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Les affaires se réduisent donc à la vente en détail des marchandises nécessaires à la consommation ou au travail de chaque jour, et nous avons la satisfaction de constater que cette vente se fait bien, dans de bonnes conditions de prix, de placements avantageux, qui annoncent pour l'avenir des conditions non moins bonnes de placement aux marchandises qui se confectionnent dans les coupes en exploitation.

Les résultats obtenus jusqu'ici ont déterminé beaucoup de coupes extraordinaires, soit par la vente d'un double exercice quand l'âge des taillis a pu le permettre, soit par la mise en vente de parcelles non aménagées et se vendant à tout âge, selon les circonstances.

Ces ventes tardives trouvent des acheteurs empressés dans les marchands de bois, qui, depuis les adjudications générales, ont pu placer leurs produits avec bénéfice, et sont très-heureux de courir une nouvelle chance de bonne affaire.

La mesure étant générale donnera un surcroît de production assez important pour avoir son effet sur les transactions. Mais jusqu'ici, cet effet ne se fait pas sentir. Si les amateurs sont nombreux pour acheter les coupes à exploiter, les acheteurs sont plus nombreux encore pour les produits façonnés. Nous avons pu assister à plusieurs de ces ventes tar→ dives de coupes, et nous avons pu constater souvent que dans la journée, après quelques heures, ou même séance tenante, l'adjudicataire avait vendu toutes ses marchandises, à livrer aussitôt après l'exploitation.

Les prix de ces dernières ventes sont avantageux et ont généralement dépassé les cours auxquels on traitait il y a deux ou trois mois. La différence de ces cours n'est pas de moins de 10 pour 100, elle s'est élevée souvent plus haut.

Des charpentes ont été vendues ainsi en grume 6 francs le décistère, qu'on aurait eues pour 5 fr. 25 c. deux mois plus tôt.

Les bois à charbon de ces dernières coupes ont obtenu 5 francs le stère sur la Marne.

On a payé les bois durs à brûler 110 francs le décastère, et les bois blancs seront reçus sur les ports à 70 francs.

Ces différences, constatées à peu de distance de Paris, ne sont pas moins sensibles dans un rayon plus étendu, lorsqu'il s'agit des bois à brûler ou à carboniser. Mais pour les bois de service, les premiers prix étaient si élevés sur ces points, qu'il n'a pas été possible d'y ajouter depuis; nous croyons même qu'il ne faudrait pas un grand bruit pour amener la réaction en baisse; et si quelque gelée donnait à craindre pour la vigne, on verrait bientôt les bois à merrain, redevenus bois ordinaires, perdre la moitié des 10 à 12 francs qu'ils ont été payés au cinquième déduit.

Malgré cette augmentation générale des bois de service, il s'est passé ce fait singulier, que les plus gros consommateurs de l'époque, les chemins de fer, ont abaissé le prix des traverses. La différence en moins est à peu près de 5 francs par stère, si on ne consulte que les prix d'achat de l'une et l'autre année; mais en réalité cette différence est beaucoup plus grande, puisqu'il a fallu vendre 5 francs de moins les bois qu'on achetait de 5 à 8 francs de plus que l'année précédente.

Malgré cette condition vraiment mauvaise pour les vendeurs, les marchés se sont passés, comme à l'ordinaire; toutes les Compagnies ont assuré leurs approvisionnements, soit en bois de chêne, soit en bois de hêtre, charme, bouleau, préparés au sulfate de cuivre.

Ces derniers ont joué un grand rôle dans la diminution obtenue, en venant se proposer partout où le chêne était rare ou tenu trop cher. C'est une grande ressource que ces bois préparés faisant concurrence au bois de chêne, jusqu'alors maître du marché, et menacé de ne pouvoir suffire à la consommation. On ne sait jusqu'où le bois de chêne aurait pu s'élever, s'il eût été employé exclusivemene à la fabrication des traverses. La consommation en serait effrayante, au point de gêner les constructions ordinaires. C'est toujours le procédé Boucherie qui reçoit la préférence pour la préparation de ces bois blancs. Vienne la fin du privilége et l'emploi en sera considérablement étendu.

Les écorces se maintiennent aux prix avantageux signalés dans nos derniers bulletins. On se dispose cependant à augmenter la quantité disponible, en écorçant une grande partie des chênes à abattre. Bon nombre des coupes nouvellement mises en vente sont achetées en vue de faire de l'écorce. Quelques marchés passés depuis un mois indiquent les cours de 170 francs les cent bottes d'écorces fines et grosses mêlées, et pesant 20 à 25 kilogrammes la botte. Des écorces fines ont été vendues 190 francs les cent bottes de 18 kilogrammes prises dans les coupes.

Il y a eu un moment d'incertitude relativement au cours des charbons, depuis la lettre au ministre d'Etat. Quelques-uns ont crié au libre échange, à la ruine de notre industrie métallurgique; il ne s'agissait plus que d'éteindre les fourneaux, et préalablement on parlait d'abaisser de beaucoup le prix des charbons. Les esprits paraissent se rassurer; on reconnaît que la peur avait exagéré la portée des nouvelles mesures, et qu'au lieu du libre échange trop redouté, il y a simplement la continuation du système d'abaissement des droits, correspondant aux progrès faits dans la métallurgie, dans le but de faire entrer le fer plus avant dans la consommation, en le vendant moins cher.

Quelques maîtres de forges, allant au fond des choses, ont cherché à prévoir quelles pouvaient être les conséquences d'une diminution de prix

même considérable dans les fers et fontes, et, passant en revue les divers éléments qui constituent le prix de revient, ils ont conclu ainsi :

La main-d'œuvre ne peut subir aucune réduction. Les ouvriers ont une condition bonne sans doute mais trop modeste, pour qu'on retranche la moindre chose à leur salaire.

