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par les glorieuses journées de Juillet. Ne songez pas, Citoyens, à les supprimer ou à les modifier; vous répudieriez les plus belles pages de votre Histoire, votre gloire immortelle, votre courage, qui s'est fait connaitre sur tous les points du Globe. Conservez donc le Coq Gaulois, les Trois Couleurs; le Gouvernement provisoire le demande à votre patriotisme.

Les Membres du Gouvernement provisoire :

Garnier-Pagès, Maire de Paris,

Ad. Crémieux,

Louis Blanc, Secrétaire.

D'autre part les journaux publièrent les déclarations. suivantes :

« Le Gouvernement provisoire de la République déclare adopter les trois couleurs, disposées comme elles l'étaient pendant la République.

Le drapeau portera: RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.

Disposition des couleurs du drapeau : Bleu, Rouge, Blanc ».

Cette dernière ligne renferme un lapsus qui excuse la hâte avec laquelle sont bâclés d'ordinaire les décrets et proclamations des gouvernements provisoires.

L'erreur fut réparée le 3 mars :

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE,

Considérant que le drapeau de la France est le signe visible de l'unité nationale;

Considérant, dès lors, que la forme du drapeau national doit être fixée d'une maniere invariable;

ARRÊTE:

Art. 1er. Le pavillon, ainsi que le drapeau national, sont rétablis tels qu'ils ont été fixés par le décret de la Convention nationale du 27 pluviôse an II, sur les dessins du peintre David.

Art. 2.

En conséquence, les trois couleurs nationales

disposées en trois bandes égales, seront, à l'avenir, rangées dans l'ordre suivant : le bleu attaché à la hampe, le blanc au milieu, et le rouge flottant à l'extrémité.

Tous les Ministres sont chargés de l'exécution du présent décret ».

Les Membres du Gouvernement provisoire :

DUPONT (de l'Eure), LAMARTINE, AD. CRÉMIEUX, ARAGO,
LEDRU-ROLLIN, GARNIER-PAGES, MARIE, MARRAST,
LOUIS BLANC, FLOCON, ALBERT (ouvrier).

Malgré ce petit incident on remarquera que c'est seulement à partir de cette date que le drapeau français eut un modèle uniforme pour l'armée, la marine et les édifices publics.

Le 8 mars, le Ministre de la guerre faisait publier l'ordre suivant :

« Par suite du décret du Gouvernement provisoire, en date du 5 mars 1848, les couleurs de la cocarde nationale devront être disposées comme il suit le centre bleu, la zone intermédiaire blanche, la zone extérieure rouge écarlate.

Les généraux de division et de brigade veilleront à l'exécution du présent décret.

Le Ministre de la Guerre :
Signé SUBERVIE ».

Il nous faut noter que les partisans du drapeau rouge obtinrent, au début, à titre de concession, une légère satisfaction il leur fut accordé que le drapeau national porterait à la hampe, une rosette rouge. Voici la déclaration datée du 26 février 1848:

..... Comme signe de ralliement et comme souvenir de reconnaissance pour le dernier acte de la révolution populaire, les membres du Gouvernement provisoire et les autres autorités porteront la rosette rouge, laquelle sera placée aussi à la hampe du drapeau ».

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Le décret suivant fut promulgué le 31 décembre 1831:

« Le Président de la République, considérant que la République Française, avec sa nouvelle forme, sanctionnée par le suffrage du peuple, peut adopter sans ombrage les souvenirs de l'Empire et les symboles qui en rappellent la gloire ;

Considérant que le drapeau national ne doit pas être plus longtemps privé de l'emblème renommé qui conduisit dans cent batailles nos soldats à la victoire,

Art. 1er.

l'armée ».

DÉCRETE :

L'aigle française est rétablie sur les drapeaux de

Lorsqu'il fut empereur, les drapeaux n'eurent donc que des changements d'inscriptions.

