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Symboles éternels du Celte et du Gaulois!

Plus tard vous triomphez près du blason des rois
Et vous restez debout sur les drapeaux de France!
Crète au vent et l'oeil vif, vous êtes l'espérance
Et, d'un élan viril vous faisant une loi,

Vous dites à la mort : « Je n'ai pas peur de toi! »

CHARLES GRANDMOUGIN

Notes explicatives de la légende

DU

COQ GAULOIS

Cette légende est, comme toutes les légendes, une œuvre d'imagination basée sur un premier fonds de vérité; elle a cela de commun avec la plupart des traditions. Elle vaut, par exemple, celle de Rémus et de Romulus, fils du Dieu Mars et d'une vestale, laquelle, en raison de son parjure, fut enterrée vive, tandis que ses enfants jumeaux étaient abandonnés sur le Tibre. On sait le miracle par lequel les futurs fondateurs de Rome échappèrent à la mort grâce à une louve qui les allaita, etc. Du moins, la légende du coq gaulois reflète en partie des textes authentiques.

Les documents relatifs à nos ancêtres, avant la domination romaine, sont d'une pénurie extrême. Les écrivains qui, sans hésiter, fixèrent l'histoire et la géographie de ces époques ont, le plus souvent, ingénieusement tiré parti des textes anciens, qui ne sont, la plupart du temps, que des phrases courtes et imprécises glanées dans des auteurs grecs et latins plus ou moins bien informés.

C'est que les Gaulois, de même que les peuples connus qui vivaient à ces époques, exception faite des Indiens, des Chinois, des Égyptiens, des Carthaginois, des Grecs, des Romains, étaient barbares ou semi-barbares et n'écrivaient pas. Ainsi, fait qui semblera extraordinaire, on ne sait rien de la langue que parlaient nos ancêtres avant la conquête romaine. Dans de pareilles conditions comment a-t-on pu établir de quelles contrées ils venaient lorsqu'ils ont envahi le sud de l'Europe et s'y sont fixés en essaimant un peu de tous côtés ?

Cependant les historiens sont généralement d'accord pour dire que les peuplades nommées Celtes, Caletes et, plus tard, Gauloises, ont dù émigrer des hauts plateaux de l'Asie, «suivant par le Pont Euxin (Mer Noire) et le Danube, l'éternel chemin qu'ont parcouru, pendant vingt siècles, les hordes errantes, depuis les premiers Kimris jusqu'aux Huns d'Attila. »

D'autres historiens croient que nos ancêtres sont venus en Europe en suivant le littoral de l'Afrique pour traverser les Colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar). On indique même que leurs barques étaient fabriquées de branches enlacées recouvertes de peaux?

Il est aussi question de leur religion avant qu'ils n'adoptassent le druidisme. Un dictionnaire (1) édité récemment dit même à ce propos : « le coq Callois est-il originaire des traditions de la mythologie celtique ou bien est-il l'ancêtre du coq gaulois ?>>

Mais ces traditions, nous les avons vainement cherchées. Tout au plus pourrait-on déduire de citations extrêmement vagues que les peuples primordiaux de l'Asie d'où sortirent nos ancêtres ? — adoraient le soleil, source de vie.

Or, le coq a été honoré, vénéré, parce que c'est lui qui, le premier, salue l'aurore de son chant éclatant auquel répond, dans les bois, l'harmonie confuse formée de la voix de tous les êtres qui se réveillent.

L'Extrême-Orient a conservé les emblèmes d'une des religions asiatiques qui dérivait du culte du Soleil ? Le principal de ces emblèmes est le In-Yang qui représente l'antagonisme du jour et de la nuit, du bien et du mal, qui signifie,

Yn-Yang

en un mot, les deux influences contraires d'où nait la vie ; on a voulu y voir un coq et une poule étroitement unis. On

(1 O'kelly de Galway. Dictionnaire de la Science du Blason.

fabrique encore au Japon des amulettes plus explicites. Cette religion aurait donné naissance, beaucoup plus tard, au gnosticisme dont on retrouve des traces en France jusqu'au MoyenAge. Or, les amulettes gnostiques, assez communes dans nos musées, sont des pierres dures, gravées, qui représentent divers sujets, et souvent des têtes de coqs surmontant des corps d'hommes. (Voir page 66).

La légende du Coq gaulois raconte qu'un coq, par son chant, mit en fuite des lions; cette erreur d'histoire naturelle avait cours dans l'antiquité et Pline (1) la rapporte gravement; on la trouvera plusieurs fois reproduite dans notre étude.

Charles Nodier, le célèbre littérateur, l'a répétée ainsi dans un article souvent cité (2):

« ..... Les Gaulois avaient adopté pour emblème, par la même raison, un coq au plumage blanc que toutes les langues désignent par l'équivalent et souvent par l'homonyme du nom de Gaulois. De là vient la fable nationale du Coq blanc qui combat le lion et qui en triomphe, et le blason de couleur qui attache au blanc la signifiance de batailler bravement. »

Voyons maintenant les auteurs de l'antiquité :

« Comme type ethnique, les Galates de Polybe, étaient grands de taille, à peau blanche lactée, à cheveux blond ardent, à yeux bleus. Ce portrait des Galates de la Cisalpine a été confirmé par Tite-Live et autres auteurs de son temps. Il a été répété jusque dans le iv siècle de notre ère par Ammien Marcellin et par Jordanès vers 550 (3).

« Ces peuplades, ajoute Polybe, étaient dispersées dans des villages sans murailles et ignoraient absolument les mille choses qui font le bien-être de la vie. Ne connaissant de lit que le gazon, ne mangeant que de la chair, elles menaient la vie la plus agreste. Etrangères à tout ce qui n'était pas guerre ou travail de la terre, elles n'avaient ni science ni art quelconques. Leurs richesses consistaient en or et en troupeaux. C'étaient, en effet, les seules choses qu'elles pussent en toute circonstance emporter avec elles et déplacer à leur gré. »

(1, Pline. Histoire naturelle.

(2) Charles Nodier. Gazette littéraire du 8 mars 1832.
(3) G. de Mortillet. Formation de la Nation Française.

....

......

La crainte des Galates a plus d'une fois ému non seulement la Grèce de nos jours, mais encore la Grèce ancienne ». Les Celtes et Gaulois de la France ne sont réellement connus que depuis César, milieu du fer siècle avant notre ère. Il n'est pas inutile de rappeler que Galates et Gaulois sont un seul et même mot, traduction littérale de la forme grecque Galatai et de la forme latine Galli ».

Enfin, César, dans ses Commentaires, (de Bello Gallico), rapporte ce fait curieux qu'une partie de la race gauloise regardait comme un sacrilège de manger des gallinacés et, cependant, en élevait avec un mélange de plaisir et de respect.

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