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raison d'avancer que Paris entre pour moitié“ dans les capitaux, & conséquemment dans les intérêts dus, les étrangers pour un tiers, & les provinces de France pour le reste. Il a proposé un projet de décret en 7 articles; mais M. d'André s'est mis à dire : Personne ne s'attendoit qu'on tritât aujourd'hui cette question. Le rapporteur du comité des finances a présenté avec beaucoup d'art & d'adresse des objets de la plus haute importance; mais il a eu le tems de les méditer & de les offrir sous le point de vue qu'il croit favorable ; & c'est justement parce que ce rapport est très-adroit, & qu'il est très-bien fait, que j'en demande l'ajournement. On me dit qu'avec des ajournemens on n'avance à rien; je réponds que le délai de deux jours ne peut pas préjudicier à la chose publique

M. Vernier a soutenu avec bonhommie le rapporteur du comité des finances.

Quand il s'agit de comptabilité, il faut un centre d'où partent l'action & la réaction. De quelque maniere que l'on s'y prenne, il faudra toujours que les bureaux qu'on établiroit en province viennent se fondre pour la vérification & autres opérations dans un bureau unique. Ces bu-. reaux deviendroient donc des rouages inutiles & embarrassans. Pour vous alarmer on vous dit que si tout se paie à Paris, le numéraire de la France s'y concentrera. Vaine illusion. Il en est de cela comme des impositions. Je croyois que les fonds des impôts venoient tous se fondre dans la capitale; quel a été mon étonnement, lorsque j'ai vu qu'il n'y en vient pas la centieme partie. Il a conclu à adopter le plan du comité.

M. d'Allarde a appuyé l'ajournement : il a fait sentir que sous prétexte d'économie le comité vouloit faire prononcer l'assemblée sur la question la plus importante.

La question se réduit à savoir si l'on paiera tout à Paris. Cette question décidée, reste encore à savoir si l'on ne peut pas se passer de payer des

rentes. Plusieurs membres ont sur ce sujet proposé des moyens simples qui feront connoître qu'au lieu de payer comme on a fait jusqu'à present, on peut le faire à jour nommé, & diminuer des trois quarts cette dépense.

On nous présente 40 payeurs des rentes, & il y en a 43. Les trois, dont on ne vous parle pas, sont connus sous le nom de doyens. Leur finance est de 450 mille liv., & ils ne perçoivent que 10 mille livres, tant pour les intérêts de leur finance que pour leur peine. Les autres 40 ont donné 600 mille livres de finance, mais on leur paie 30 mille francs d'intérêt, & en sus 15 mille livres. Ces motifs ont hâté la décision de l'assemblée pour l'ajournement.

On a fait lecture d'une lettre du président de la société des amis de la liberté à Londres, & d'un arrêté dont voici la juste teneur.

Copie d'une lettre de Milord, comte Stanhope, à M. de la Rochefoucauld.

MONSIEUR,

« C'est avec une, satisfaction extrême que j'ai l'honneur de vous informer que nous avons hier au nombre de 652 amis de la liberté, célébré votre glorieuse révolution, & l'établissement & la confirmation de votre constitution libre.

M. Schéridan, qui étoit de notre assemblée,

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a proposé la résolution ci-incluse: elle a été reçue avec des acclamations réitérées, & avec toute la chaleur qui caractérise des hommes indépendans & libres.

Oserois-je vous prier, de la part de cette assemblée respectable, de présenter leurs résolutions à l'assemblée nationale de France. C'est comme leur président du jour, que je vous demande cette grace.

Bientôt nous espérons que les hommes cesseront de se voir sous l'aspect odieux & détestable de tyrans & d'esclaves; mais que suivant votre exemple, ils s'envisageront, comme des égaux, & apprendront à s'aimer comme des hommes libres, des amis & des freres.

J'ai l'honneur d'être, &c. »

STANHOPE.

