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compte de ce que seront ces accroissements et ces volumes moyens sur les autres coupes. Voici la manière d'y arriver:

Je cherche le volume moyen que présenteront les réserves de quatre-vingt-dix ans, par exemple, sur la coupe âgée actuellement de vingt ans, où se trouvent des réserves de quatre-vingts ans. Sur la coupe en exploitation je calcule quel est le volume moyen qu'avaient les arbres à quatre-vingts ans. Je calcule également, sur la coupe âgée de vingt ans, le volume moyen d'un arbre de quatre-vingts ans. Si ces volumes sont à peu près les mêmes, j'en conclurai que le volume moyen de l'arbre de quatre-vingt-dix ans, sur la coupe âgée actuellement de vingt ans, sera le même que celui de l'arbre de quatre-vingt-dix ans sur la coupe en exploitation, et je pren– drai ce dernier volume pour base de mes calculs. Si les deux volumes moyens des arbres de quatre-vingts ans, sur la coupe exploitable et sur la coupe âgée de vingt ans, diffèrent sensiblement, je déterminerai le rapport dans lequel ils sont entre eux et je supposerai, ce qui ne sera pas loin de la vérité, qu'il y aura ce même rapport entre les volumes moyens de ces arbres parvenus à quatre-vingt-dix ans, sur la coupe en exploitation et sur la coupe âgée de vingt ans. Ce rapport me permettra de déduire le volume moyen que je cherche.

Les expériences que j'indique ici serviront également à déterminer quels seront les accroissements moyens que prendront sur chaque coupe les réserves, en passant d'une catégorie à la catégorie supérieure.

La plupart du temps on n'aura pas besoin de faire les expériences sur chaque coupe. Il suffira de diviser la forêt en groupes de coupes présentant des conditions de végétation à peu près semblables et de déterminer les accroissements et les volumes moyens par quelques recherches faites dans chaque groupe.

A. BUJON.

BULLETIN FORESTIER.

Quelques affaires se sont traitées à Paris depuis que l'état de la rivière a permis de recommencer le flottage. Les marchandises arrivées en assez grande quantité et attendues depuis si longtemps étaient vendues ou promises à l'avance. Les livraisons n'ont été pour la plupart que la réalisation de marchés antérieurs; mais il n'en est pas moins résulté une activité qui a pu faire croire à un retour vers des temps meilleurs, et, cela aidant, quelques marchés nouveaux se sont faits pour charpentes, sciages et même bois à brûler.

Les prix n'ont rien de bien encourageant en ce qui concerne les charpentes, et cependant on aurait pu craindre des résultats moins avantageux encore. Nous avons vu livrer des bois ordinaires à 55 francs le mètre cube sur berge. Les gros bois, assez rares, sont mieux tenus; on parle de 70 francs pour les beaux lots.

La Compagnie des chemins de fer de l'Est a fait approvisionnement

d'environ 600 mètres cubes reçus en gare de Saint-Dizier, à 70 francs; les bois, étant choisis dans les forêts des environs, devront se trouver dans la catégorie des plus belles pièces de marine; le prix en est donc relativement peu élevé, et la conclusion d'un semblable marché indique de la part des vendeurs peu de confiance dans une reprise bien active. Or, les vendeurs tiennent la tête du commerce des charpentes à Paris; et leur exemple est ordinairement bon à suivre.

En sciages, il y a toujours des demandes. Les prix sont maintenus sans affaires à défaut de marchandises disponibles. Nous avons cependant entendu parler d'offres faites de 145 francs pour l'entrevous et 175 francs pour l'échantillon de deux lots venus en bateaux de la Lorraine et déposés sur les ports de Châlons et Aï. Ces bois, déjà secs, pouvaient être livrés de suite à la consommation.

Les affaires en sciages de chêne ne tarderont pas à se traiter dans de belles proportions; la douceur de la température a permis de toujours travailler en forêt depuis le commencement de l'hiver. Le débit des bois est plus avancé que de coutume en cette saison. Les transports ont pu se faire pendant les quelques jours des dernières gelées, et bientôt on pourra compléter sur les ports des lots assez importants qui seront mis à l'eau dès que le flotttage sera redevenu possible.

La carbonisation, interrompue par habitude plutôt que pour cause de saison mauvaise, laisse le marché réduit aux approvisionnements faits avant l'hiver. Aussi les charbons ont-ils augmenté pour le consommateur et la vente au demi-gros. Cette augmentation s'est élevée jusqu'à 1 franc par voie de 240 à 250 litres, pour les charbons de première qualité; on les vend aujourd'hui 6 fr. 50 c. hors barrière.

