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Art. 2. Le Commissaire du Gouvernement provisoire au département de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Le même jour un second arrêté portait :

Art. 1er. Le pavillon blanc et la cocarde blanche seront arborés sur les bâtiments de guerre et sur les navires de commerce.

Le premier document formel relatif au drapeau blanc de l'armée est daté du 12 mai 1814; c'est une ordonnance du Roi sur l'organisation de l'Infanterie française. L'article 8 en est ainsi conçu :

« Il y aura par régiment un drapeau dont le fond sera blanc portant l'écusson de France et la désignation du régiment, le modèle nous en sera présenté par le Ministre de la Guerre et les drapeaux seront donnés aux régiments à l'époque que nous fixerons. Outre le drapeau de chaque régiment chaque bataillon aura un fanion dont la couleur et les dimensions seront déterminées par un réglement du Ministre ».

La première distribution solennelle de drapeaux à la Garde nationale de Paris eut lieu le 7 septembre 1814. Les troupes de lignes reçurent leurs nouveaux drapeaux le 19 septembre.

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Rétablissement des couleurs nationales pendant les Cent-Jours. - A son retour de l'Ile d'Elbe (1) Napoléon lança la proclamation suivante :

« Arrachez ces couleurs que la Nation a proscrites... Arborez notre cocarde tricolore; vous la portiez dans nos grandes journées !....... Soldats, venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef... L'aigle avec les couleurs nationales volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame ».

Cette proclamation fut suivie du décret ci-dessous, daté de Grenoble, le 9 mars 1815:

« NAPOLÉON, par la grâce de Dieu et les constitutions de l'Empire, empereur des Français, etc...

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. 1er.

supprimées.

La cocarde blanche et la décoration du lys sont

(1 Voir au chapitre des emblèmes la description du pavillon et de la cocarde arborés à cette date par Napoléon.

Art. 2.

La cocarde nationale aux trois couleurs sera sur-lechamp arborée par les troupes de terre et de mer, les gardes nationales et les citoyens de toutes les classes.

Art. 3. Le pavillon tricolore sera arboré à la maison commune des villes et sur les clochers des campagnes.

Art. 4. Le Grand-Maréchal, faisant fonction de Major-Général de la Grande-Armée, est chargé de l'exécution du présent décret. Signé : NAPOLÉON.

Par l'Empereur :

Le Grand-Maréchal, faisant fonction de Major-Général de la Grande-Armée, Signé Comte BERTRAND ».

Reprise de la couleur blanche pour la cocarde et les drapeaux. 1815. Après Waterloo Louis XVIII revint à Paris et aussitôt reparurent la cocarde et le drapeau blancs. Voici une proclamation adressée le 17 juillet 1815 par le maréchal Davoust, commandant en chef les armées au delà de la Loire :

« C'est à vous, soldats, à compléter cette soumission par votre obéissance, arborez la cocarde et le drapeau blancs. Je vous demande, je le sais, un grand sacrifice; l'intérêt de notre patrie le commande. Un soldat sert toujours son pays, quel que soit le gouvernement qu'on ait. L'armée ne peut être délibérante. »

On peut voir au musée d'artillerie un grand nombre de drapeaux de la Restauration. Ces drapeaux, dit M. de Bouillé, portent d'un côté les armes de France entourées des colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et accompagnées du sceptre et de la main de Justice, de l'autre côté, l'inscription: « LE ROI, A LA LÉGION (de tel département) », entourée de deux branches de lauriers vertes sous lesquelles pendent, attachées à des cordons rouges, les décorations de Saint-Louis et de la Légion d'Honneur. Ces drapeaux sont des deux côtés mi partis en diagonale, les uns blanc et vert, les autres blanc et rouge. Ainsi la légion du Gard avait la couleur verte, celle de la HauteMarne, la couleur rouge.

L'ordonnance royale du 27 novembre 1816 institua des dra peaux de bataillon ou de couleur, mi partis en diagonale blanc et rouge pour les 2 bataillons, blanc et jonquille pour les 3 bataillons. Ces drapeaux furent maintenus par la décision

du 24 avril 1818, ils marchaient pour rendre les honneurs aux princes, le drapeau blanc ne rendant plus les honneurs qu'au roi, ainsi que cela avait lieu pour le colonel général seul avant 1661 et pour le roi depuis cette date.

Les drapeaux de la garde royale étaient blancs semés de fleurs de lis d'or; au centre l'inscription: LE ROI (à tel) RÉGIMENT (D'INFANTERIE, etc.) DE LA GARDE ROYALE, était entourée aux trois quarts par deux palmes ou branches de lauriers sous lesquelles pendaient les ordres de Saint-Louis et de la Légion d'honneur attachés à leurs rubans rouges. Ceux des régiments du corps royal de l'artillerie étaient semblables à ceux de la garde. Les drapeaux de la ligne étaient blancs, entourés d'une bordure de fleurs de lis, le centre était occupé par une inscription et des ornements pareils à ceux que nous venons de décrire.

