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binage. Le sol, d'ailleurs, desséché par l'action des vents et du soleil, n'ayant pas été amélioré depuis de longues années par les détritus végétaux, est le plus souvent stérile, et les jeunes plants ne peuvent y prendre qu'un faible accroissement.

Au contraire, dans les terrains nouvellement déboisés, le sol, presque toujours frais et fertile, favorise singulièrement leur végétation.

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Préparation des terrains de pépinière. L'habitude que l'on a dans plusieurs localités de défoncer trop profondément et avec trop de soin les planches à semis est une autre source de dépense. Ainsi, il n'est pas rare de voir de ces planches défoncées jusqu'à 30 centimètres de profondeur, bien qu'elles soient destinées à recevoir des graines de résineux, tandis qu'une défonce de 15 à 16 centimètres suffit largement dans la plupart des cas, même pour les graines d'essences feuillues. Il est bien entendu toutefois que, lorsque l'on veut faire des plants de haute tige, ou même des plants de basse tige, mais destinés à être transplantés dans des endroits secs, on doit défoncer plus profondément que je ne viens de le dire.

Il se trouve parfois, sur l'emplacement choisi pour la pépinière, de grosses souches dont l'extraction serait assez difficile, et par suite, occasionnerait une forte dépense. Dans ce cas, ce qu'il y a de mieux à faire, c'est de ne pas y toucher et de se contenter de défoncer le sol tout autour.

Lorsque l'on veut élever des plants dont le tempérament exige un abri assez fort, des plants de hêtre ou de sapin, par exemple, il y a souvent un avantage réel à établir la pépinière sous bois. Voici, dans ce cas, comment l'on doit procéder.

Après avoir choisi un emplacement convenable, on enlève les feuilles ou la mousse qui recouvre le sol; puis, on pratique dans le peuplement une éclaircie assez forte pour donner un accès suffisant à l'air et aux rayons solaires. Cela fait, on se contente de donner une légère préparation à la houe à la partie de terrain destinée à recevoir les graines. Quant aux planches où seront repiqués les jeunes plants, on peut, la plupart du temps, se dispenser d'y effectuer cette opération.

L'un des principaux avantages que présentent les pépinières établies dans de semblables conditions consiste en ce que la végétation des jeunes plants y est presque toujours en retard de six à huit jours, ce qui permet de prolonger d'autant la durée de la transplantation.

On doit s'attacher tout particulièrement à ce que le terrain de la pépinière soit bien nivelé, de manière qu'il n'y ait pas dans le sol de ces dépressions où l'eau, séjournant plus qu'ailleurs, produit un excès d'humidité contraire à la végétation. Ce nivellement peut souvent s'obtenir par

l'opération même de l'extraction des souches. Il suffit pour cela de faire usage du râteau et de la houe avec une certaine intelligence. Quand il se trouve un exhaussement du sol trop considérable pour le faire disparaître de cette façon, les ouvriers doivent l'attaquer par sa périphérie en se dirigeant vers son point culminant. Réciproquement, quand il s'agit d'une forte dépression du terrain, on doit commencer par le point le plus bas. En résumé, dans toutes ces opérations de nivellement, il faut s'attacher à ce que la couche superficielle du sol soit partout aussi homogène que possible.

Pour s'assurer si le terrain a été bien ou mal nivelé, le moyen le plus simple consiste à s'en éloigner de dix à quinze pas. A cette distance, les moindres inégalités frappent tout de suite le regard.

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Confection des rigoles de semis. Je recommande, pour la confection. des rigoles, l'appareil imaginé par M. Biermans. Cet appareil se compose de deux ou plusieurs plauches disposées parallèlement, et sur lesquelles on a cloué, perpendiculairement à leur direction, un certain nombre de poutrelles en chêne, ayant la largeur et la hauteur que l'on veut donner aux rigoles, et éloignées les unes des autres d'une distance égale à celle qu'il` y a lieu de laisser entre ces rigoles. Sa manœuvre est fort simple. On place un enfant à chacune de ses extrémités. Ces deux enfants le portent à l'endroit convenable, l'y déposent, et sautent sur les planches pour faire enfoncer les poutrelles dans le sol. Cela fait, on replace l'appareil à côté, de manière que la poutrelle de bordure vienne se placer dans la dernière rigole tracée, ou pour mieux dire imprimée dans le sol.