Anniversaire de la révolution de France célébré à la taverne de la Couronne & de l'Anchre dans le Strand, le 14 juillet 1790, par 652 amis de la liberté, réunis & présidés par le comte de Stanhope.

Il a été unanimement arrêté :

Que cette assemblée se réjouit sincérement de l'établissement & de l'affermissement de la li berté en France, & qu'elle voit avec une satisfaction particuliere, les sentimens d'amitié & de bienveillance que le peuple François paroît avoir conçus pour ce pays, sur-tout dans un tems où il est évidemment de l'intérêt des deux Etats que rien ne trouble l'harmonie qui regne actuellement entr'eux, & qui est si essentielle à la liberté &

au bonheur, non-seulement de ces deux nations, mais même du monde entier. Résolu unanimement,

Que le présent arrêté sera transmis par le président à l'assemblée nationale de France.

STANHOPE.

M. Charles de Lameth a demandé l'impression de la lettre & de l'arrêté, & que le président

écrivit une lettre de satisfaction à cette société.

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M. de Foucault s'est écrié avec sa voix de Stentor: Toute société particuliere ne doit pas être en correspondance avec l'assemblée nationale de France. Je ne crois pas d'ailleurs que nous devions prendre confiance dans les individus d'une nation malheureusement rivale avec la nôtre. Leurs conseils me sont suspects; j'opine à ce que le président n'écrive point:

D'ailleurs, c'est à M. le duc de la Rochefoucault que le président de cette société a écrit.. Au mot. duc l'orateur a été interrompu, mais il a fait voir qu'il avoit de la tête ; il a répété M. le duc de la Rochefoucault. Cette répétition fait connoître l'homme. Il faut lui pardonner. La main de la constitution n'a pas encore cicatrisé les plaies de ces cœurs ulcérés.

C'est au club de 1789, a-t-il continué, à la société de propagance, ou à la société des amis de la constitution, à écrire à celle de Londres. L'assemblée a fait droit sur la motion de M. Charles de Lameth. Cette épisode finie, Mile Brun, son grimoire en main, a reparu à la tribune, & a proposé les suppressions suivantes qui ont été décrétées :

<< La place de contrôleur des bons d'état & de

son adjoint supprimée; celle du directeur des aménagemens des forêts, montant à 15 mille livres, supprimée ; celle du fonctionnaire chargé des minutes du conseil-privé, montant à 3 mille livres, supprimée. Le bureau de correspondance des salines, supprimé. Le traitement du directeur le Roulx-de-la-ville, renvoyé au comité. Les places de greffier de l'hôtel-de-ville pour enregistrement des rentes, celle de secrétaire de la feuille des bénéfices, montant, l'une à 6 mille 400 livres, l'autre à 8 mille, supprimées. Bureau particulier du dépôt relatif à la population, montant à 3 mille 600 livres, supprimé & réuni au bureau d'administration. La place d'inspecteur des pêches, dont M. le Moine retiroit 4 mille livres, supprimée. La dépense de deux mille livres accordée à M. le Gendre pour un travail sur l'Inde, supprimée. La dépense de 12 mille livres pour la chambre de la librairie, à partir de 1791, supprimée; celle de 12 mille livres accordée à l'adininistrateur de Saint-Cyr, supprimée. La dépense accordée au sieur Piépape, montant à 6 mille livres, pour travail sur les frais de justice, supprimée. Dépense de 2 mille 400 livres accordées au caissier du sceau, supprimée.

Parmi toutes ces suppressions, celle relative à M. d'Hémery, chargé de la remise des pensions dans les provinces, a été supendue, sur les observations de M. de Virieu; mais à en croire plusieurs honorables membres, entr'autres M. Martineau, il paroît que cette place a été créée pour M. d'Hémery, & non pour l'avantage des pensionnaire's.

M. Necker a tenu parole, & a envoyé l'état des recettes & dépenses, depuis mai 1789 jus

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