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des troupes en tems de guerre la presse, institution indigne d'un peuple libre; mais il y aura un certain nombre de troupes dans chaque département destinées à fortifier l'armée de ligne, dans les tems de guerre. Au reste différens rapports seront imprimés, & nous y reviendrons à mesure que l'assemblée s'en occupera.

M. de Noailles a fait le rapport de la partie dont il est chargé, relativement au nombre des troupes, à la dépense nécessaire à l'entretien de l'armée. Il a prouvé, en faisant parcourir en idée les différens points de notre position relative à celle des puissances étrangeres qui nous environnent, qu'il faudroit une armée de 230 mille hommes, si nous nous trouvions attaqués de tous les côtés; mais, a-t-il dit, dans une pareille circonstance, les gardes nationales soutiendroient ce zele & ce feu qui les anime pour la liberté & la patrie.

Dans l'état actuel des choses, le comité ne propose qu'une armée de 204 mille hommes ; 143 mille pour garder nos frontieres, le reste résidera dans les départemens & sera en activité de maniere à pouvoir seconder l'armée en tems de guerre, & à pouvoir continuer chacun ses Occupations & son état en temps de paix.

Le métier de soldat sera, comme il doit l'être, un état ; & ceux qui l'embrasseront, trouveront une honnête subsistance & pendant qu'ils seront en activité, & après avoir fourni la carriere que la constitution exige de ces défenseurs della patrie. Les troupes étrangeres seront admises dans nos armées dans la proportion d'un à huit & demi. Le rapporteur a passé en revue les Suisses, les

Irlandois & les Allemands qui sont à la solde de France. Il a rappelé succinctement les services qu'ils avoient rendus à la France, la conduite des uns & des autres, les batailles au gain desquelles ils avoient contribué.

La solde du soldat & une partie de l'entretien de l'armée fera un objet de 30 millions en statuant sur 150 mille hommes. Il a proposé un projet de décret dont voici la substance :

« L'armée sera composée de 204 mille hommes dont 153 mille en activité & 51 mille sédentaires dans les départemens.

2o. Les troupes étrangeres', en y comprenant les Suisses, seront dans la proportion d'un à huit & demi.

3°. L'armée en tems de guerre sera de 233 mille hommes.

un

4°. La cavalerie sera dans la proportion d'un à sept; l'artillerie & le génie comme est à dix-huit. Ces deux corps seront désormais réunis.

5°. Dans l'infanterie, les officiers dans la proportion d'un à vingt-huit, dans la cavallerie d'un à dix-huit, & dans l'artillerie & le génie dun à vingt.

La séance s'est levée à trois heures.

Séance du soir 13 juillet.

M. Populus a lu le procès-verbal de la séance de ce matin, ensuite plusieurs adresses.

M. Viellard a demandé & obtenu la permission de lire l'adresse de dix-huit membres du clergé de Saint-Lo. L'assemblée en a ordonné

1'impression. Nous n'armerons pas des mains libres contre vos complots sacrileges, disent-ils en s'adressant aux ennemis du bien public, parce que nous abhorrons la discorde & le sang; mais nous les déjouerons ces complots, en faisant connoître au peuple ses vrais intérêts, & en portant le flambeau de la vérité dans vos ames cangrenées & perfides. Nous ne lancerons pas d'anathêmes contre vous; mais nos paroles de paix vous feront verser des larmes de désespoir, en dévoilant la turpide & la scélératesse de vos projets barbares, en demandant pour vous la tranquillité sur une terre que vous voudriez couvrir d'ossemens. Aux bayonnettes des gardes nationales, à la plume des écrivains patriotes, nous unissons notre puissante parole. Quelle force humaine peut-on y opposer?

La députation de la marine & des troupes de mer a été admise à la barre. M. d'Estaing portant la parole a dit: Vous êtes les pilotes de la nation; le vaisseau de l'état abandonné à la fureur des vagues avoit besoin de conducteurs aussi experts pour surgir au port. Dévoués à rapprocher ceux que la nature avoit le plus séparés, nous rendrons votre sagesse communicative; nous serons les porte-voix de la liberté. Cette douce fraternité que vous recommandez, étoit pratiquée d'avance sur nos vaisseaux; nos capitaines se font un plaisir d'y partager les divertissemens de leurs matelots, tandis que l'abord du capitaine anglois repousse son équipage. M. d'Estaing renouvelle le dévouement de l'armée de mer au service de la patrie. Mais non, continue-t-il, vous ne le mettrez pas encore à l'épreuve; vous empêcherez la guerre, c'est plus que de l'avoir faite avec succès.

L'assemblée a ordonné l'impression de cette adresse & a voté des remercimens à l'armée de

mer.

Lettre de M. de Lautrec qui marque qu'il auroit déjà obéi aux ordres de l'assemblée, & seroit arrivé sans l'engorgement actuel des chevaux de la poste.

M. de Broglie a rendu compte, au nom du comité des rapports, de ce qui s'est passé dans le département de Seine-&-Marne. Quelques paroisses des environs de Nemours & Montargis, ont refusé de payer la dime & le champart Elles se sont portées à des excès & ont repoussé la maréchaussée qui avoit voulu rétablir la tranquillité. Pour y mettre ordre, il a proposé un projet de décret; mais l'assemblée s'est déternée pour une autre rédaction offerte par M. Dur pont; & elle a rendu un décret devenu général sur la demande de M. Merlin. Le défaut de place me force à le renvoyer à la prochaine feuille.

A la fin de la séance, la députation des trou. pes de ligne a paru. M. de Rossel, officier de Carabiniers, dans un discours où il s'est laissé aller plutôt aux élans de son cœur qu'à l'art & à l'étude, a exprimé avec énergie les sentimens de l'armée. Il a rappelé les batailles de Fontenoi, de Lawfeld, de Crevelt, & a renvoyé aux braves vétérans qui l'entouroient l'honneur que s'y étoient acquis les armes françoises.

L'assemblée a voté des remerciemens à l'armée de terre. Elle a applaudi singuliérement à ce dise cours & à la réponse du président, & en a or donné l'impression.

La séance a fini sur les dix heures.
LE HODEY.

ASS

ASSEMBLEE NATIONALE

PERMANENT E.

Séance du 15 juillet 1790.

A l'ouverture de la séance, M. le président a montré l'oriflame placée à sa droite & gardée par deux vétérans de l'armée. Plusieurs de ces braves vétérans, instruits qu'après la cérémonie de la fédération, cette banniere avoit été déposée au château de la Muette, l'apporterent hier au soir. à Paris. Ils envoyerent demander à M. de la Fayette où ils devoient la déposer. Le général ne s'étant pas trouvé chez lui, un de ses aides de camp crut qu'ils ne pouvoient mieux faire que de la porter dans la salle de l'assemblée nationale; & elle y est depuis neuf heures du soir. M. le président a lu un procès-verbal qui constate une partie de ces faits. Il s'est élevé ensuite la question de savoir si elle y resteroit, ou si elle seroit remise. au roi. La décision a été renvoyée à l'ordre de deux heures. Seulement l'assemblée a voté des remercimens aux gardiens de ce précieux dépôt & a ordonné l'insertion dans son procès-verbal de celui qui venoit d'être lu.

M. de la Tour du Pin a écrit pour annoncer l'arrivée des officiers municipaux de Schelestatt, & savoir quand l'assemblée voudroit les recevoir, La séance de samedi soir a été indiquée.

M. le président a lu une lettre de M. Necker,
Tome XIII, No. 21.

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