L'appareil de M. Biermans coûte fort peu de chose, épargne beaucoup de travail, et donne des résultats bien meilleurs que tout autre procédé.

Semis et couverture des graines. Je ne saurais trop blâmer l'usage de semer trop épais. Les plants que l'on obtient de semis semblables végètent lentement, et leur tête ainsi que leurs racines ne prennent qu'un faible accroissement. On ne peut compter sur la réussite de pareils plants, et l'on est presque toujours obligé de les repiquer en pépinière, ce que l'on aurait pu éviter quelquefois, s'ils étaient venus dans d'autres conditions.

Dans les pépinières de résineux, on peut se débarrasser des plants superflus en les coupant avec des ciseaux; quant aux plants d'essences feuillues, il est de toute nécessité de les arracher. Dans tous les cas, cette réduction du nombre des plants doit se faire pendant la première année; effectuée plus tard, on n'en obtient plus l'effet désiré.

Quand la semence est répandue, il convient de la recouvrir en prome

nant convenablement les dents du râteau sur les bandes de terre qui séparent les rigoles. Ce moyen est plus économique que celui qui consiste à jeter de la terre à la main sur les graines.

Cette opération terminée, on ne saurait, selon moi, mieux assurer le succès du semis qu'en faisant disposer immédiatement une épaisse couche de mousse sur l'emplacement des rigoles. En procédant ainsi, on empêche le sol de se durcir à la superficie, et, par suite, de mettre obstacle au développement de la plumule. D'un autre côté, la fraîcheur se trouve maintenue partout, à un degré sensiblement égal, de telle sorte que l'on a beaucoup de chances pour que les graines germent et se développent en même temps sur tous les points, ce qui est très-important, et simplifie singulièrement les travaux d'entretien.

Je connais une pépinière dont le terrain s'était recouvert, à la suite des pluies fréquentes qui eurent lieu pendant le printemps de 1855, d'une croûte tellement dure, que la presque totalité des graines ne put germer. On recouvrit les planches, à la fin de juin, d'une couche de mousse, et peu de temps après, la germination se produisit de la manière la plus satisfaisante.

Il faut avoir grand soin d'enlever la mousse au moment où la plumule commence à percer et a besoin d'un peu d'espace, d'air et de soleil pour se développer. Il ne faut pas perdre de vue toutefois, que si l'on procède trop tôt à cette opération, les plants naissants risquent fort de périr sous l'action du vent et des rayons solaires.

On obtient également des résultats très-remarquables en recouvrant de feuilles, de mousse ou de gazon, l'espace existant entre les rigoles. On maintient ainsi la chaleur et l'humidité à un degré plus constant encore que lorsque l'on se contente de recouvrir les rigoles, et, lorsque la couche est suffisamment épaisse, les mauvaises herbes ne peuvent croître. Il y a d'ailleurs tout lieu de croire que ces diverses substances, en fournissant aux racines des éléments nutritifs, les forcent, pour ainsi dire, à tracer davantage, ce qui permet souvent d'éviter un repiquement en pépinière. Je fais placer cette couverture par des ouvriers bien exercés, quelquefois aussitôt après l'apparition des plumules, toujours avant la saison chaude. Il est bon de la compléter de temps en temps, de manière qu'il n'y ait jamais de place à découvert.

On peut employer souvent avec succès les aiguilles d'épicéa, par la raison qu'elles s'opposent mieux que toute autre substance à la croissance des mauvaises herbes. Toutefois, elles sont peu hygroscopiques, et, à ce point de vue, leur emploi dans les terrains secs peut offrir quelque inconvénient. J'ai remarqué aussi que, sur ces sortes de terrains, il ne fallait se servir que de mousse bien fraîche.

Après l'enlèvement de la mousse des rigoles, il convient de recouvrir les planches de rameaux garnis de leurs feuilles. Souvent, on place des branchages sur deux perches disposées horizontalement à cet effet, ou, plus simplement, on les plante autour des planches.