A la chute de l'Empire, les drapeaux restèrent tricolores et la hampe fut terminée par une pique ayant le monogramme R. F.

Le drapeau rouge. 1871.- La Commune de Paris adopta la couleur rouge tant pour ses drapeaux que pour les écharpes de ses magistrats municipaux et des officiers fédérés.

A titre de curiosité seulement, ajoutons que nous avons vu plusieurs drapeaux rouges des bataillons fédérés portant la mention: «VIVE LA RÉPUBLIQUE » et le numéro du bataillon ; la hampe était surmontée soit d'une pique ordinaire, soit d'un bonnet phrygien enfilé dans la pique et bourré d'étoupes.

Le drapeau actuel. Les drapeaux de l'armée distribués en 1879 mesurent 90 centimètres carrés, non compris les franges. L'étamine en soie n'est pas d'un seul morceau, comme pour les drapeaux distribués en 1852, mais composée de trois bandes. cousues à la main. Sur un côté de l'étoffe sont peints en lettres d'or les mots : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, HONNEUR ET PATRIE; Sur l'autre côté, la désignation du régiment et les noms des principales batailles dans lesquelles il s'est fait remarquer. Des couronnes de laurier, placées aux quatre angles des deux côtés de l'étoffe, contiennent le numéro du régiment.

La hampe, en bois de frène et peinte en bleu, porte en haut un fer de lance en bronze doré passant dans une couronne de laurier et surmontant un cartouche sur lequel se détachent d'un côté les initiales R. F. et de l'autre, le numéro du régiment. A la base de ce cartouche, se trouve un bracelet dans

lequel est nouée la cravate, formée d'une bande de soie tricolore, longue de 90 centimètres, large de 24.

L'étamine des étendards de la cavalerie n'a que 64 centimètres carrés et la cravate 21 centimètres de largeur. Ces étendards sont, pour le reste, en tout semblables aux drapeaux de l'infanterie.

Le choix des légendes à inscrire sur les nouveaux drapeaux et étendards a été arrêté par le Ministre de la guerre le 3 février 1879 1).

Dans cette brève étude des drapeaux français, nous nous sommes efforcé de laisser, autant que possible, les documents parler seuls. On a pu voir combien les trois couleurs, désormais indissolublement unies, ont rencontré d'entraves, avant d'arriver à former le drapeau national. Ce fut d'abord l'obstination des chefs de corps à posséder des drapeaux distinctifs pour tous les régiments; ce fut, après la Révolution, l'opposition opiniâtre des royalistes pour prolonger tant qu'ils le purent la prédominance de leur couleur distinctive.

Lorsque le drapeau blanc fut restauré en France, les errements du passé reprirent le dessus et les régiments reçurent, en échange des couleurs nationales, des drapeaux mi-partis blancs, mi-partis vert tendre, garance ou jonquille; certaines enseignes, d'après les documents officiels, furent même en soie. à reflets changeants devant rappeler « les feux du ciel et de l'enfer ».

Le drapeau tricolore n'en a pas moins triomphé.

Jolies couleurs de la France, qui flottez, pimpantes, avec vos lettres d'or disant des noms de victoires et les mots sacrés : Honneur et Patrie, ceux qui vous ont reniées en 1848 ou en 1870 ne savaient ce qu'ils faisaient, ils ignoraient d'ailleurs votre histoire, votre gloire incomparables.

Que la sagesse de nos institutions nous préserve à jamais de ces tristes journées de haine fratricide où quelques uns prétendaient imposer à tous leurs idées et leurs insignes.

Puisse, enfin, se populariser de plus en plus cette coutume touchante qui veut qu'on se découvre au passage du symbole de la Patrie !

1 M. Ney a donne dans sa brochure: Les Drapeaux français, le texte des légendes arrêtées pour chaque régiment par le Ministre de la guerre, aussi bien pour les drapeaux modernes, que pour les drapeaux distribués en 1852.

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