laissons plus amuser de frivolités, de cet amour pour les modes (les murmures de la gauche l'interrompent.....) Je demande la question préalable.

A ce moment intervient le grand tribun :

MIRABEAU : Aux premiers mots proférés dans cet étrange débat j'ai ressenti, je l'avoue, comme la plus grande partie de cette Assemblée, les bouillons de la furie du patriotisme jusqu'au plus violent emportement. (Il s'élève à droite des murmures que couvrent de nombreux applaudissements. L'orateur s'adresse du côté d'où partent ces murmures.) Messieurs, donnez-moi quelques moments d'attention, je vous jure qu'avant que j'aie cessé de parler vous ne serez pas tentés de rire..... Mais j'ai bientôt réprimé ces justes mouvements pour me livrer à une observation vraiment curieuse et qui mérite toute l'attention de l'Assemblée.

Je veux parler du genre de présomption qui a pu permettre d'oser présenter ici la question qui nous agite, et sur l'admission de laquelle il n'était pas même permis de délibérer. Tout le monde sait quelles crises terribles ont occasionnées de coupables insultes aux couleurs nationales; tout le monde sait quelles ont été en diverses occasions les funestes suites du mépris que quelques individus ont osé leur montrer; tout le monde sait avec quelle félicitation mutuelle la nation entière s'est complimentée, quand le monarque a ordonné aux troupes de porter, et a porté lui-même

ces couleurs glorieuses, ce signe de ralliement de tous les enfants de la liberté, de tous les défenseurs de la Constitution; tout le monde sait qu'il y a peu de mois, il y a peu de semaines, le téméraire qui eut osé montrer quelque dédain pour cette enseigne de patriotisme, eût payé ce crime de sa tête. (On entend de violents murmures dans la partie droite, la salle retentit de bravos et d'applaudissements.)

Et lorsque vos Comités réunis, ne se dissimulant pas les nouveaux arrêtés que peut exiger la mesure qu'ils vous proposent, ne se dissimulant pas que le changement de pavillon, soit dans sa forme, soit dans les mesures secondaires qui seront indispensables pour assortir les couleurs nouvelles aux divers signaux qu'exigent les évolutions navales, méprisant, il est vrai, la futile objection de la dépense; on a objecté la dépense comme si la nation, si longtemps victime des profusions du despotisme, pouvait regretter le prix des livrées de la liberté ! Comme s'il fallait penser à la dépense des nouveaux pavillons, sans en rapprocher ce que cette consommation nouvelle versera de richesses dans le commerce des toiles et jusque dans les mains des cultivateurs du chanvre et d'une multitude d'ouvriers; lorsque vos Comités réunis, très bien instruits que de tels détails sont de simples mesures d'administration qui n'appartiennent pas à cette Assemblée et ne doivent pas consumer son temps; lorsque vos Comités réunis, frappés de cette touchante et remarquable invocation des couleurs nationales, présentées par des matelots, dont on fait avec tant de plaisir retentir les désordres en en taisant les véritables causes, pour peu qu'elles puissent sembler excusables; lorsque vos Comités réunis ont eu cette belle et profonde idée de donner aux matelots, comme un signe d'adoption de la patrie, comme un appel à leur dévoùment, comme une récompense à leur retour à la discipline, le pavillon national et vous proposent en conséquence une mesure qui, au fond, n'avait pas besoin d'être demandée, ni décrétée puisque le directeur du pouvoir exécutif, le chef supréme des forces de la nation, avait déjà ordonné que les trois couleurs fussent le signe national. 1)

Eh bien, parce que je ne sais quel succès d'une tactique frauduleuse dans la séance d'hier a gonflé les cours contrerévolutionnaires, en vingt-quatre heures, en une nuit, toutes les idées sont tellement subverties, tous les principes sont tellement

(1) L'antagonisme du blanc et des couleurs nationales qui apparaît si bien dans cette séance ne fit que s'accentuer durant la Révolution et dut, plus d'une fois, tourner au tragique. Le decret du 5 juillet 1792 en est une preuve; en effet, l'article 16 de ce decret prescrivit à tout herume, résidant ou voyageant en France, de porter la cocarde nationale; toute autre cocarde etait consideree comme insigne de rebellion, et tout individu qui se revêtait d'un signe de rebellion etait puni de mort.

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