Amélioration du sol des pépinières au moyen d'amendement, engrais, etc. L'amendement des planches à semis est également un moyen d'obtenir des plants à bon marché. Avec 30 décimètres cubes de cendres, on peut faire sur 10 mètres carrés un répandage de 3 millimètres d'épaisseur, ce qui suffit pour accélérer la végétation des jeunes plants, de manière à pouvoir les employer un an plus tôt. On réalise ainsi une notable économie, non-seulement par la diminution des frais d'entretien, mais encore par la réduction de la surface des planches à semis.

On peut aussi employer les engrais à remettre les planches épuisées en état de recevoir de nouveaux plants, ce qui permet d'utiliser des frais de défonce souvent assez élevés.

Dans la plupart des cas, les cendres dont on a besoin peuvent se confectionner à très-peu de frais avec des brindilles, des copeaux, des débris d'écorce, etc. Cette espèce de cendre est bien préférable à celle que l'on obtient avec du gazon, et elle revient moins cher.

J'ai été à même de constater que, de tous les amendements en engrais, il n'y en avait pas de plus onéreux que les composts ayant pour base les mauvaises herbes extraites de la pépinière même. D'abord, leur préparation nécessite beaucoup de main-d'œuvre; en outre, comme ils contiennent peu d'éléments nutritifs, il faut les répandre par couches plus épaisses; enfin, ils donnent naissance à une foule de mauvaises herbes dont l'extraction ne laisse pas que d'être dispendieuse. Ce qu'il y a de certain, c'est que, dans la plupart des cas, il y a avantage à employer du guano de préférence à ces composts, que l'on se donne tant de peine à confectionner. Le guano, en effet, est aussi favorable aux plants forestiers qu'aux céréales. On a aussi recours quelquefois à l'engrais de ferme, lorsque, par exemple, les cendres de bois reviendraient à un prix trop élevé.

Ordinairement, l'on prépare les cendres dans le courant de l'été. Pour les conserver jusqu'au printemps suivant, il faut les mêler avec de la terre, dans la proportion de deux parties de cendres pour trois de terre. On doit veiller à ce que la terre employée ainsi ne renferme pas de semences de mauvaises herbes. Si l'on n'en a pas sous la main remplissant cette condition, il importe d'opérer le mélange quand les cendres sont encore chaudes.

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Il faut, en outre, mettre les cendres en tas de forme conique, que l'on

recouvre de branchages d'épicéa ou de sapin; de cette manière, elles conservent mieux leur propriété fertilisante.

Arrosage des jeunes plants. Les gelées tardives arrêtent souvent les jeunes plants dans leur développement, et les mettent en retard de deux à trois ans. On peut prévenir à peu de frais l'effet de ces gelées, en arro sant, tant qu'elles durent, ces jeunes plants dans la matinée.

Du repiquement en pépinière. L'un des moyens les plus simples d'opérer le repiquement consiste à placer les jeunes plants extraits des planches à semis dans des rigoles ouvertes à la houe. On peut aussi, pour faire ces rigoles, se servir de l'appareil imaginé par M. Biermans, et qui a été décrit plus haut. Seulement, il faut donner aux poutres un peu plus de hauteur et moins de largeur.

Si l'on juge convenable d'employer des engrais ou amendement, tels que cendres, terreau, etc., il faut en remplir la moitié environ de la rigole, après que les plants y ont été placés, puis on achève le remplissage avec de la terre. Cette manière d'opérer offre l'avantage que les racines restent circonscrites dans un étroit espace, et forment par suite empâtement, ce qui dispense de creuser de gros trous pour leur transplantation définitive.

On voit beaucoup de praticiens, excellents d'ailleurs, diviser la parcelle où l'on repique les plants (Pflanzschulen) en planches semblables aux planches à semis, c'est-à-dire séparées par des sentiers plus ou moins larges. Plusieurs auteurs, Pfeil entre autres, recommandent ce procédé dans leurs traités. Il est cependant bien constant que ces sentiers, qui occupent environ le tiers de la totalité du terrain, sont complétement inutiles, puisqu'il y a assez de place entre les lignes de plants pour que les ouvriers puissent y marcher sans les endommager le moins du monde. En les supprimant, on peut donc réaliser encore une notable économie.

Traduit de l'allemand de M. C. Fischbach, agent forestier à Wildbad (Wurtemberg). (Extrait du Journal des Forêts et Chasses.)

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