Les frais généraux entrent pour une part presque insignifiante dans le prix de revient. Si cependant il y avait quelque économie à réaliser de ce côté, on ne verrait aucun inconvénient à cette réalisation.

Le minerai ne coûte que main-d'œuvre et transport, il paraît difficile de réduire le travail; mais l'abaissement des tarifs sur les chemins de fer et l'amélioration des chemins peuvent établir une légère différence sur ce chapitre.

La grande dépense, c'est le combustible, charbon de bois et charbon de terre; toute baisse sur les fontes et les fers doit être précédée d'une baisse correspondante sur l'agent principal de la fabrication : le combustible.

L'Etat est le plus grand propriétaire de bois en France. L'Etat vendra ses produits moins cher. Le sol forestier en général devra se décider à faire le même sacrifice. Cependant ce sacrifice pourra être atténué par l'économie à faire sur les moyens de transport.

Quant à la houille, elle coûte principalement par le transport, et si l'abaissement des tarifs sur les chemins de fer et sur les canaux peut réduire dans une notable proportion les prix trop élevés de la houille et du coke, nul doute que les prix de la fonte et des fers n'en soient améliorés.

En somme, le grand avantage des usines anglaises sur les nôtres est que les matières premières, la houille surtout, coûtent relativement trèsbon marché en Angleterre. Nous avons l'intelligence, le capital, la main-d'œuvre; vienne le combustible à bon marché, et nous fabriquerons de manière à pouvoir soutenir la concurrence, moyennant un droit protecteur qui compense la différence que nous payerons en transports.

Ce langage nous rassure sur le sort des usines, mais le sacrifice à faire par le sol forestier nous paraît imminent. Nous rechercherons quelle pourra être, en fin de compte, l'importance de ce sacrifice.

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TABLEAU COMPARE DE L'ENTRÉE A PARIS

DES BOIS, DES COMBUSTIBLES, DES FERS ET DES FONTES.

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(1) Ces 36,039 stères de bois, multipliés par 400 kil., poids du stère de bois dur, représentent 14,415,600 k., dont la puissance calorifique égale celle de 7,207,800 kil. de houille.

(2) Ces 16,403 stères de bois, multipliés par 300 kil., poids du stère de bois blanc, représentent 4,920,900 kil., dont la puissance calorifique égale celle de 2,460,450 kil. de houille.

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TABLEAU COMPARE DE L'ENTRÉE A PARIS

DES BOIS, DES COMBUSTIBLES, DES FERS ET DES FONTES,

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(1) Ces 501,805 stères de bois, multipliés par 400 kil., poids du stère de bois dur, représentent 200,722,400 kíl., dont la puissance calorifique égale celle de 100,361,200 kil. de houille.

(2) Ces 188,040 stères de bois, multipliés par 300 kil., poids du stère de bois blanc, représentent 56,120,000 kil., dont la puissancé calorifique égale celle de 28,206,000 kil. de houille.

REVUE MÉTALLURGIQUE.

Dans notre dernière Revue, tout en signalant la mauvaise situation où se trouvait l'industrie métallurgique au moment où nous écrivions, nous disions que la crise nous paraissait avoir atteint son maximum de gravité, et que le mal ne tarderait pas, sinon à disparaître, du moins à diminuer d'intensité.

Nos prévisions se sont pleinement réalisées, et on nous rendra cette justice, qu'en cette circonstance nous avons été bon prophète. Depuis deux mois, en effet, on n'entend plus parler que de hausse. Chaque semaine, nous lisons dans l'Ancre de Saint-Dizier et dans les autres publications spéciales l'annonce d'une nouvelle augmentation dans le prix des fers et des fontes. Sur tous les points, la demande dépasse l'offre, contrairement à ce qui avait lieu il y a six mois. Du reste, tout nous porte à croire que la période de prospérité dans laquelle est décidément entrée notre industrie sidérurgique se prolongera assez longtemps pour que les maîtres de forges puissent réparer les pertes qu'ils ont éprouvées pendant la crise qu'ils viennent de traverser. On annonce, en effet, que de grands travaux d'utilité publique seront entrepris dans le courant de la campagne prochaine; que dans toutes les grandes villes de l'empire, et à Paris notamment, l'industrie du bâtiment recevra une impulsion plus énergique encore que par le passé, si cela est possible; que les Compagnies de chemins de fer vont enfin se décider, quoique un peu à contre-cœur, il faut bien le dire, à exécuter les travaux nécessaires pour compléter notre réseau de voies ferrées, et qu'enfin on va prendre des mesures destinées à empêcher que l'étranger ne fasse pas sur nos marchés, à nos fers et à nos fontes, une concurrence trop grande. Nous ne saurions done partager, en ce moment, les craintes de ces personnes qui redoutent déjà que le mouvement ne prenne des allures par trop accélérées, et qui commencent à dire qu'il faut de la hausse, mais que pas trop n'en faut.

Nous ne saurions mieux mettre en relief la différence qui existe entre la situation d'il y a six mois et celle d'aujourd'hui, qu'en comparant les prix des principales marchandises qui figuraient dans notre dernière Revue avec ceux auxquels ces mêmes marchandises s'enlèvent aujourd'hui sur nos principaux marchés. Pendant la crise, on avait peine à placer les fontes d'affinage à 125 francs la tonne; aujourd'hui elles trouvent facilement preneur à 140 et 145 francs. C'est une différence de près de 25 francs

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