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pour se soutenir autant que tous nos courtisans ; mais je sais aussi qu'il existe au moins 20 millions de patriotes en France, dont 5 millions sont en état de porter les armes. Je voudrois pouvoir inspirer à tous les patriotes l'imperturbable résolution, non de conquérir l'Angleterre, des conquêtes sont indignes de nous, mais d'y descendre, & forcer les Pitt & les scélérats qui agitent & gouvernent cette nation, à respecter la bonne foi & la loyauté dont se pique l'individu anglois. Si la guerre a lieu, François, il faut développer toutes nos forces, &, sur les rives dela Tamise, forcer l'Anglois à être notre frere.

Il faut saisir, a dit M. Robespierre, l'ensemble des grands événemens qui se préparent: tantôt on vous annonce la sortie des vaisseaux anglois, tantôt on vous demande d'autoriser les commandans de terre & de mer à employer la force armée; on ne nous parle plus que de guerre. Je vois ceux qui ont besoin de la guerre, pour s'opposer à la révolution, tenter toutes les voies pour vous y engager. Je demande que toute proposition à ce sujet soit ajournée, & qu'il soit fixé un jour pour délibérer sur notre situation politique.

Malgré l'état de nos finances & de notre constitution, a ajouté M. Desmeuniers, si l'on nous y force, nous ferons la guerre, & nous la ferons, j'ose le croire, avec le courage & l'énergie d'un peuple nouvellement libre ; mais dans l'état actuel je crois que nous devons passer à l'ordre du jour.

Cet avis a été suivi, & un des secrétaires à lu un mémoire du premier ministre des finances. Il demande pour ce mois-ci un supplément de 35 millions, en observant que dans le mois de juillet

il y a sept millions d'anticipations à payer de plus que dans les autres mois; ajoutez l'augmen tation de solde, le double semestre des rentes. Il finit par observer que la contribution patric tique donne peu de secours actuels, quoiqu'elle s'annonce convenablement ; que Paris ne solde qu'avec ses créances sur l'état; que l'assemblée n'a pas encore statué sur le remplacement de la gabelle & les droits supprimés sur les cuirs, fers, &c.; enfin, le produit du tabac est toujours plus foible.

M. de Beaumets, membré du comité des finances, a ajouté que ce mois-ci commencant un semestre & un trimestre, exigeoit de plus grands fonds pour le paiement des rentes & celuide la liste civile, que, quoique les besoins ne fussent que de 35 millions, M. Necker en demandoit 45, pour avoir toujours un fonds de dix millions d'avance. Il a ensuite proposé, & l'assemblée a adopté le décret suivant:

« L'assemblée nationale, ouï le rapport de son comité des finances, autorise la caisse d'escompte à verser au trésor public 45 millions en billets portant promesse d'assignats, & destinés à en tenir lieu jusqu'à l'émission desdits assignats; décrete en outre que son comité des finances lui rendra un compte détaillé du mémoire spéculatif du premier ministre sur les dépenses des huit derniers mois de l'année , pour ordonner, sur son rapport, la délivrance du resse des 408 millions d'assignats.

M. Desmeuniers a pris la parole & a dit : Vous avez renvoyé à aujourd'hui le projet de décret sur les apprêts de la fédération. Je commence par

vous prévenir qu'il n'est pas question d'en faire porter la dépense au trésor public, mais seulement d'autoriser des commissaires à vérifier les pouvoirs des députés. Il a lu son projet de décret. L'assemblée l'a décrété ainsi :

DÉCRET.

« L'assemblée nationale considérant qu'il est nécessaire d'établir une commission pour vérifier les titres des députés des gardes nationales & autres troupes qui doivent se rendre à Paris ;

Considérant de plus que la municipalité de Paris n'est point organisée, que les circonstances actuelles ont même obligé d'en différer l'organisation; qu'enfin il n'existe aucune administration de département qui puisse, aux termes des décrets autoriser l'exécution des délibérations qui ont été prises, tant par les 120 commissaires nommés par les sections, que par les sections ellesmêmes, relativement à la fédération générale indiquée au 14 de ce mois, a décrété & décrete ce qui suit.

1o. Le maire de Paris & les six commissaires nommés par le conseil de ville, & les six commissaires nommés par les 120 commissaires des sections, donneront les ordres de détail relatif à la fédération.

2o. Les 114 commissaires restans vérifieront & enregistreront les procès-verbaux de nomination des députées qui se présenteront pour être admis au serment de la fédération. Ils se partageront d'ailleurs tous les autres objets de travail auxquels la fédération pourra donner lieu.

3°. Le maire & le commandant général de

la garde nationale de Paris veilleront spécialement à la sureté & à la tranquillité publique. »

ger

Vous avez approuvé, a dit ensuite M. Desmeuniers, la lettre que la municipalité de Paris a écrite à toutes celles du royaume pour les engaà rassembler les gardes nationales le 14 juillet pour prononcer tous, à la même heure, le même serment. Il en fallut rédiger la formule & vous la présenter assz tôt pour qu'elle pût parvenir à tems aux extrémités du royaume. La voici telle que l'assemblée l'a acceptée :

DÉCRET.

<< L'assemblée nationale décrete que les députés des gardes nationales & autres troupes qui viendront à Paris pour la cérémonie de la fédération générale, indiquée au 14 de ce mois, y prêteront le serment qui suit :

<< Nous jurons d'être à jamais fideles à la na¬ tion, à la loi & au roi ;

De maintenir de tout notre pouvoir la constitution décrétée par l'assemblée nationale, & acceptée par le roi;

De protéger, conformément aux loix, la sureté des personnes & des propriétés, la libre circulation des grains & subsistances dans l'intérieur du royaume, la perception des contributions publiques, sous quelques formes qu'elles existent ;

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De demeurer unis à tous les François par les

liens indissolubles de la fraternité

LE HODEY.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, Place du Palais-Royal, au coin de la rue Fromenteau.

Suite de la séance du 4 juillet.

Il est intéressant, a observé M. Barnave, de prévenir l'enthousiasme du patriotisme dans la solemnité qui se prépare. Il circule depuis peu des projets, des idées qui ne sont pas conformes à la constitution. II a proposé en conséquence & l'assemblée a décrété ce qui suit :

DÉCRET.

« L'assemblée nationale décrete que pendant la durée des cérémonies qui doivent avoir lieu le 14 juillet prochain, l'assemblée ne recevra aucune adresse, pétition ai motion, & qu'elle ne prendra aucune délibération hors du lieu de ses séances. >>

M. de Delley a paru à la tribune, & a dit; Vous avez cru que le premier trône du monde méritoit un grand éclat; & vous vous êtes occupés des moyens de le lui conférer; mais vous devez aussi assurer au corps législatif les mêmes. hommages & les mêmes respects. Vous avez chargé des commissaires de vous présenter un. plan à suivre dans les cérémonies publiques. C'est au moment où toutes les parties de l'empire vont se réunir sous vos yeux que vous devez appliquer ce plan.

Vous n'avez pas encore arrêté le mode sous lequel vous correspondrez avec le chef suprême du pouvoir exécutif. Des objets plus importans ont sollicité vos soins; sans doute vous penserez que l'assemblée nationale étant inséparable de Tome XIII. N°. 13. N

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