Nous possédons dans notre collection un de ces drapeaux blancs, de grande dimension. Nous en donnons ici un dessin

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au trait en faisant remarquer qu'il présente aux angles une fleur de lis tandis que les drapeaux du musée d'artillerie ont souvent à cette place un numéro.

Un détail nous avait fort intrigué: ce drapeau est sur soie mince simple, c'est-à-dire sans revers. Ce fait nous a été

expliqué par le passage suivant d'une notice intercalée dans le catalogue des collections du Musée d'artillerie (1) :

« Il n'existe au Musée, depuis 1831, que 9 drapeaux ou étendards de la Restauration et 82 faces ou revers de drapeaux dédoublés, soit en tout 91. Il est vraisemblable qu'avant de procéder à la destruction des drapeaux du Musée, on en a dédoublé 91. L'ordre aurait donc reçu son exécution complète en apparence ».

Reprise des trois couleurs. 1830. La révolution de Juillet 1830 se fit sous l'égide du drapeau tricolore. A la date du 1er août 1830, les journaux publièrent l'ordonnance suivante :

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« Art. 1er. La nation française reprend ses couleurs. Il ne sera plus porté d'autre cocarde que la cocarde tricolore.

Art. 2. Les commissaires chargés provisoirement des divers départements du Ministère veilleront, chacun en ce qui le concerne, à l'exécution de la présente ordonnance.

Signé LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

Le Commissaire chargé provisoirement

du Ministère de la Guerre,

Signé Comte GERARD ».

Ce décret fut ratifié le 6 août suivant par un vote de la chambre des Députés répondant à la proposition suivante que fit à la tribune M. Dupin:

« M. DUPIN: Déjà nous avons tous un ruban tricolore à notre boutonnière; déjà la garde nationale et toute la France ont pris ces couleurs; déjà une ordonnance du prince lieutenant-général du royaume a déclaré qu'il n'en serait point porté d'autres, mais il est nécessaire de faire cesser en point de droit les dispositions de loi qui fixaient un autre mode de ralliement. Je propose donc l'article additionnel suivant :

La France reprend ses couleurs. A l'avenir, il ne sera plus porté d'autre cocarde que la cocarde tricolore ».

Cette proposition est adoptée par acclamation.

(1 Catalogue des collections composant le Musée d'artillerie, par L. Robert, Paris, 1889.

Sous le règne de Louis-Philippe le drapeau national ne subit d'autre changement que celui de sa hampe qui fut surmontée du coq gaulois (Voir pages 217, 218 et 306). Cependant certains étendards de cavalerie firent exception à cette règle.

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Le drapeau de février 1848. Le drapeau rouge avait flotté sur plusieurs barricades pendant les journées de février, et Blanqui voulait qu'il fût conservé par le nouveau Gouvernement provisoire; celui-ci rejeta la proposition. Ce fut surtout Lamartine qui, par un discours admirable, dissuada la foule de persister dans ce projet malheureux. Voici, d'après les journaux du temps, la fin de sa courageuse allocution:

«Avant, citoyens, vous pouvez faire violence au Gouvernement, vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la Nation et le nom de la France. Si vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés dans votre erreur pour lui imposer une république de parti et un pavillon de terreur, le Gouvernement, je le sais, est aussi décidé que moi-même à mourir plutôt que de se déshonorer en vous obéissant; quant à moi, jamais ma main ne signera ce décret! Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devriez le répudier plus que moi! car le drapeau rouge que vous nous rapportez n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, trainé dans le sang du peuple en 91 et 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie!

» Je vous ai parlé tout à l'heure en citoyen; eh bien! maintenant écoutez en moi votre ministre des affaires étrangères. Si vous m'enlevez le drapeau tricolore, sachez-le bien, vous m'enlevez la moitié de la force extérieure de la France! car l'Europe ne connait que le drapeau de ses défaites et de nos victoires — le drapeau de la République et de l'Empire. En voyant le drapeau rouge elle ne croira voir que le drapeau d'un parti ! C'est le drapeau de la France, c'est le drapeau de nos armées victorieuses, c'est le drapeau de nos triomphes qu'il faut relever devant l'Europe; la France et le drapeau tricolore c'est une même pensée, un même prestige, une même terreur au besoin pour nos ennemis ».

Nous avons déjà publié (voir page 229) l'affiche qui confirme ce qui précède :

CITOYENS DE PARIS,

Le Coq Gaulois et les Trois Couleurs étaient nos signes vénérés quand nous fondames la République en France; ils furent adoptés

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