Quelques marchés passés en province pour de très-gros lots ont, sous l'influence de la faveur momentanée du détail, obtenu des conditions beaucoup plus avantageuses que les vendeurs n'auraient pu l'espérer au moment des adjudications. Le muid de charbon, composé de 52 poinçons ou 104 hectolitres, a été vendu 170 francs rendu sur le bateau. La même qualité n'avait pu obtenir que 150 francs en 1857.

Les charbons de Sologne arrivent toujours aussi nombreux à Paris; ils entrent dans la consommation à l'aide de leur bas prix; le placement en devient même plus facile, quoiqu'ils aient suivi l'exemple des charbons de bois dur. La voie de ces charbons de pin se place à 3 francs et jusqu'à 3 fr. 50 c.; mais, la pesanteur spécifique étant moindre, on ne craint pas d'en faire de très-grands sacs qui contiennent jusqu'à 260 litres. Le chemin de fer d'Orléans a toujours le monopole de ces charbons qui lui procurent un trafic considérable.

On assure que des ventes de bois à brûler se sont faites à 95 francs le

JANVIER 1859.-4° SÉRIE.-T. V.

T. V. - 2

décastère sur la Marne. Ce prix ne peut suffire sans doute pour rembourser aux vendeurs leurs avances d'achat et de frais généraux; nous croyons cependant qu'il y aurait avantage à liquider la situation et déblayer les ports même à ce prix. Les bois blancs restent offerts sans acheteurs.

Nous signalions, dans le dernier numéro, la faveur inattendue que les derniers marchés avaient accordée aux écorces. Ce mouvement paraît se soutenir. Un marchand de bois nous signalait cette semaine ce fait concluant qu'on lui offrait 150 francs des 104 bottes d'écorces prises sous feulle dans une forêt dont les mêmes produits pour la coupe de l'année précédente avaient été abandonnés à 105 francs.

Nos écorces prennent décidément faveur; tous nos voisins en demandent avec instance; ils eu offrent des prix plus élevés que ceux payés par les industriels qui, chez nous, consomment cette matière. Pourquoi done n'en récoltons-nous pas en quantité suffisante, et pour nous, et pour eux? Pourquoi laissons-nous perdre sans profit une marchandise aussi recherchée ?

Nous creusons ces questions sans pouvoir trouver une réponse raisonnable à faire. Nous ne trouvons pas un moyen de justifier la perte d'un produit recherché qui s'obtient au grand avantage du sol, sans autre peine qu'un travail des plus simples et des mieux rétribués. Qui donc nous donnera la solution de ce problème?

DELBET.

TABLEAU COMPARÉ DE L'ENTRÉE A PARIS

DES BOIS, des combustibles, des fers et des fontes,

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(1) Ces 42,284 stères de bois, multipliés par 400 kil., poids du stère de bois dur, représentent 16,913,600 kil., dont la puissance calorifique egale celle de 8,456,800 kit. de houille.

(2) Ces 22,142 stères de bois, multiplies par 300 kil., poids du stère de bois blanc, représentent 6,642,600 kíl., dont la puissance calorifique égale celle de 3,321,300 kil, de houille.

TABLEAU COMPARE DE L'ENTRÉE A PARIS

DES BOIS, DES COMBUSTIBLES, DES FERS ET DES FONTES,
RÉCAPITULATION DES ANNÉES 1858-57.

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(1) Ces 493,963 stères de bois, multipliés par 400 kil., poids du stère de bois dur, représentent 197,585,200 kil., dont la puissance calorifique égale celle de 98.792,600 kil. de houille.

(2) Crg 193.503 stères de bois, multiplies par 300 kil., poids du stère de bois blanc, représentent 58,050,900 kil., dont la puissance calorifique égale celle de 29,025,450 kil. de houille.

DES DROITS D'USAGE

DE L'ANCIEN COMTÉ DE DABO.

(Discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée de la Cour impériale de Nancy, par M. ALEXANDRE, premier avocat général.)d

Messieurs,

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S. M. l'Empereur aime à venir chaque année en Lorraine, et à s'y reposer un peu des fatigues officielles de la grandeur. Mais, alors même qu'il a quitté le vaste centre où la vie de la France afflue; quand il s'efforce d'oublier pour quelques jours les longs soucis des affaires extérieures, soucis glorieux, et qui ont préparé à notre pays de retentissants triomphes sur tous les points du globe! - le souverain ne cesse jamais d'avoir devant les yeux cette belle maxime de son règne : La vie faite plus facile pour l'artisan, pour le laboureur, pour le pauvre; le pain du corps procuré à tous à bon marché, à côté de cette nourriture intellectuelle que leur assurent déjà, sous une administration vigilante, et l'éducation partout instituée, et l'enseignement des arts libéraux et des arts utiles, partout uni au culte des idées patriotiques et des nobles souvenirs.

« Et pourrait-il en être autrement, messieurs? L'œil du souverain peut-il ne pas s'arrêter sur ces routes, ces canaux, ces chemins multiples qui traversent ou découpent les campagnes de l'Est, fécondées en même temps par les efforts d'une savante agriculture; sur ces usines si nombreuses, où l'infatigable industrie décuple et transforme nos richesses naturelles? Il constate, en passant, les progrès déjà accomplis, les conquêtes déjà faites !... En même temps aussi, il sait reconnaître tout d'abord les besoins et les lacunes. Et de sa main plus puissante, il écarte les obstacles réputés invincibles, et qui depuis des années tenaient en échec ou les efforts de l'administrateur, ou la juste sollicitude des agents préposés à la gestion des intérêts sociaux !

« Il y aurait eu pour nous une ample matière à venir énumérer dans notre discours, soit les lois récentes qui tendent à rendre plus rapide et plus économique la distribution de la justice (1), soit ces codes déjà promulgués (2) ou qui vont bientôt l'être, digue couronnement du grand édifice élevé au début du siècle! Le Code rural surtout, dont nous connaissons déjà les intéressants prolégomènes (3), eût été pour nous un argument tout de circonstance,' et tel que l'exige la loi de cette solennité qui vous rassemble (4). — Nous avons choisi pourtant un sujet plus restreint, plus spécial à votre ressort: nous venons vous parler des usages forestiers du pays de Dabo, de leurs origines historiques, de la loi qui les règle, des difficultés que leur exercice a fait naître. Sujet restreint, disions-nous! Loin de là! En parcourant nos contrées des Vosges, l'Empereur a discerné aussitôt dans les usages forestiers une des questions les plus graves parmi toutes celles auxquelles est attachée la prospérité agricole de la France: un de ces problèmes qui sont un embarras et une souffrance, quand on les laisse dormir; qui agitent tout un pays, quand on Jes remue ! Dans son intelligente et généreuse initiative, Sa Majesté a signé les décrets des 12 avril 1854 et 19 mai 1857 (5). A son appel, les commissions de cantonnement se sont disséminées aussitôt sur le territoire forestier de l'Empire; et partout, à cette heure où nous parlons, l'opération si difficile, confiée à leur science, est en voie d'exécution. Elle aura pour résultat: en faveur de l'Etat, propriétaire d'un domaine grevé de la servitude des usages, l'affranchissement de sa propriété, l'ouverture des routes forestières, la circulation et la multiplication plus facile des produits; en faveur des usagers, et des populations non usagères d'un côté, la consolidation à jamais de leurs droits mieux assis, mieux servis; de l'autre, et pour tous, le travail et l'industrie mieux mis à leur portée.

« Ces décrets n'ont eu, d'ailleurs, nulle part autant de retentissement qu'au milieu des montagnes de la Lorraine et de l'Alsace, champ d'études ordinaire de l'Ecole spéciale instituée dans cette ville (6); terrain longuement débattu de tant de

(1) La loi sur les ordres, par exemple, du 21 mai 1858.

(2) Code de justice militaire du 9 juin 1857 ; Code de justice maritime du 4 juin 1858. (3) Voir les deux rapports de M. le sénateur Casabianca, publiés par le Moniteur, en 1857 et 1858.

(4) Art. 101 du décret du 30 mars 1808, et 34 du décret du 6 juillet 1810.

(5) Règles à suivre pour le cantonnement des droits d'usage en bois, etc. (Décret du 12 avril 1854; décret du 19 mai 1857.) — Voir aussi l'instruction de la direction générale des forêts, du 6 juin de la même année, sur la marche à suivre dans les opérations de cantonnement.

(6) L'Ecole spéciale forestière établie à Nancy va, tous les ans, durant les mois d'été, s'installer dans les forêts dont nous parlons; et des cours ambulatoires y sont faits sur place aux élèves.

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